23-11-2024 12:30 PM Jerusalem Timing

Chine/Russie : L’Amérique a déjà perdu la bataille

Chine/Russie : L’Amérique a déjà perdu la bataille

La Russie et la Chine ont fait beaucoup de progrès au niveau du traçage d’une nouvelle carte d’un monde débarrassé de l’hégémonie américaine

Il semble que le dénouement des conflits en cours au Moyen-Orient et sur les frontières de la Russie dépende dorénavant de la situation qui aura lieu à l'Est et au Sud-ouest asiatique et de l'orientation de la politique chinoise. Mais tout particulièrement de la perception par la Chine des griffes qui se cachent sous les doux gants américains.


Ce qui, le plus, a attiré l'attention des observateurs dans les deux sommets de Pékin pour le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), et de Brisbane pour le Groupe des Vingt (G20), est l'effort effréné déployé par les Etats-Unis en vue d'augmenter la pression sur la Russie, d'une part, et d'insister sur la communauté espérée des intérêts de la Chine et de l'Occident, d'autre part.
Mais cette entreprise visant, à rompre l'alliance russo-chinoise dans l'espoir d'affronter chacune de ces deux puissances après les avoir séparées l'une de l'autre ne semble pas assez intelligente et capable d'aboutir.

Obama, des triomphes illusoires

Le président américain peut se vanter du torrent de défis et d'«insultes» qu'il a lancé lui et ses alliés à Brisbane au président russe Vladimir Poutine auxquels ce dernier n'a répliqué qu'avec un silence presque absolu tout en quittant le sommet avant la clôture de ses travaux. Mais il est certain qu'Obama ne pouvait qu'être fortement anxieux devant ce que Poutine avait signifié en affirmant que les sanctions imposées sur la Russie par les pays occidentaux ne feront qu'approfondir la crise des alliés européens des Etats-Unis et, tout particulièrement, du gouvernement de Kiev.

Il peut se vanter également des dizaines d'accords qu'il a signés avec le président chinois  Xi Jinping dans les secteurs du commerce, de l'armement, de la santé  et de la lutte contre le terrorisme. Pourtant, cela ne fera que fragiliser ses positions dans la mesure où, d'après tous les observateurs, tous ces accords sont plus avantageux pour la Chine que pour les Etats-Unis et leurs alliés.

Il est indéniable que la signature de quelques accords commerciaux avec la Chine peuvent, s'ils sont avantageux pour les Etats-Unis, consolider les positions d'Obama après le contrôle par les Républicains des deux chambres du Congrès.

Mais cela ne changera en rien la réalité que représente le passage, ces dernières années, du centre de gravité mondial vers l'Extrême-Orient et tout particulièrement vers la Chine. Ce passage constitue en effet une grande percée sur le plan de l'unification de la plus grande partie de l'Eurasie -allant des côtes du Pacifique à l'est jusqu'à l'Europe centrale à l'ouest- sous les deux bannières de la Chine et de la Russie.
De plus, une telle évolution ouvre de véritables opportunités pour la poursuite de cette avancée vers les côtes de l'Atlantique dans les conditions de l'isolement accru des Etats-Unis et une Europe occidentale écrasée sous des crises multiformes et acculée de s'adapter avec les nouvelles donnes stratégiques.

Parmi ces nouvelles donnes, on signale que la Russie, la Chine et les autres pays du BRICS qui se contentent actuellement de revendiquer un monde multipolaire qui réduit considérablement l'hégémonie des Etats-Unis en tant que pôle unique, ont fait des progrès qui suscitent la peur de l'Occident du moment où ils ont décidé de remplacer par d'autres monnaies le dollar utilisé depuis des décennies comme monnaie unique dans les transactions mondiales qui ont permis aux Etats-Unis de vivre aux dépens des peuples du monde.

Vers un monde nouveau

Cela veut dire que le pouvoir du dollar, de l'Euro et des monnaies annexes ne s'exercera plus sur 60 pour cent du marché mondial, et que la Banque mondiale et le Fond monétaire créés dernièrement par les pays du BRICS sont en mesure de supplanter la Banque mondiale et le Fond monétaire international qui, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale ont détruit les économies des pays du Tiers-monde et plongé ces pays dans de gigantesques dettes qui bloquent toute possibilité de véritable développement.

Dans le même contexte, et au moment où la Russie marque des points au niveau de l'usage du gaz comme moyen de fonder des relations amicales avec l'Europe occidentale, points que la Chine ne manque pas de marquer de son côté en consolidant sa coopération même avec des alliés des Etats-Unis comme le Japon et la Corée du Sud, les efforts se dirigent actuellement vers un projet d'une zone de libre-échange réunissant la plupart des pays de l'APEC, ce qui  réduira considérablement les capacités du projet américain concernant les deux rives de l'Atlantique, projet qui, de plus, ne jouit pas de l'appui d'une grande partie de la rue en Europe occidentale.

De son côté, la nouvelle «Route de soie» qui, à travers deux routes, une terrestre et une autre maritime, reliera la Chine à l'Europe en passant par la Russie et les autres pays du Traité de Shanghai, est d'une importance politique qui dépasse son importance économique dans la mesure où elle constitue un levier de stabilité en Asie centrale et au Moyen-Orient, tous les deux visés par les plans de subversion américains.

Toutes ces évolutions signifient que la Russie et la Chine ont fait  beaucoup de progrès au niveau du traçage  d'une nouvelle carte d'un monde débarrassé de l'hégémonie américaine.

D'où, en recentrant 60 pour cent de leurs forces aériennes et navales en Asie-Pacifique, les Etats-Unis ne font que brandir inutilement la menace guerrière dans une tentative de changer les rapports des forces économiques et politiques qui penchent au profit des forces anti-impérialistes.

 

Akil Hussein
Source: french.alahednews