24-11-2024 03:08 AM Jerusalem Timing

Les drones ou la guerre non déclarée du président Obama

Les drones ou la guerre non déclarée du président Obama

"Les Américains se sont adjugés le droit de châtier uniquement à leur gré. Cela s’appelle un crime de guerre et un crime contre l’humanité".

L’hebdomadaire allemand Die Zeit a qualifiée dans son commentaire de « guerre non déclarée d’Obama » l’utilisation par le Pentagone de drones de combat pour exterminer ceux que les Etats-Unis rangent parmi les « terroristes ». De telles méthodes de lutte anti-terrorisme causent la mort de milliers de civils innocents.

Le thème a focalisé à nouveau l’attention après la publication par The Guardian britannique des résultats de l’investigation de l’organisation internationale des droits de l’homme « Reprieve » (Sursis) siégeant à Londres. Les investigations avaient pour objectif d’analyser les conséquences de l’utilisation par les militaires américains de drones de combat afin d’éliminer des personnes soupçonnées de terrorisme.

Ainsi, l’hebdomadaire Die Zeit déjà mentionné l’a encore appelé « assassinat sans inculpation ni jugement ». D’après le périodique allemand, cela ne laisse aucune chance de se défendre à des personnes ainsi condamnées. Tout comme n’en ont pas ceux et celles qui sont classés avec indifférence comme « dommages collatéraux ».

Comme l’ont établi les experts de « Reprieve » pour éliminer une personne concrète, les drones étaient, en général, envoyés à plusieurs reprises. Et comme résultat : vers la fin du mois de novembre 2014, 34 terroristes sur 41 ont été exterminés. Et avec eux les frappes aériennes ont tué 1147 civils, dont 150 enfants.

Ces chiffres ne constituent que la partie émergée des dégâts collatéraux de la « guerre des drones » menée par les Américains, remarquent les auteurs de l’investigation. Suivant les calculs approximatifs du centre analytique américain Council on Foreign Relations, au-delà de l’Afghanistan et de l’Irak, les drones américains ont porté quelque 500 frappes, exterminant 3674 personnes.

On se demande si toutes ces personnes étaient vraiment des terroristes ? Neues Deutschland a cité il y a quelques jours des données du Bureau of Investigative Journalism, siégeant à Londres. Selon elles, sur 2500 suspects tués, seuls 12 % peuvent être considérés comme extrémistes, et seulement 4 % comme membres d’Al-Qaïda. D’après le témoignage d’un des collaborateurs de ce Bureau, le principe de l’identification par les militaires des victimes des frappes de drones était simple – si le tué portait une barbe et de longs cheveux, c’était un combattant ou extrémiste. Sous cette description, dans le même Afghanistan, tomberait toute la population masculine.

D’ailleurs, après la signature par Washington et Kaboul du traité sur la sécurité, donnant le feu vert à une nouvelle mission de l’OTAN dans l’Hindou Kouch, Barack Obama a signé, comme on l’apprend, un décret secret qui ne limite pas le contingent militaire restant en Afghanistan à la seule formation et consultation des militaires locaux. Les soldats américains participeront aux opérations contre Al-Qaïda, les Taliban et d’autres groupes radicaux. La Maison Blanche a de même pris la décision d’appuyer les troupes afghanes par l’aviation et les drones de combat. L’expert militaire Viktor Litovkine, qui dirige la rédaction des informations militaires de l’agence TASS, considère indispensable de soumettre la pratique de l’usage de drones de combat à un règlement juridique international.

« Les Américains se sont adjugés le droit de châtier uniquement à leur gré. Cela s’appelle un crime de guerre et un crime contre l’humanité. Je pense que l’ONU et le Conseil de Sécurité doivent dénoncer ces pratiques américaines et prendre des mesures appropriées. Certains des membres des Nations Unies tentent de soulever cette question, or les satellites américains ne cessent de torpiller l’adoption d’une telle décision. »

Comme l’a constaté The Guardian, M. Obama n’a pas tenu sa promesse de restreindre l’utilisation des drones de combat et de lever le voile du secret sur eux. L’information donnée à ce sujet par la Maison Blanche contient plus d’interrogations que de réponses. D’ailleurs, existent-elles ?

 

La Voix de la Russie