Des combats fratricides s’annoncent dans la province d’Idleb et dans le Qalamoune, où Daesh somme les autres groupuscules de prêter allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi
Une attaque de la milice takfiriste Daesh (Etat Islamique) contre l’aéroport de Deir Ezzor, tenu par l’armée syrienne s’est une nouvelle fois soldée par un revers.
La quatrième en 11 jours, elle a été déclenchée à l’aube de vendredi, après l’explosion d’un char piégé conduit par un suicidaire libyen (Abou al-Faraouk al-Liby. Photo à droite) aux confins de la localité d’al-Jafrat dans le but d’ouvrir une brèche vers l’est de l’aéroport.
Mais elle a été repoussée bien loin de la localité et selon al-Hadath News, citant des sources syriennes, le char conduit par le kamikaze libyen a été détruit avant qu’il n’arrive à destination, via un missile à chaleur tiré par l’armée syrienne.
Les avions militaires ont également pris part au combat et il est question de plusieurs dizaines de tués dans les rangs des assaillants.
Mais les combats sont des plus violents dans tous les axes de l’aéroport.
Alep : escalade, reddition et refus de l’initiative de Di Mistura
Les Aleppins ont vécu une nuit particulièrement violente en raison de l’escalade menée par les miliciens de l’opposition armée retranchés dans le quartier de Bani Zeid.
Selon al-Hadath News, les quartiers résidentiels se trouvant aux confins de Bani Seid, dont Achrafiyyeh, Rue du Nil et rue Tichrine, ont fait l’objet d’une quarantaine de projectiles, faisant 5 martyrs parmi la population et 40 blessés.
Pour leur part, les forces régulières ont bombardé les positions des miliciens à Cheikh Saïd, au sud d’Alep, causant des tués et des blessés dans leurs rangs.
Une source militaire a confié pour le journal libanais al-Akhbar que l’armée est en train d’opérer une avancée vers les blocs résidentiels de l’entrée nord d’Alep et impose un blocus aux régions contrôlées par les milices et vidées de leurs habitants.
Une source du « Comité de réconciliation nationale d’Alep » a indiqué que tous les groupuscules armés des quartiers Halak et Haydariyyeh proches des zones de combat ont décidé de renoncer de participer aux combats. Exprimant leur volonté de profiter de la réconciliation et affichant leur soutien au plan de Di Mistura elles disent « vouloir jouer un rôle de garant de la sécurité des quartiers pour empêcher les extrémistes de les utiliser pour combattre les troupes régulières », rapporte al-Akhbar.
Cette position intervient au moment où le chef du Conseil militaire révolutionnaire d’Alep, Zaher al-Saket dont le siège se trouve dans la ville turque de Ghazi Antab a rejeté la proposition de l’émissaire de l’ONU, d’arrêt les combats, la qualifiant de « tentative de sauver Assad ». Selon lui, sa milice le front Islamique détient tous les moyens pour continuer le combat jusqu’à la dernière goutte de sang.
Dans la région des deux localités Noubbol et Zahra où l’attaque des milices a été un fiasco, il est question selon al-Akhbar de 350 miliciens qui ont opéré leur retrait, ainsi que les membres de leurs familles, en direction de la province nord et de la Turquie.
Dans le quartier Boustane al-Kacer, ligne de démarcation entre les quartiers de l’ouest d’Alep toujours entre les mains des forces loyalistes (et qui compte plus de 6 millions d’habitants) et ses quartiers est (300 mille habitants), un des dirigeants de la milice Hazem, soutenue par les Occidentaux a été grièvement blessé dans l’explosion d’une voiture piégée.
Idleb : Hazem et Ahrar-alCham contre le Nosra
Justement, il se trouve que la milice Hazem est elle aussi au cœur du conflit fratricide qui se profile de plus en plus dans la province du gouvernorat d’Idleb.
Elle aussi est à couteaux tirés avec la milice d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra laquelle est déjà en animosité contre les Ahrar al-Cham, malgré les affinités idéologiques qui les unissaient.
Ces derniers jours, Nosra et Hazem se sont livrés à des arrestations de part et d’autre.
Il s’agit là aussi d’un conflit de pouvoir dans ce gouvernorat, que le Nosra compte annexer entièrement pour y fonder son émirat. Ce conflit s’est déclaré depuis qu’il en avait délogé la milice du Front des révolutionnaires de Syrie (dirigée par l’officier déserteur Jamal Maarouf).
Dans ce contexte de lutte fratricide, 30 soldats de l’armée régulière sont parvenus à s’évader d’une prison tenue par un tribunal religieux dans la localité d’al-Dana dans la province nord d’Idleb.
Qalamoune : ultimatum de Daesh
Le Qalamoune aussi se trouve au bord d’une guerre fratricide. En effet, la milice takfiriste Daesh a adressé un ultimatum de 48 heures à tous les groupuscules armés qui combattent dans cette région, les sommant de prêter allégeance à son chef Abou Bakr al-Baghdadi. Faute de quoi, elle lancera une énorme campagne pour les éliminer.
Selon des sources de l’opposition syrienne, cet ultimatum a été prononcé par les juges que Daesh a dépêchés dans la région. Elle compte le proclamer comme « état du califat dans un délai de 54 jours ».
Un site de l’opposition « Koullouna Chouraka » (Tous des partenaires) a assuré qu’il règne un consensus au sein des milices du Qalamoune de rejeter cette allégeance et que le Nosra s’est aligné à leur position, malgré les bonne relations qu’il entretient avec Daesh dans cette région.
Mais cette dernière a d’ores et déjà attiré vers elle les petites milices qui souffraient de manque en approvisionnement et en financement, dont celle qui combattaient dans les rangs de l’ASL dans la région de Qousseir dans le gouvernorat de Homs.
Justement, il est question dans ce gouvernorat que la brigade Ossoud al-Cham (Les lions du Levant) qui est l'une des milices les plus importantes dans la ville de Talbisseh et qui a rejoint les rangs de Daesh.
Sur le terrain à Damas, révèle site "Tahtel-Mijhar", les forces regulières ont détruit le siège des milice dans la ville de Jobar, dans la Ghouta orientale, tuant et blessant ses membres. Alors que dans le camp de Yarmouf, le front al-Nosra a exécuté deux civils au motif qu'ils ont "insulté l'Etre divine".