L’armée poursuit son déploiement dans les villages limitrophes de la Turquie.Alors que le Croissant rouge syrien s’est porté garant du retour des réfugiés.
Plusieurs manifestations ont été organisées ce samedi dans plusieurs villes syriennes, en l’occurrence à Damas et sa banlieue, et à Deir Ez-Zor.
Selon l’agence syrienne Sana, des dizaines de milliers d'habitants se sont rassemblées à la place de Bab Touma, scandant des slogans en faveur des réformes et hostile aux ingérences étrangères dans les affaires intérieures de la Syrie.
A Douma dans la banlieue de Damas, Les manifestants scandaient des slogans pour l'unité nationale, les réformes engagées sous la direction du président Bachar al-Assad, et hostiles aux tentatives d'attiser la sédition et la discorde dans la société syrienne.
L'armée investit al-Najia
L'armée syrienne appuyée par des chars et des transports de troupes est entrée samedi dans le village d’al-Najia, proche de la ville de Jisr al-Choughour (nord-ouest), a indiqué à l'AFP le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel Rahmane.
Selon l’agence officielle Sana, l’armée a été accueillie par les fleurs de la part des habitants, et le déploiement s'était fait sans le moindre tir de feu et sans pertes humaines ou matérielles.
Le croissant rouge syrien se porte garant du retour des réfugiés
Par ailleurs, le Croissant-Rouge syrien s’est porté garant de la sécurité des réfugiés syriens en Turquie en cas où ils décident de retourner au pays, a rapporté samedi l'agence de presse turque Anatolie.
"Au nom du Croissant-Rouge, nous garantissons que le gouvernement syrien ne leur demandera pas des comptes et qu'ils ne seront l'objet d'aucune décision des forces de sécurité", a affirmé à Damas ce responsable, Abdurrahman Attar, à des journalistes turcs.
"Avec l'amnistie de grande ampleur qui a été déclarée, ils ne seront pas interrogés", a-t-il dit.
Mardi dernier, le président syrien Bachar al-Assad a signé un "décret accordant une amnistie générale pour les crimes commis avant le 20 juin".
Il avait déjà ordonné une amnistie générale le 31 mai pour tous les prisonniers politiques, dont les Frères musulmans. Des centaines de personnes avaient été libérées, selon les organisations de défense des droits de l'homme.
M. Attar a ajouté qu'il attendait l'autorisation des autorités turques de visiter les camps de réfugiés.
"J'ai demandé au Croissant-Rouge turc de visiter les camps de toile en Turquie... La raison de cette visite est que je voudrais parler à ceux qui veulent rentrer en Syrie, sans qu'il subissent une quelconque oppression".
"J'espère que le Croissant-Rouge turc fait ce qu'il faut pour que les gens rentrent", a-t-il ajouté.
Il a affirmé qu'il a été informé du fait que des groupes armés en Syrie empêchent les réfugiés de rentrer chez eux, et que le gouvernement a pris des mesures pour assurer leur sécurité.
Selon l’AFP, l’entrée des troupes syriennes jeudi dernier appuyées par des blindés dans la zone frontalière avec la Turquie a provoqué le départ vers ce pays de plus de 1.500 personnes.
Le nombre total de réfugiés syriens fuyant la répression dans leur pays avait ainsi atteint 11.739 vendredi en Turquie.
Attaque contre une délégation
Durant la tournée du Croissant rouge, rapporte Sana, une délégation populaire dirigée par l’imam de la mosquée de Malamand, cheikh Adnane Othmane et qui escortait le Croissant rouge syrien a été agressé à coups de pierres par des hommes armés qui contrôlent un des camps de réfugiés syriens à la frontière turque.
« Nous avons reçu des coups de téléphone de la part de certains réfugiés qui nous demandaient de leur venir en aide pour qu’ils rentrent à Jisr –el-Choghour » a-t-il expliqué.
« Lorsque nous sommes descendus de la voiture, le maire et moi, avons fait l’objet de jets de pierres venant de toutes parts. Certains ont décidé de partir mais quelques jeunes et moi avons insisté pour poursuivre notre mission, mais les jets de pierres se sont poursuivis avec intensité, et j’ai été blessé à l’œil. Par la suite j’ai entendu des coups de feu je ne sais d’où », a-t-il ajouté.
