De défensive à offensive la nouvelle doctrine miltiare de la Russie en dit lond sur la période à venir dans les relations internationales.
Vladimir Poutine a signé la nouvelle doctrine militaire russe: elle conserve son caractère défensif mais, selon le Conseil de sécurité de la Russie, comprend d'autres articles et termes en rapport avec le changement de "nature des dangers et des menaces militaires", écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Comme dans sa version précédente signée en 2010 par le président Dmitri Medvedev, la nouvelle doctrine considère l'activité de l'Otan comme un danger extérieur. La liste des risques comprend toujours le "déploiement de systèmes stratégiques de défense antimissile" ou encore "de systèmes stratégiques conventionnels d'armes de haute précision". Le concept de frappe globale - partie intégrante de la stratégie américaine de défense - est également présenté comme une nouvelle menace.
Le Conseil de sécurité russe souligne toutefois que la doctrine actualisée "garde son caractère défensif" et que la Russie ne recourra à la force militaire qu'après avoir épuisé "toutes les mesures non-violentes". De plus, il reconnaît la "nécessité d'entretenir un dialogue d'égal-à-égal avec l'UE et l'Otan, et de concourir à la construction d'un nouveau modèle de sécurité dans la région Asie-Pacifique".
La nouvelle doctrine militaire introduit un nouveau concept: la "dissuasion conventionnelle". Selon le Conseil de sécurité russe, cette nouveauté s'explique par la "nécessité de maintenir une aptitude au combat très élevée au sein des forces conventionnelles". C'est apparemment pour cette raison que la doctrine de 2014 évoque des dangers militaires extérieurs liés au changement forcé de l'ordre constitutionnel, au terrorisme ethnique et religieux, au torpillage des traditions historiques, spirituelles et patriotiques, etc. Ces interprétations pourraient être liées aux événements actuels en Ukraine.
Par ailleurs la doctrine actualisée, tout comme le texte précédent, souligne la faible probabilité du déclenchement d'une guerre de grande envergure contre la Russie. Le document souligne également que les "armes nucléaires resteront un facteur important de prévention des conflits militaires nucléaires et conventionnels". Les principes de recours aux forces armées et les conditions d'utilisation des armes nucléaires restent identiques.
Les médias citaient hier le commentaire d'un haut responsable de l'administration américaine, selon qui "la Maison blanche soutient la position russe quant aux menaces de l'extrémisme et des armes de destruction massive, mais n'est pas d'accord avec les estimations des dangers potentiels représentés par l'Otan". Eric Chiriaev, professeur de relations internationales et de psychologie politique à l'Université Georges Mason, estime que "cette doctrine de Poutine n'est pas un phénomène tout à fait nouveau: la menace d'une guerre mondiale nucléaire a diminué, mais la Russie fait face à de nouveaux dangers et d'autres conflits".