Le deuxième forum de solidarité avec le peuple palestinien a été une occasion pour que les mouvements de résistance renouent entre eux.
« Pas de stabilité sans Jérusalem al-Quds » a été le slogan du deuxième forum de solidarité avec le peuple palestinien, organisé cette année à Beyrouth, et au cours duquel ont participé les représentants de plusieurs factions de résistance. Dont le Hezbollah du Liban, le Hamas, le Jihad islamique, le front de libération de la Palestine, et des représentants de mouvement religieux islamique (sunnites et chiites) et chrétiens. L’ambassadeur de la République islamique d’Iran Fatah Ali était également présent.
Cette rencontre intervient à un moment où se sont multipliées les provocations des israéliens contre la mosquée d’al-Aqsa et l’esplanade des mosquées faisant craindre aux Palestiniens une velléité de s’en emparer pour y édifier le présumé temple de Salomon.
Sans oublier le projet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de faire adopter une loi sur l'Etat national pour les Juifs qui dissimule derrière lui un nouveau transfert des Palestiniens des territoires de 1948 et de 1967.
Pas de jihad sans la Palestine
« Toute action jihadiste qui ne contribue pas à la résistance palestinienne et ne donne pas ses fruits au service du projet de la Palestine n’a rien d’un jihad mais relève du mouvement sioniste, quand bien même elle brandit des slogans islamiques ou chrétiens », a lancé le vice-secrétaire général du Hezbollah cheikh Naïm Kassem dans l’allocution qu’il a prononcée durant la rencontre, en faisant allusion aux mouvements salafistes takfiristes qui sévissent en Syrie en Irak et dans le monde islamique.
« Le terrorisme takfiriste est une fabrication des puissances arrogantes. Il sert les intérêts du sionisme, et Israël ne se trouve pas dans son lexique », a-t-il jugé.
Selon le numéro deux du Hezbollah, la Palestine est la qibla de la résistance et de tous les gens libres. « Sa direction dessine l’objectif original qui est la libération de la Palestine de la mer jusqu’au fleuve, sans renoncer à aucun pouce de son sable, pour permettre le retour de tous ses habitants », a-t-il souligné, assurant que le projet de l’implantation des Palestiniens au Liban est révolu à jamais.
Cheikh Kassem considère que le droit de retour ne peut être discuté à l’écart de la question de la résistance pour la libération de la terre, et « le droit ne peut être restitué que par la force », a-t-il insisté.
Le droit de retour pour mobiliser les générations
Le dirigeant du Hezbollah s’en est violemment pris au système mondial auquel il a incombé la responsabilité de la perte de la Palestine : « s’il nous fallait nous recueillir au système internationale en place, nous allons bien voir qu’il s’est érigé sur l’usurpation des droits et la suprématie des intérêts des Etats arrogants au dépens de ceux des autres. De là, on ne peut compter sur le système mondial pour garantir le retour des Palestiniens à leur terre mais sur la résistance exclusivement. Raison pour laquelle nous devons nous concentrer sur le droit de retour pour mobiliser les générations palestiniennes en faveur de leurs droits. Nous devons réclamer le droit de retour pour rappeler aux Etats et aux peuples l’injustice infligée au peuple palestinien. Le monde entier devrait entendre parler de la Palestine, et voir ce que le sionisme cruel commet ».
Cheikh Kassem a continué : « la Palestine est la mère de tous les problèmes et la mère de toutes les solutions. C’est à partir d’elle que commencent toutes les solutions pour nos problèmes dans la région. Tant que la Palestine est spoliée par Israël, la situation perdura voire s’empirera. Nous devons entreprendre les actions de la résistance dans toutes ses formes pour exploiter toutes les capacités de la nation, a-t-il insisté, mettant l’accent sur « l’unité qui est une nécessite indéniable afin de ne pas disperser les potentialités et les possibilités. Il faut œuvrer pour abattre les obstacles qui entravent le chemin de l’unité. Nous soutenons l’unité entre le Hamas et le Fatah et toutes les factions parce que l’unité est un bien absolu, et la division un mal absolu».
Evoquant l’expérience du Hezbollah, cheikh Kassem a insisté qu’il a bâti ses priorités et son approche sur la lutte contre l’occupation.
« Il en a découlé un ralliement à la résistance et à l’unité, quelque-soit son coût, la confrontation contre le projet de destruction de la Syrie et nous avons réussi à le faire, l’instauration du rôle de leadership de l’imam Khamenei et le rôle de la République islamique d’Iran dans le soutien aux peuples et à leur résistance ».
Pour conclure, il a rappelé que le Liban s’est rétabli grâce à la triple équation de l’armée, le peuple, la résistance. « La meilleure formule pour le Liban a été la concomitance de la résistance avec la reconstruction dans la cadre de l’édification de l’Etat qui respecte les différentes composantes pour faire face à l’ouragan de l’entité sioniste et forger l’intérieur par l’unité et la construction », a-t-il affirmé.
