Après ses critiques pour les arrestations massives visant les médias opposés à son régime
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris lundi à l'Union européenne, qui avait critiqué les arrestations massives en Turquie visant les médias opposés à son régime, demandant aux Européens de "se mêler de leurs affaires".
"L'Union européenne ne peut pas interférer dans des mesures prises... dans le cadre légal, contre des éléments qui menacent notre sécurité nationale" a déclaré Erdogan dans un discours retransmis à la télévision, dans la ville d'Izmir (ouest).
"Ils n'ont qu'à se mêler de leurs affaires", a-t-il ajouté, dans sa première intervention depuis les arrestations de dimanche.
La chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini et Johannes Hahn, commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, ont dénoncé dimanche les opérations de la police turque, les qualifiant de contraires aux "valeurs européennes" et "incompatibles avec la liberté de la presse".
Ces propos inhabituellement durs interviennent après leur visite en Turquie la semaine dernière, visant à "renforcer" les liens jugés "d'importance stratégique" avec ce pays, qui négocie son adhésion depuis 2005.
M. Erdogan a mis en garde les deux responsables européens contre toute pression exercée contre les juges, les procureurs et la police turcs.
"Je me demande si ceux qui maintiennent ce pays aux portes de l'UE depuis 50 ans savent ce que représentent ces mesures?", a-t-il demandé, en allusion aux arrestations.
"Des éléments qui menacent notre sécurité nationale vont recevoir la réponse appropriée, quand bien même ils font partie de la presse", a-t-il ajouté.
"Quand nous prenons de telles mesures, ce que pourrait dire l'UE, ou qu'elle nous accepte ou pas, nous est parfaitement égal. "On s'en fiche... gardez vos idées pour vous" a ajouté le président combatif.
Les arrestations de dimanche visaient principalement le quotidien Zaman et une télévision proche du prédicateur islamiste Fethullah Gulen, en exil aux Etats-Unis, ancien allié d'Erdogan devenu son pire ennemi.
La police a arrêté dimanche 27 personnes à Istanbul et dans plusieurs villes de Turquie, essentiellement des journalistes, dont Ekrem Dumanli, le rédacteur en chef de Zaman, l'un des grands quotidiens en Turquie, proche du prédicateur islamiste Fethullah Gülen.