A quoi bon l’Europe se punit elle-même ?
Problème d’investissements et situation dans les pays situés à l’est de l’Europe : voici deux principaux points de l’ordre du jour annoncé dans une lettre d’invitation adressée par le président du Conseil européen Donald Tusk aux chefs d’Etat et de gouvernement la veille d’un sommet européen de deux jours qui s’ouvre le 18 décembre à Bruxelles.
En ce qui concerne le deuxième point, il s’agira probablement de l’Ukraine et de la Russie. La discussion relative aux rapports avec Moscou prendra la forme de « réflexions stratégiques », selon M. Tusk.
Dans le contexte de globalisation de l’économie mondiale les problèmes de la Russie ne peuvent pas ne pas se répercuter sur la situation dans d’autres pays, en premier lieu, pays d’Europe. Selon le journal économique allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten, les exportations allemandes vers la Russie diminueront de 20% en 2015 à cause des sanctions antirusses et de l’effondrement du rouble. L’industrie automobile où les entreprises proposent déjà aux salariés de passer au temps partiel et licencient les travailleurs, sera la plus touchée.
Même si l’on croit aux certains experts occidentaux affirmant que les sanctions constituent la principale cause de l’effondrement du rouble, on ne peut pas s’empêcher de s’interroger : à quoi bon l’Europe se punit elle-même ? Tout un nombre de grands groupes devront essuyer les pertes, selon le même journal. Parmi ceux-ci on retrouve des compagnies telles que BP ayant 20% de participation au géant pétrolier russe Rosneft, ou Royal Dutch Shell possédant d’importantes parts dans des projets pétro-gaziers russes, ou encore le français Danone avec ses 24 usines implantées sur le territoire russe et employant 13 000 personnes.
On peut y ajouter les activités de longue date visant à saboter de fait le projet South Stream dont l’abandon fait perdre à l’Europe 2,5 milliards de dollars. On peut y ajouter un « appel au secours » que Kiev lance à l’attention de l’UE en implorant que des injections financières soient faites en urgence, parce que le gouvernement n’a pas d’argent pour soutenir les combats que l’armée ukrainienne livre à son propre peuple le financement quotidien devant s’élever à 5 millions d’euros. Vladislav Belov, responsable du département des pays et des régions de l’Institut de l’Europe, porte une appréciation assez sévère sur les relations entre l’UE et la Russie.
« Nos relations sont gelées dans leur intégrité, les sanctions continuent, il y a le statu quo qui est pour l’instant maintenu. La balance ne penchera ni de l’une, ni de l’autre côté. L’Europe estime que l’effondrement du rouble est la conséquence des sanctions bien qu’il s’agit de notre problème interne. Aujourd’hui les Européens se trouvent tout simplement dans un état d’autosatisfaction et de narcissisme. Ces problèmes peuvent éventuellement se répercuter sur l’approche des sanctions mais cela ne sera pas pour bientôt ».
Le Conseil européen a préparé une bonne nouvelle aux participants du sommet, écrit le journal autrichien Wiener Zeitung. Un principe sera désormais privilégié, celui qui dit que « les gens doivent aller se coucher à temps et bien se reposer ». Jusqu’ici les réunions se terminaient souvent tard dans la nuit voire le lendemain matin. Ce nouveau principe sera-t-il respecté dans les conditions où l’on devra « réfléchir » sur les problèmes de l’Europe à proximité d’un volcan politique que représentent les crises et les bouleversements actuels sur le continent ? On ne sait jamais.
La Voix de la Russie