Une vente qui "interfère dans les affaires intérieures de la Chine, sape la souveraineté chinoise et ses intérêts sécuritaires"
La Chine a indiqué vendredi s'être plainte formellement auprès des Etats-Unis d'une vente de frégates américaines à Taïwan, et a appelé Washington à cesser ses livraisons militaires à l'île - dont Pékin revendique la souveraineté.
Le Congrès américain avait adopté un texte de loi autorisant le président Barack Obama à donner son feu vert pour le transfert à Taipei de quatre frégates lance-missiles de classe "Perry".
Or, selon Central News Agency, un média d'Etat chinois, Barack Obama a donné jeudi son approbation définitive à l'opération, suscitant l'ire de Pékin.
"La Chine est profondément mécontente, et s'y oppose avec fermeté. Nous avons transmis nos protestations solennelles aux Etats-Unis, à la fois à Pékin et à Washington, et nous nous réservons le droit d'entreprendre des actions supplémentaires", a réagi Qin Gang, un porte-parole de la diplomatie chinoise.
"La question de Taïwan relève des intérêts fondamentaux de la Chine. Il s'agit du problème le plus sensible au sein des relations sino-américaines", a-t-il poursuivi, à l'occasion d'un point presse régulier.
Cette vente de navires militaires à Taïwan "interfère dans les affaires intérieures de la Chine, sape la souveraineté chinoise et ses intérêts sécuritaires", a ajouté M. Qin.
Washington reconnaît Pékin comme seul gouvernement légitime de la Chine, mais le Congrès américain défend farouchement, par la voie légale, la livraison d'équipements militaires défensifs à Taipei.
Dotée de son propre gouvernement, l'île est de facto indépendante de la Chine populaire depuis 1949, mais Pékin considère Taïwan comme lui appartenant et n'exclut par un éventuel usage de la force pour la rattacher au continent.
"Nous demandons aux Etats-Unis (...) d'interrompre leurs échanges officiels et militaires avec Taïwan, de cesser leurs ventes d'armes, et d'adopter un comportement plus à même de favoriser les relations bilatérales" sino-américaines, a insisté Qin Gang.
A l'inverse, le gouvernement taïwanais s'est félicité de la décision américaine: le ministère de la Défense a fait part de "sa sincère gratitude pour le gouvernement américain et le Congrès".
Il a précisé avoir achevé les procédures liées à l'achat des frégates, et que le budget correspondant serait "débloqué l'an prochain".
Depuis l'arrivée au pouvoir du président taïwanais Ma Ying-jeou en 2008, les relations entre les deux rives du détroit de Formose se sont quelque peu réchauffées, mais ce rapprochement reste précaire.
Une bonne partie de l'opinion publique taïwanaise s'inquiète de l'influence continentale grandissante sur l'île, et un projet d'accord de libre-échange avec la Chine y avait provoqué de vastes manifestations en mars dernier.