Cheikh Othmane a assuré qu’il s’est rendu vers ce camp à la demande de certaines femmes qui se plaignaient que des hommes armés les terrorisent et les mettent en garde de retourner chez eux, et leur font peur de l’armée syrienne.
« Pourtant l’armée est entrée dans notre village très respectablement sans porter atteinte à quiconque », a affirmé le dignitaire religieux.
7 tués vendredi selon Sana
Concernant la journée de vendredi, les autorités syriennes ont fait état de la mort de 7 personnes, « des civils et des agents de sécurité » et qui selon elles sont tombées, par balles tirées par des éléments armés qui ont profité des rassemblements des citoyens après la prière du vendredi.
Les correspondants de SANA à Damas et dans sa banlieue ont rapporté que des rassemblements regroupant des dizaines ou des centaines ont eu lieu dans plusieurs quartiers comme Barzé al-Balad, al-Qaboun, al-Meidane, al-Qadam, al-Keswé, Qatana, Al-Hajar al-Aswad.
Profitant de ces regroupements de citoyens, des éléments armés ont tiré des balles réelles sur les agents de sécurité à al-Qadam, ce qui a fait un martyr "un officier", à al-Qadam. Ils ont aussi tiré sur les forces de l'ordre à Barzé ce qui fait 3 martyrs, tous des civils innocents, qui étaient de passage, alors qu'un autre officier des forces de l'ordre a été blessé.
Le même scénario s'est reproduit à al-Keswé, où des éléments armés ont tiré sur une patrouille du maintien de l'ordre dont certains agents ont été blessés.
A Homs, rapporte l’agence Sana, un citoyen a été blessé par balles dans le quartier de Qseir, lorsque des éléments armés ont ouvert le feu contre une patrouille de la police et des civils.
Alors qu’un autre groupe armé s'est emparé d'une ambulance, avec à son bord des blessés civils, pour y transporter des blessés. Selon des correspondants, le véhicule a pris la direction des frontières libanaises.
Sachant qu’à Homs, les correspondants de Sana ont rapporté que plusieurs rassemblements dans les quartiers de Souk al-Hachich, à al-Qarabis, et à al-Khaldieh, et durant lesquelles des éléments armés ont agressé des citoyens et des agents de sécurité à proximité du carrefour du « 8 mars », blessant deux personnes. A al-Bayada, des accrochages ont eus lieu entre les agents de sécurité et les éléments armés, alors que des locaux de commerce ont été saccagés à Bab-Sibaa.
Sana a recensé des manifestations à Hassaké, à Deir Ez-Zor, à la sortie des mosquées, ainsi que dans plusieurs localités d’Idleb, et qui se sont dispersées dans le calme.
Sur un autre plan, l’agence syrienne a fait part d’actes de sabotage dans le complexe de services gouvernementaux à Barzé, où deux véhicules de pompiers, des voitures de particuliers et des commerces ont été saccagés par des groupes armés.
Selon des témoignages des habitants de ce quartier, rapportés par la TV syrienne ce soir, des bandes encagoulées sont venues dans le quartier pour s'emparer du complexe après avoir coupé la route. Elles se sont données à des actes de vandalisme et de destruction dans les bureaux administratifs de la municipalité et des parcs de voitures et des pompiers.
Des aveux télévisés de 3 terroristes
Dans la nuit de vendredi à samedi, la télévision syrienne a diffusé les aveux de trois des membres de groupes terroristes armés qui ont reconnu avoir tué et terrorisé des syriens à Jisr al-Choughour et d’avoir attaqué des postes de sécurité, tué leurs éléments et mutilé leurs dépouilles. Avant de voler les armes qui s'y trouvaint et de mettre le feu dans les biens publics.
Selon l’un d’entre eux, Qoteiba Daaboul, les membres de deux familles habitants à Jisr al-Choughour, (al-Kis et al-Masri) ont distribué des armes aux gens, les incitant à ouvrir le feu contre les éléments des forces de sécurité.
Daaboul a aussi révélé avoir reçu la somme de 25 mille livres syriennes, l’équivalent de 50 dollars de la part d’une personne pour participer aux manifestations.
Son compagnon et cousin, Anas Daaboul, également membre d’un groupe armé a souligné quant à lui que le nombre de personnes armées à Jisr al-Choughour, lors de l’attaque armée contre le poste de sécurité, était 700 personnes armées.