L’Allemagne accueille cette année un nombre record de demandeurs d’asile depuis plus de vingt ans.
Le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, a jugé lundi dans une interview que les manifestations anti-islam qui ont gagné en ampleur ces dernières semaines étaient "une honte pour l'Allemagne".
"C'est une honte pour l'Allemagne que les manifestations (anti-islam) se tiennent aux dépends des réfugiés qui ont justement tout perdu et nous demandent de l'aide", a souligné le ministre social-démocrate dans la Süddeutsche Zeitung.
Une manifestation pour réclamer un durcissement du droit d'asile était prévue ce lundi soir à Dresde (est). Une contre-manifestation était également organisée.
Lundi dernier, 10.000 personnes avaient déjà défilé dans les rues de cette ville de l'ex-RDA à l'initiative d'un groupe baptisé "Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident" (Pegida).
Le défilé avait rassemblé à la fois des sympathisants d'extrême droite mais aussi des Allemands voulant exprimer le ras-le-bol qu'ils ressentent face à l'afflux de demandeurs d'asile.
Des rassemblements de moindre ampleur avaient également eu lieu dans d'autres villes d'Allemagne.
"Nous avons besoin d'une large contre-alliance de l'ensemble de la société civile et de tous les partis politiques" pour lutter contre ce mouvement populiste, selon M. Maas.
"Personne en Allemagne ne doit avoir peur d'une soi-disant islamisation", a-t-il ajouté, précisant que "la majorité des réfugiés syriens" qui arrivent en Allemagne après avoir fui le conflit qui ravage leur pays "ne sont pas des musulmans mais des chrétiens".
"Nous devons dire clairement: les réfugiés sont la bienvenue chez nous, quelle que soit leur religion ou leur couleur de peau", a-t-il encore martelé.
Principale destination de l'immigration en Europe, l'Allemagne accueille cette année un nombre record de demandeurs d'asile depuis plus de vingt ans, à environ 200.000, soit 60% de plus qu'en 2013. Ils devraient être encore plus nombreux l'an prochain.
La vague populiste est notamment portée par le parti anti-euro Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui a effectué une entrée remarquée dans des parlements régionaux cet automne et tient un discours anti-immigration.
La chancelière a également condamné ces défilés, affirmant qu'il n'y a pas de place en Allemagne pour l'islamophobie et l'antisémitisme.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, près de Nuremberg (sud), trois bâtiments vides destinés à accueillir des réfugiés ont été endommagés par un incendie, vraisemblablement criminel, d'après la police. Des inscriptions racistes et des dessins de croix gammées ont été retrouvés sur place.