L’UE et la Commission Européenne ont tout simplement fait un sacré cadeau à la Turquie qui peut désormais contrôler la vanne gazière.
Après la fermeture sensationnelle du projet South Stream, l’Europe essaie de convaincre la Turquie de garder ses distances avec la Russie. Bruxelles est désemparé mais fait bonne mine au mauvais jeu.
La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini s’est rendue à Ankara en visite de deux jours pour discuter avec les dirigeants turcs plusieurs questions importantes. La discussion doit porter pour la forme sur l’état d’avancement des négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’UE commencées en 2005 et la coopération bilatérale. Mais, officieusement, Bruxelles voudrait obtenir d’Ankara le soutien maximal de sa position dans les relations avec la Russie sans espérer pour autant que la Turquie se joindra aux sanctions européennes.
La déclaration sensationnelle sur la fermeture du projet, a été faite par le président Vladimir Poutine à l’issue des négociations au sommet russo-turc.
A son tour, le PDG de Gazprom Alexei Miller en a rejeté la responsabilité sur l’UE en supposant que le blocage de South Stream par l’UE n’a fait que renforcer le rôle géopolitique d’Ankara :
« L’UE et la Commission Européenne ont tout simplement fait un sacré cadeau à la Turquie qui peut désormais contrôler la vanne gazière. Elle devient ainsi un important pays transitaire par laquelle débiteront annuellement plus de 50 milliards et son statut géopolitique régional s’en trouvera accru ».
C’est aux fonctionnaires de Bruxelles que les pays européens adressent désormais leurs griefs. Selon certaines informations, la Commission Européenne devra confirmer que l’intensification des travaux de construction de l’infrastructure gazière européenne deviendra une de ses priorités pour 5 années à venir. Ces gazoducs devront relier les pays de l’Europe du Sud à ceux de l’Europe Centrale et de l’Ouest pour former un marché gazier unique et assurer le pompage du gaz dans les différentes directions, en fonctions des besoins des différentes régions.
Écoutez le commentaire de Roman Tkatchouk, analyste du groupe d’investissement « Nord-Capital » :
« La construction du gazoduc en direction de Turquie est une alternative aux livraisons de gaz vers l’Europe via l’Ukraine. D’importantes quantités de gaz sont déjà livrées en Allemagne par le gazoduc North Stream mais il ne suffit pas pour renoncer entièrement au transit par l’Ukraine. En cas de construction d’un gazoduc transitant par la Turquie, le long différend gazier sera clos. Le tube aboutira à la frontière turco-grecque et les européens seront obligés d’y mettre en place les infrastructures nécessaires dont le coût est très élevé ».
La question controversée du financement de ces projets reste toujours en suspens. De plus, Bruxelles refuse de rembourser aux participants européens de South Stream les pertes financières associées au dérapage du projet. Tout cela aurait pu être évité si, au lieu de raisonner en termes de leurs ambitions politiques, les bureaucrates de Bruxelles pensaient aussi au droit fondamental des millions d’européens à une vie digne.
Voix de la Russie