Sans confirmation du Mexique, il est important de prendre les déclarations attribuées à Boroujerdi avec scepticisme...
En tout cas, c’est d’après Alaeddin Boroujerdi, l’influent président du Comité parlementaire de la politique étrangère et de la sécurité nationale de l’Iran qui a récemment conduit une délégation de parlementaires iraniens pour un voyage de 4 jours au Mexique.
Le voyage, qui aurait été le premier en son genre depuis la Révolution islamique de 1979, s’est fait à l’invitation de Gabriela Cuevas Barrón , chef du Comité des relations étrangères du Sénat mexicain, qui s’est rendu en Iran à deux reprises cette année .
Le résultat le plus concret du voyage a été la signature d’un mémorandum d’accord de promotion des relations économiques, culturelles et politiques plus étroites entre l’Iran et le Mexique. Les deux parties ont également convenu d’élargir leur coopération dans le secteur pétrolier.
À son retour, cependant, Boroujerdi a également déclaré que les autorités mexicaines avaient exprimé leur intérêt pour l’achat de drones de l’Iran à utiliser dans sa guerre contre les cartels de la drogue.
« Lors de ma récente visite au Mexique, ils ont annoncé qu’ [ils] voulaient des drones iraniens, » a dit Boroujerdi, cité par Fars News Agency, un média proche des Gardiens de la Révolution, selon le monitoring de BBC et Trend News Agency, un journal privé basé en Azerbaïdjan sortant régulièrement des reportages de l’actualité iranienne en langue Farsi.
Le journal iranien de langue anglaise qui a rapporté la visite n’a pas fait mention de drones. Une revue de quelques journaux de langue espagnole a trouvé quelques articles faisant référence à des drones, mais ceux-ci ont aussi cité l’article de Fars News Agency comme source.
Sans confirmation du Mexique, il est important de prendre les déclarations attribuées à Boroujerdi avec scepticisme, d’autant plus que le parlementaire a également dit que les « deux parties ont souligné que les Américains ont joué le plus grand rôle dans la création de groupes Takfiri [les groupes terroristes extrémistes comme EIIL ]. «
Pourtant, le fait que certains officiels mexicains – notamment un membre du Sénat- ait exprimé son intérêt pour les drones iraniens n’est pas aussi bizarre que cela peut paraître au premier abord. Le Mexique a longtemps lutté pour extirper les puissants cartels de la drogue du pays et les drones sont devenus de plus en plus une partie intégrante de sa stratégie de lutte contre les narcotrafiquants. En fait, selon certaines sources, « le marché mexicain des drones a augmenté sept fois de 2013 à 2014. »
L’intérêt du Mexique dans l’utilisation de drones pour combattre les cartels de la drogue est bien antérieur à 2013. Bien avant déjà, le Mexique avait secrètement accepté d’autoriser les Etats-Unis à opérer des surveillances de drones non armés dans l’espace aérien mexicain en vue de recueillir des renseignements sur les cartels, à condition que le renseignement soit transmis aux autorités mexicaines. Cet accord est finalement devenu public déclenchant une certaine indignation au Mexique où il y a des inquiétudes permanentes au sujet des violations des USA de sa souveraineté.
Bien que cette pratique continue, le Mexique a également cherché à accroître ses propres capacités de drones au cours des dernières années. En 2009, par exemple, les Forces aériennes mexicaines ont secrètement acheté 450 drones de surveillance Hermes de fabrication israélienne utilisés pour repérer les trafiquants de drogue dans les parties difficiles d’accès du Mexique. Les drones Hermes, qui sont populaires au sein des pays d’Amérique latine, ont une altitude maximale de 18 000 pieds et peuvent voler jusqu’à 20 heures. La police mexicaine fonctionne également avec 300 aérostats Skystar et de petits drones de surveillance israéliens Orbiter.
En plus des drones de fabrication israélienne, il y a un marché naissant de drones de fabrication locale au Mexique. La marine mexicaine a été la première institution du pays à produire un drone, mais d’autres, dont les sociétés comme Hydra Technologies et SOS Global– l’ont fait au cours des dernières années. Pourtant, les capacités de drones locaux du Mexique restent limitées.
Limitrophe du centre mondial de l’opium, et stratégiquement situé sur le marché de consommation de drogue, l’Iran—comme le Mexique– a aussi longtemps lutté contre le trafic de stupéfiants.
Sources : The National Interest ; Traduit par Réseau International