Cependant Paris est contre "toute pause dans les opérations" de la coalition.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a réclamé mercredi "une suspension immédiate des hostilités" en Libye afin d'instaurer des couloirs humanitaires pour aider la population, lors d'une intervention devant deux commissions de la Chambre des députés.
"La priorité" est un cessez-le-feu en Libye, mais en attendant, "la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate", a précisé le ministre devant la commission des Affaires étrangères et celle des politiques européennes, à la veille d'un Conseil européen à Bruxelles.
Selon Frattini, un arrêt immédiat des hostilités "permettrait d'éviter ce que le CNT (Conseil national de transition, instance dirigeante de la rébellion) craint, à savoir une consolidation de la partition en deux de la Libye", a-t-il poursuivi.
Il permettrait "surtout l'accès à des localités isolées dans lesquelles la situation humanitaire est dramatique, comme la périphérie de Misrata et Tripoli même".
Se référant aux opérations de l'Otan, Frattini a également réclamé "des informations détaillées" et préconisé des "consignes claires et précises", après les erreurs "dramatiques" qui ont conduit à toucher des civils.
"Ce n'est clairement pas la mission de l'Otan", a ajouté le chef de la diplomatie italienne.
L'Alliance a reconnu avoir tué par erreur des civils lors d'une frappe nocturne à Tripoli dimanche, dans laquelle neuf personnes, dont cinq membres d'une même famille, sont mortes.
Le 16 juin, l'Otan avait également frappé « accidentellement » une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega.
Lundi à Luxembourg, le ministre italien avait déjà déclaré que l'Otan "jouait sa crédibilité" en ne parvenant pas à éviter des pertes civiles.
"Nous ne pouvons pas courir le risque de tuer des civils, c'est quelque chose qui ne va absolument pas", avait-il déclaré en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'UE.
L'Italie, ancienne puissance coloniale et ex-proche alliée de la Libye, apporte sa contribution aux opérations de l'Otan contre ce pays, en prêtant ses bases aériennes aux appareils de la coalition et en mettant à la disposition de l'alliance ses propres chasseurs ainsi que plusieurs navires.
Paris contre "toute pause dans les opérations" de la coalition
Paris est opposé à "toute pause dans les opérations" de la coalition en Libye, comme l'a réclamée l'Italie, estimant que cela "risquerait de permettre à Mouammar Kadhafi de gagner du temps et de se réorganiser", a indiqué mercredi le ministère français des Affaires étrangères.
"La coalition et les pays réunis au groupe de contact d'Abou Dhabi, il y a deux semaines, ont été unanimes sur la stratégie: il faut intensifier la pression sur Kadhafi", a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, réagissant lors d'un point-presse à la demande italienne d'une "suspension des actions armées en Libye" pour permettre d'apporter une
aide humanitaire immédiate à la population.
"La priorité" est un cessez-le-feu en Libye, mais en attendant, "la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate", a souligné le ministre.