Selon cette étude, le Hezbollah aura un rôle central dans cette guerre probable, qui n’exclura pas non plus la Syrie et le Hamas.
Quelle forme prendra une guerre contre l’Iran ? Telle fut la question posée par l’ancien directeur de l’agence des renseignements au ministère américain à la défense CIA, Jeffrey White, dans un long rapport publié dans le périodique « The Americain Interest » pour le numéro de Juillet-Aout 2011.
Dans ce rapport, White a prévu que le Hezbollah aura un rôle central dans cette guerre probable, qui n’exclura pas non plus la Syrie.
Selon lui, les dirigeants américains sont d’accord sur deux points : l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires est « rejetable », et ils préfèrent réaliser les résultats escomptés sans recourir à la force ».
Toutefois, la polémique s’envenime lorsqu’on affirme que le recours à la force, comme l’imposition de sanctions ou le recours au sabotage technique, est infructueux.
Crainte américaine des armes iraniennes et d’une guerre contre l’Iran !
« On peut considérer qu’il y a deux positions distinctes sur ce point aux Etats-Unis : le premier camp craint l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires, alors que le deuxième redoute les répercussions de la guerre. Le premier camp tend à minimiser les risques du recours à la force, alors que le deuxième camp exagère en parlant de ces risques ».
Loin de ces deux camps, le chercheur à « l’institut de Washington pour les politiques au Proche-Orient » indique dans son rapport que « les guerres provoquent souvent des conséquences imprévues, et qu’ «une guerre contre l’Iran est plus difficile à analyser que d’autres guerres ».
Selon White, « une attaque conduite par Washington ne sera que la première étape de la guerre, ou l’acte d’ouverture d’un long drame, avec des scènes incontrôlables », ajoutant : « Vu que c’est le cadre politique qui génère une intervention militaire, il est très probable qu’une petite attaque se transforme en un test de force qui comprendrait non seulement l’Iran et les Etats-Unis, mais aussi leurs alliés et partenaires ».
Une intervention américaine dépend de plusieurs facteurs :
« Trois concepts régissent les débats sur une intervention militaire américaine contre l’Iran : la complication, dans le sens du nombre de pions se déplaçant sur une surface déterminée, le mystère, dans le sens de la méconnaissance des facteurs de causalité et des liens qui les régissent. Par exemple, il se peut que l’administration américaine ne soit au courant ni de la situation technique du programme nucléaire iranien, ni de l’état de vigilance des forces iraniennes, ni des moyens de riposte militaire ou populaire iranienne à une quelconque attaque, ni de ce que l’Iran va demander à ses alliés, ni de ce que les alliés de l’Iran feront sur le terrain.
Quant au troisième concept, c’est celui de la guerre.
« Ces concepts sont en étroite corrélation. Les multiples parties impliquées dans la question iranienne empêcheront le discernement clair de la situation dès que le combat commence, et la scène restera brouillée tant que la guerre se poursuit, donc, il s’agit d’une complication pour une assez longue durée.
« Une fois la guerre éclatée, elle ne se limitera pas au terrain, mais elle englobera quatre domaines : militaire, diplomatique, économique et social, et quatre niveaux : politique, stratégique, pratique et tactique.
La forme et les visées d’une guerre contre l’Iran :
« Le cadre dans lequel la guerre sera déclenchée est à son tour important. Est-ce que cette guerre éclatera dans le sillage d’un long processus diplomatique ou en l’absence d’un tel processus ? Les Etats-Unis mobiliseront-ils toute une « coalition » en leur faveur ou bien mèneront-ils seuls la guerre ? Les Américains seront-ils prêts pour les conséquences de l’après-guerre, à l’instar de l’inflation du prix du pétrole ?
« Une telle guerre aura trois visées : 1- elle pourrait reporter le programme nucléaire iranien à travers la destruction des sites et du capital humain,
2- conduire à la fin de ce programme à travers la destruction de la plus grande surface des sites, de l’infrastructure de l’armée et de la direction iraniennes,
3- changer le régime tout entier ».
