Son avocat a présenté jeudi une requête au tribunal pour obtenir sa libération.
Un lycéen de 16 ans a été arrêté et inculpé à Konya, ville du centre de la Turquie, pour "insulte au président" Recep Tayyip Erdogan, une mesure qui a provoqué la controverse, ont rapporté jeudi les médias turcs.
Le mineur, membre d'un mouvement de gauche et présenté comme le veut la loi par ses seules initiales M.E.A, est accusé par la justice d'avoir "insulté" l'homme fort de Turquie mercredi lors d'une cérémonie à la mémoire d'un jeune instituteur laïc tué par des islamistes en 1930, précise la chaîne d'information CNN-Türk.
Lors d'un discours prononcé à cette occasion dans un square public de cette ville, le jeune homme s'est est pris à Erdogan et à son régime, l'accusant notamment de "corruption", précise le journal Hürriyet.
Interpellé par la police à son école et présenté dans la soirée devant un juge, le mineur a rejeté les accusations mais a été néanmoins inculpé et écroué. Il risque jusqu'à quatre ans de prison.
Son avocat a présenté jeudi après-midi une requête au tribunal pour obtenir sa libération, ajoute l'agence de presse Dogan.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu, interrogé par la presse au sujet de cette affaire qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, a défendu la décision de la justice. "Tout le monde doit faire preuve de respect à l'égard
de la fonction de président", a-t-il répondu aux journalistes.
Riza Türmen, député de l'opposition et ex-juge de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a vivement dénoncé cette arrestation qui selon lui va à l'encontre de la convention des droits de l'enfant de l'Onu.
"Les régimes qui s'emparent d'enfants dans des classes d'écoles et les jettent en prison sont des régimes tachistes", a-t-il martelé sur son compte Twitter. Le gouvernement turc, dirigé de 2003 à août 2014 par Erdogan ensuite élu président, a été visé lors de l'été 2013 par une contestation populaire inédite pour sa "dérive autoritaire" et "islamiste".
Un vaste scandale de corruption a fait trembler ensuite le pouvoir à l'hiver 2013-2014, une affaire qui a été par la suite classée par la justice.
Erdogan accuse son ex-allié, devenu son ennemi numéro 1, l'imam en exil Fetullah Gülen, d'avoir orchestré ce scandale pour le renverser.