Signe de l’impact de la dégringolade des prix sur le royaume qui tire du pétrole jusqu’à 90% de ses revenus, le roi Abdallah a appelé son gouvernement à "rationaliser les dépenses" et ...
L'Arabie saoudite, premier pays exportateur mondial de pétrole, a pris en compte la dégringolade des cours du brut en
prévoyant jeudi un déficit important pour son budget 2015, tout en continuant à augmenter ses dépenses.
Le déficit de 38,6 milliards de dollars attendu pour l'an prochain est le plus important jamais prévu par le royaume saoudien, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Il est aussi le premier depuis 2011.
Au cours d'une réunion extraordinaire, le gouvernement s'est entendu sur un budget basé sur des dépenses de 860 milliards de riyals (229,3 milliards USD) et des revenus de 715 milliards de riyals (190,7 milliards USD).
Les dépenses sont en légère hausse par rapport aux 855 milliards de riyals prévus dans le budget cette année, tandis que les recettes s'affichent en baisse de 140 milliards de riyals (37,3 milliards USD) par rapport aux prévisions de 2014, précise un communiqué.
Ce recul est lié à la chute des cours du pétrole, qui ont perdu environ la moitié de leur valeur depuis la mi-juin sur fond de surabondance de l'offre, de ralentissement de la demande mondiale sur le pétrole et de dollar fort.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi a répété cette semaine que l'Opep n'allait pas réduire sa production même si les prix du brut tombent à 20 dollars le baril.
"Que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, il n'est pas pertinent" de réduire l'offre, a-t-il ajouté en réitérant son intransigeance à défendre la part de marché de son pays face notamment à l'essor du pétrole de schiste américain.
Signe de l'impact de la dégringolade des prix sur le royaume qui tire du pétrole jusqu'à 90% de ses revenus, le roi Abdallah a appelé son gouvernement à "rationaliser les dépenses" et recommandé "une mise en oeuvre précise et efficace du budget".
"Vous être conscients de la faible croissance de l'économie mondiale et des développements sur le marché du pétrole qui ont conduit à cette forte baisse des prix du brut", a ajouté le souverain à l'adresse de ses ministres.
Prédisant une nouvelle année "difficile", l'analyste saoudien Abdelwahab Abou-Dahesh a estimé que "le déficit réel sera d'environ 200 milliards de riyals car les revenus réels devraient être inférieurs aux estimations".
"Les dépenses dans le budget ne sont pas en ligne avec la forte baisse des prix du pétrole", a-t-il dit à l'AFP.
Le ministère des Finances, citant des statistiques préliminaires, a indiqué s'attendre à un déficit réel de 54 milliards de riyals (14,4 milliards USD) pour le budget 2014, prévu initialement à l'équilibre.
Préserver la paix sociale
Si les prix du pétrole restaient à leur niveau actuel, autour de 60 dollars le baril pour le Brent, le royaume devrait perdre la moitié de ses revenus qui étaient de 276 milliards de dollars en 2013.
Le ministre des Finances Ibrahim al-Assaf a pourtant affirmé la semaine dernière que Ryad allait maintenir un rythme élevé de dépenses pour les projets de développement grâce à la manne pétrolière des dernières années qui lui donnent "des lignes de défense pour les années de vaches maigres".
"Avec la baisse des prix pétroliers, nous avons considérablement revu le projet de budget. Mais nous maintenons nos projet de développement et nous avons la capacité de supporter cette baisse", a-t-il dit jeudi sur la télévision d'Etat.
Le royaume, qui pompe quelque 9,6 millions de barils par jour (mbj), peut en effet puiser dans des réserves estimées à 750 milliards de dollars.
Le roi a d'ailleurs autorisé le ministère des Finances à puiser "dans les réserves" ou à recourir à l'emprunt sur le marché pour pallier le déficit budgétaire.
Dans son communiqué, le gouvernement souligne qu'il va continuer à financer "les projets et programmes de développement de l'éducation et de la santé et les services sociaux", et à "créer davantage d'emplois pour les citoyens".
Selon des analystes, les autorités saoudiennes sont soucieuses de préserver la paix sociale dans un environnement régional marqué par les troubles dans les pays du Printemps arabe et l'essor de groupes jihadistes, dont l'organisation Etat islamique qui sévit en Irak et en Syrie.
L'agence de notation Standard and Poor's a abaissé ses perspectives pour l'Arabie saoudite de positive à stable après la baisse des prix du brut. Mais elle a également affirmé sa note élevée pour Ryad à la faveur à sa "solide" position financière.