Les autorités égyptiennes sont engagées dans une implacable répression contre toute forme de dissidence.
Un célèbre militant de la révolte ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir en 2011 a été condamné mardi en Egypte à trois ans de prison pour avoir, selon le juge, insulté le pouvoir judiciaire lors de son procès pour participation à des violences.
Ahmed Douma purge déjà une peine de trois ans de prison dans une autre affaire.
Au cours de l'audience de mardi, le tribunal l'a condamné pour insulte à l'autorité judiciaire, juste après que M. Douma eut dénoncé la politisation de son procès.
"Je veux que les juges se récusent car ils ont transformé une affaire criminelle en une affaire politique", a affirmé le militant devant la cour mardi, selon son avocat Sameh Samir.
Me Samir a expliqué à l'AFP que les avocats de la défense avaient cessé de représenter M. Douma depuis les dernières audiences, après que le juge Mohamed Nagy Chehata eut déféré cinq membres de l'équipe devant le Parquet.
Il a dit avoir assisté à l'audience de mardi en tant qu'observateur et n'avoir pas défendu M. Douma, également figure de proue du mouvement de protestation contre le successeur de M. Moubarak, l'islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013.
M. Chehata a rendu plusieurs verdicts sévères ces derniers mois, alors que les autorités égyptiennes sont engagées dans une implacable répression contre toute forme de dissidence, islamiste comme laïque, depuis l'éviction de M. Morsi.
Début décembre, il a condamné à mort 188 personnes pour le meurtre de 13 policiers dans un village proche du Caire le 14 août 2013, jour où les forces de sécurité dispersaient des sit-in pro-Morsi en faisant plusieurs centaines de morts.
Le juge Chehata a également dirigé le procès de trois journalistes d'Al-Jazeera qui ont été condamnés en juin à des peines allant de 7 à 10 ans de prison.
Ce procès avait suscité l'émoi à l'étranger et des questions sur la liberté de presse en Egypte.
Mardi, M. Douma faisait partie d'un groupe de 269 personnes accusées d'avoir participé en décembre 2011 à des heurts violents entre manifestants et forces de sécurité près de l'emblématique place Tahrir du Caire, épicentre de la révolte anti-Moubarak.
Comme deux autres figures de la révolte de 2011, Ahmed Maher et Mohamed Adel, il purge une peine de trois ans de prison pour avoir violé une loi controversée limitant le droit de manifester.
Le président Abdel Fattah al-Sissi, artisan de la destitution de M. Morsi lorsqu'il était chef de l'armée, est régulièrement accusé par des défenseurs des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime encore plus autoritaire que celui de M. Moubarak.