Faire renoncer les Palestiniens au droit de retour
Le dirigeant du Hamas et l’ancien Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyyé a fait partie de ceux qui ont pris la parole durant cette rencontre.
Via écran à partir de la ville de Gaza, il a souligné : « l’interaction avec Gaza durant l’offensive menée contre elle, et qui est intervenue de la part de la résistance et des Etats du refus dans la région est la preuve que la cause palestinienne est la cause de la nation ».
D’après lui, toutes les forces de la résistance se devraient de se serrer les rangs quelque-soient les slogans qu’elles adoptent en vue de servir la cause centrale de la Palestine.
« L’occupation a franchi toutes les lignes rouges et elle planifie pour construire le temple présumé et déplacer nos gens de Jérusalem al-Quds et la vider de ses autochtones », a-t-il déploré insistant sur la « décision palestinienne de ne jamais renoncer à al-Quds et de ne pas permettre à l’occupation israélienne de changer les contenus de nos droits et de nos constantes ».
Haniyyé a dit soupçonner un complot qui vise à faire renoncer aux Palestiniens au droit de retour sous différentes appellations, assurant que « ce droit est irréversible et personne n’a le droit de l’abandonner ».
Evoquant le sort des réfugiés palestiniens au Liban, le dirigeant du Hamas a demandé au gouvernement libanais de leur fournir toutes les conditions de vie décente et sécuritaire et réclamé la reconstruction du camp de Nahr al-Bared au nord du Liban.
Pour conclure, il a rappelé que la solidarité avec le peuple palestinienne nécessite de soutenir la cause d’al-Quds contre l’offensive sioniste « la plus dangereuse depuis son occupation », a-t-il qualifié.
Pas de Printemps sans la Palestine
Parmi les intervenants figure également le secrétaire général de l’Union des Ulémas de la Résistance, cheikh Maher Hammoud , qui a commencé son discours en disant : « sans al-Quds, il n’y aura ni Islam , ni nationalisme, ni avenir, ni prospérité, ni sécurité pour cette nation ».
« Aujourd’hui en Palestine, il y a des gens qui résistent avec un couteau, alors que les palestiniens de la diaspora font tout pour récuser la zizanie et chasser tous ceux qui veulent entrainer les camps vers les dissensions avec leur entourage et les forces de sécurité », a-t-il poursuivi.
En s’adressant aux arabes, il ajoute : « Les habitants d’al-Quds vous appellent et vous demandent de vous réveiller de votre longue torpeur. Lorsqu’ils ont prétendu que c’est un « printemps arabe » nous leur avions répliqué que tant que la Palestine n’est pas le numéro un sur la place de Tahrir et toutes les places, il n’y aura aucun printemps »...
Selon cheikh Hammoud, les Palestiniens sont en train de rectifier le processus avec leur sang et leur patience qu’Israël, malgré son arrogance artificielle et le soutien mondial qu’il jouit n’a pu ébranler ».
Et d’appeler tout le monde à reconnaitre que l’axe de la résistance est celui qui joint Téhéran et Damas en passant par Beyrouth et Gaza. « Il portera en lui à jamais la dignité de la nation et ouvrira grande la porte pour dire que l’avenir se trouve là, ainsi que la dignité et l’unité, à l’insu du grand nombre des vicieux ».
Se réjouir d’un Etat en papier
Parmi les intervenants figure également le membre du bureau politique du mouvement de résistance palestinien « le Jihad islamique », Mohammad al-Hindi. Il a mis en garde qu’Israël voudrait avaler la terre de la Palestine et en évacuer ses habitants autochtones sans aucune considération pour les négociations.
Selon lui, celle-ci n’ont été poursuivies que pour donner une couverture aux opérations de spoliations.
Hindi a déploré que l’Autorité palestinienne menace sans cesse de recourir aux Nations Unies et de suspendre la coopération sécuritaire et se réjouit de toute reconnaissance en papier qui n’a aucune valeur de n’importe quel parlement.
«Elle se réjouit d’un Etat en papier et lui applaudit. Mais de quelles négociations parlent-ils et pour quel Etat ? Serait-ce l’Etat dont ils ont tracé les frontières à Oslo, ou l’Etat dont ils veulent échanger les territoires, ou serait-ce l’Etat qu’ils voudraient édifier sur ce qui reste de la Cisjordanie ?? Où est dons cette illusion et quels pourparlers voudraient-ils ? Chaque jour en retard réduira les chances de la solution de deux Etats et la colonisation dévorera davantage de superficies de la Cisjordanie », a-t-il prévu.
Durant la rencontre, il y a eu un discours du vice-secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine Abou Ahmad Fouad ainsi qu’une intervention via écran de l'archevêque des Grecs-Orthodoxes Monseigneur Atallah Hannah .