Le président sortant a reconnu que l’élection présidentielle avait été "libre" mais qu’elle avait été entachée de "beaucoup de violations".
Le président tunisien sortant Moncef Marzouki a annoncé mardi la création d'un mouvement visant à empêcher le retour de "la dictature" après la victoire à la présidentielle de Béji Caïd Essebsi, qu'il accuse d'être un représentant de l'ancien régime.
"J'annonce ici, de ce lieu, que nous lançons le mouvement du peuple de citoyens", a lancé M. Marzouki du balcon de son QG de campagne devant une foule de partisans, sans dire si ce mouvement prendrait la forme d'un parti.
"Nous sommes de nouveau à un carrefour", a dit M. Marzouki, quatre ans après la révolution qui a renversé la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.
"La nécessité de former ce mouvement, le mouvement du peuple de citoyens, (vise) d'abord à empêcher le retour de la dictature parce qu'il y a malheureusement parmi ces gens des extrémistes qui veulent ramener la Tunisie au passé, et cela peut constituer un danger pour la stabilité du pays", a-t-il affirmé.
M. Marzouki est arrivé derrière M. Caïd Essebsi au second tour de dimanche.
Pendant toute sa campagne, le président sortant s'est posé en défenseur des libertés et en garant de la révolution, face à un ex-Premier ministre qui a servi sous les régimes autoritaires du premier président tunisien Habib Bouguiba et de Ben Ali.
"Ni l'argent sale ni les médias biaisés ne peuvent changer le cours de l'histoire", a martelé M. Marzouki, tandis que ses partisans scandaient: "Le peuple veut une nouvelle révolution".
"Partout, organisez-vous de manière pacifique, de manière démocratique pour être la force qui repousse la dictature (...), qui lui fait peur et l'empêche de tenter de s'infiltrer et de revenir par la fenêtre alors que nous l'avons faite sortir par la porte", a-t-il ajouté.
"Je demande à tous les démocrates dont la cause est la défense des libertés, des droits et de la dignité, et non de l'aspect superficiel qu'ils appellent modernisme, qui est lié aux apparences et à la haine de l'identité arabo-musulmane", de s'unir au mouvement, a lancé M. Marzouki.
Le président sortant a reconnu que l'élection présidentielle avait été "libre" mais qu'elle avait été entachée de "beaucoup de violations".
M. Marzouki a malgré tout appelé au calme et insisté sur la préservation de "l'unité nationale" et la "paix sociale".