24-11-2024 08:08 AM Jerusalem Timing

Bahreïn: les appels se multiplient pour la libération du chef de l’opposition

Bahreïn: les appels se multiplient pour la libération du chef de l’opposition

La répression à huis clos au royaume du Bahreïn se poursuit..et personne ne réagit, et personne ne couvre les faits et personne ne lit!!!!


Les appels se sont multipliés lundi pour la libération du chef de l'opposition à Bahreïn, arrêté dans ce royaume du Golfe où les autorités peinent à étouffer un mouvement de contestation qui dure depuis près de quatre ans.
   
L'arrestation dimanche de cheikh Ali Salmane, secrétaire général du mouvement Al-Wefaq ("L'entente"), constitue une "escalade" qui menace la "stabilité sociale" et la "paix civile", ont averti le Wefaq et quatre autres groupes d'opposition dans un texte conjoint.
   
Des manifestations sporadiques, émaillées d'incidents, avaient lieu lundi soir dans des banlieues à majorité chiite de Manama, selon des témoins. Des heurts ont notamment éclaté entre policiers et manifestants près de la résidence de cheikh Salmane.  
   
"Toute escalade de la violence sera traitée par les autorités conformément à la loi", a mis en garde en soirée le ministre de l'Information Isa Abdulrahman Al Hammadi.
   
Cheikh Ali Salmane est interrogé pour avoir "enfreint la loi, y compris en incitant à la haine et à la violence", a dit M. Hammadi dans un entretien téléphonique avec l'AFP depuis Dubaï.
  
Il n'a "pas encore été inculpé", a indiqué le ministre, ajoutant que le leader de l'opposition était aussi interrogé pour avoir plaidé en faveur d'un "changement politique en utilisant des moyens illégaux".
   
Des organisations locales et régionales de défense des droits de l'Homme ont également exigé la "libération immédiate et sans condition" de cheikh Salmane, détenu pour avoir exercé son "droit à la liberté d'expression", selon un communiqué.
   
Dénonçant dans un communiqué une arrestation "arbitraire", le  Hezbollah a réclamé sa libération.
   
Dans la matinée, des dizaines de dignitaires religieux musulmans avaient protesté dans une mosquée en brandissant des portraits du chef de l'opposition qui n'a pas été libéré après un interrogatoire de près de dix heures dimanche.
   
Son arrestation a provoqué immédiatement des manifestations sporadiques, accompagnées de heurts nocturnes, entre jeunes et policiers dans plusieurs villages  de la banlieue de Manama, selon des images postées sur les réseaux sociaux.
   
   
La répression à huis clos au royaume du Bahreïn se poursuit

Rappelons les faits. Le chef d’Al Wefaq, le principal groupe d’opposition du pays, cheikh Ali Salmane, a été convoqué au ministère de l’Intérieur Dimanche sans préavis. Al Wefaq relève que le ministère en question n’a pas indiqué les raisons qui motivent une telle convocation. Cette mesure intervenait quelques instants après la reconduction pour quatre ans de son chef, au cours d’un congrès tenu pour se mettre en conformité avec la loi du royaume.  

Selon son avocat Abdallah al-Chamlane, qui dit ne pas avoir été autorisé à l'assister, cheikh Salmane est accusé "d'incitation à la haine contre le régime et d'appel à le renverser par la force", d'"insulte envers la magistrature et le pouvoir exécutif", d'"incitation confessionnelle", de "propagation de fausses nouvelles" et de "participation à des manifestations préjudiciables à l'économie".
   

Frappé d’interdiction depuis octobre pour une durée de trois mois, alWefac a été sommé par la justice bahreïnie de «se mettre en conformité avec la loi sur les associations». Le congrès d’Al Wefaq, réuni vendredi à Manama, a renouvelé l’ensemble des instances dirigeantes et a reconduit cheikh Ali Salmane dans ses fonctions de secrétaire général, selon un communiqué publié hier. Le mouvement Al Wefaq et les autres groupes de l’opposition ont boycotté les élections législatives de novembre, les premières depuis la contestation de 2011 dans ce royaume du Golfe allié des Etats-Unis. L’opposition revendique une monarchie constitutionnelle.

Dans le rapport politique soumis aux congressistes, Al Wefaq observe qu’une sortie de crise passera par «un dialogue sérieux et sincère» entre le pouvoir et l’opposition. «L’opposition réagira positivement à tout appel honnête et sérieux au dialogue et à la négociation, mais restera prudente et vigilante face aux tentatives du régime de contourner les revendications du peuple», est-il indiqué dans le texte. Et d’ajouter que sans l’instauration d’une monarchie constitutionnelle, la contestation «se poursuivra, s’il le faut, pendant encore plusieurs années» mais «par des moyens pacifiques».     

Vendredi dernier, des milliers de personnes ont manifesté sur un axe routier reliant plusieurs villages, près de Manama, pour réclamer la destitution du gouvernement et la dissolution du Parlement, qualifiés d’«illégitimes». L’opposition a indiqué dans un communiqué publié pour la circonstance que «le gouvernement et le Parlement actuels n’ont pas de mandat populaire».     
Face à la poursuite de la contestation, la dynastie Al Khalifa a alourdi les peines pour les auteurs de violences et introduit la peine capitale ou la prison à perpétuité en cas de morts ou de blessés.


Nabeel Rajab, directeur du Centre bahreïni des droits de l'Homme, a réagi à l'arrestation de l'opposant en affirmant que "le silence de la communauté internationale a contribué" au durcissement des autorités.
   
Lundi, un tribunal de Manama a condamné deux chiites à la peine de mort et un troisième à la prison à vie pour avoir tué un policier. Neuf autres ont été condamnés à six ans de prison chacun pour leur implication dans l'explosion qui a tué le policier, a précisé l'agence officielle Bna.


Solidarité des oppresseurs contre le peuple

Royaume du Golfe, Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation revendiquant une monarchie constitutionnelle. Mouvement réprimé avec l’aide des autres monarchies de la région. Pour ce faire, l’Arabie Saoudite a envoyé, en mars 2011, plus de 1000 soldats à Manama. Les Emirats arabes unis y ont dépêché 500 policiers et le Koweït a mobilisé une unité maritime. Cet arsenal fait partie des forces communes d’intervention du «Bouclier de la Péninsule» regroupant les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à savoir l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar.

Les membres du CCG suivent avec attention les événements politiques à Manama. Riyad surtout accuse l’Iran d’être derrière les troubles qui secouent le royaume voisin, où la majorité de la population est chiite.Le royaume wahhabite est relié au Bahreïn par un pont-digue. Achevé au milieu des années 1980, il permet à l’Arabie Saoudite d’acheminer ses forces répressives vers Manama le plus vite possible en cas de troubles pour prêter main-forte à la monarchie bahreïnie.