« Le premier objectif stipule que cette guerre sera sous forme d’une courte attaque bien déterminée qui visera les sites nucléaires, et qui se basera sur les systèmes de la guerre électronique, aérienne et maritime, alors que le deuxième objectif nécessite une campagne aérienne et maritime plus longue.
Quant au troisième objectif, il stipule une attaque militaire plus globale qui vise les sites nucléaires, des cibles de la direction iranienne, de l’infrastructure, et les capacités de riposte iranienne.
Dans ce scénario, le choix d’une attaque terrestre n’est pas écarté, et on ne peut mettre de côté les risques de la fermeture du détroit d’Hermez.
Le rôle majeur du Hezbollah dans une guerre pareille :
Selon lui, « les dirigeants iraniens pourront se livrer en fin de compte ou accepteront une trêve, mais ils ne peuvent pas imposer une telle résolution sur les dirigeants du Hezbollah ou d’autres groupes ».
« Et là se pose une autre question : Ca sera la guerre de qui ? »
L’ancien directeur de la CIA avance que la guerre ne se limitera pas aux Etats-Unis et à l’Iran, mais qu’elle impliquera aussi leurs alliés.
« La coalition occidentale sera formée de Washington et de ses alliés traditionnels, dont la Turquie, « mais c’est peu probable vu le changement de la politique turque », de certains pays du Golfe, de la Jordanie, et peut-être de l’Egypte, « selon la voie de sa révolution ».
« L’administration américaine ne voudrait pas de participation israélienne dans cette guerre, mais elle ne pourra pas très probablement épargner Israël si ce dernier subit des attaques ».
White a également estimé que « la diplomatie iranienne allait user de cette participation israélienne jusqu’au dernier souffle ».
« L’Iran a aussi ses alliances. Le Hezbollah en premier lieu, qui pourra attaquer directement Israël et utilisera ses capacités militaires non traditionnelles pour élargir la zone de la guerre et déstabiliser la coalition occidentale ».
« De même, l’escalade entre Israël et le Hezbollah pourrait entrainer la Syrie et le Hamas à prendre part à cette guerre pour couvrir tout le Moyen-Orient et peut être ailleurs ».
Les capacités militaires du Hezbollah, facteur de force pour l’Iran :
Et de poursuivre : « Le Hezbollah peut attaquer maintenant tout Israël. Ses roquettes sont à haute précision et peuvent atteindre les sites importants. Il peut tirer entre 500 et 600 roquettes par jour. De plus, le Hezbollah est capable de mener des opérations spéciales contre des cibles militaires ou civiles ou contre l’infrastructure hors du cadre de la guerre. S’il parvient à se doter du système de missiles anti-navire Yakhont, il pourra frapper des cibles à 300 km de la côte libanaise ».
Par ailleurs, l’ancien directeur de la CIA évoquent d’autres atouts de force en faveur de l’Iran, à savoir « les chiites à Bahreïn et en Arabie Saoudite, en tant que source utile d’opérations terroristes et non traditionnelles ».
Les Etats-Unis pas à l’abri du danger :
Et de conclure qu’ « au moment où le danger guette l’Iran à ses frontières, nous ne sommes pas à l’abri de ce danger où qu’il soit, parce que les missiles iraniens sont capables d’atteindre des cibles dans les différentes régions du Proche-Orient, surtout les bases militaires américaines.
L’Iran possède de multiples moyens pour faire une guerre régionale qui regroupe ses alliés ».
Selon lui, si les Etats-Unis décident de frapper l’Iran, ils doivent sans aucun doute s’apprêter à une guerre acharnée.
De plus, les dirigeants américains ne doivent pas minimiser la portée de cette guerre ni se tromper dans l’analyse de sa nature. Il ne faut pas négliger ces revendications, surtout face à notre politique dans nos guerres en Irak et en Afghanistan », a-t-il conclu.