Une trentaine de personnes arrêtées. "Ferguson est partout", "la vie des Noirs compte", scandaient les manifestants.
Des manifestations ont eu lieu mercredi soir dans plusieurs quartiers de New York, et une trentaine de personnes ont été arrêtées, après la décision d'un grand jury de ne pas inculper un policier blanc impliqué dans la mort d'un père de famille noir.
Cette décision est intervenue dix jours après une décision similaire à Ferguson (Missouri) qui avait suscité des émeutes, et de très importantes forces de police avaient été déployées à New York pour éviter tout incident.
Plusieurs cortèges ont convergé vers Broadway et Times Square, où quelque 5.000 personnes étaient rassemblées en fin de soirée, selon le Washington Post.
Des conducteurs bloqués par les manifestations klaxonnaient en signe de soutien, selon le journal.
Les manifestants scandaient "Pas de justice, pas de paix", un slogan de ralliement des manifestations de Ferguson, oun portaient des panneaux "Ferguson est partout", "la brutalité de la police et les meurtres doivent s'arrêter", ou encore "la vie des Noirs compte".
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés près du Rockefeller Center et certains ont été arrêtés alors qu'ils essayaient de s'asseoir sur la chaussée, a constaté l'AFP.
D'autres, par dizaines ou par centaines, ont afflué à Times Square, Union Square, Columbus Circle, Harlem, d'autres encore à Staten Island, l'arrondissement de New York où est décédé Eric Garner, 43 ans, lors d'une interpellation musclée le 17 juillet.
La police a procédé à au moins 30 arrestations, a indiqué Bill Bratton, le chef de la police de New York.
De petites manifestations se sont tenues dans le calme à Washington.
Eric Garner, un père de six enfants soupçonné de vente illégale de cigarettes, avait été plaqué au sol par plusieurs policiers blancs, après avoir refusé d'être arrêté.
Dans une vidéo amateur, on voit un de ces policiers, Daniel Pantaleo, le prendre par le cou pour le jeter à terre, une pratique pourtant interdite au sein de la police new-yorkaise. "Je ne peux pas respirer", se plaint à plusieurs reprises Garner, obèse et asthmatique, avant de perdre connaissance.
Il avait été déclaré mort peu après, et le médecin légiste avait conclu à un homicide.
Le président Obama a rapidement réagi, en termes généraux, après la décision du grand jury de ne pas inculper Daniel Pantaleo, affirmant que "trop souvent, les personnes ne pensent pas que les gens sont traités de manière
équitable. Dans certains cas, cela peut-être une incompréhension, mais c'est parfois la réalité".
"Nous n'arrêterons pas avant de voir un renforcement de la confiance et de la responsabilité qui existe entre nos communautés et notre police", a aussi déclaré le président américain.
Enquête fédérale
Le policier ne sera donc pas poursuivi au niveau local, mais le ministre de la Justice Eric Holder a annoncé mercredi soir une enquête fédérale sur une éventuelle violation des droits civiques d'Eric Garner, dont la mère n'a pas caché sa colère après la décision du grand jury.
"Comme pouvons-nous avoir confiance dans notre système judiciaire quand ils nous déçoivent à ce point ?", a déclaré Gwenn Carr lors d'une conférence de presse.
"C'est un jour très émouvant, très douloureux pour la ville", a déclaré le maire de New York, Bill de Blasio, qui a estimé qu'il fallait "trouver une façon d'aller de l'avant".
Sur un ton plus personnel, M. de Blasio, dont l'épouse est noire, a même expliqué qu'il avait évoqué avec son fils métis pendant des années "les dangers qu'il pourrait rencontrer" lors d'interactions avec la police.
Il a cependant appelé les manifestants à protester "de manière pacifique", et les a incités à "travailler pour que ça change".
Le grand jury, 23 citoyens américains qui avaient commencé à se réunir en septembre, "a trouvé qu'il n'y avait pas de cause raisonnable de voter pour une inculpation" de Daniel Pantaleo "après délibération sur les éléments de l'enquête qui lui a été présentée", avait auparavant expliqué le procureur de Staten Island Daniel Donovan.
Daniel Pantaleo, 29 ans, a, lui, expliqué dans un communiqué qu'il "n'a(vait) jamais l'intention de faire du mal à qui que ce soit. Je me sens très mal par rapport à la mort de M. Garner (...) et j'espère que (sa famille) acceptera mes condoléances personnelles pour leur perte".
Mais l'épouse de la victime a rejeté ce geste, affirmant que M. Pantaleo "aurait dû avoir des remords lorsque mon mari criait pour pouvoir respirer".