Le pays serait dans une impasse, avec une inflation astronomique (64% sur un an fin 2014).
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a rencontré mardi en Chine des dirigeants de banques et d'entreprises dans l'espoir d'obtenir un nouveau soutien financier pour le pays sud-américain, extrêmement fragilisé par la chute des cours du pétrole.
Le géant asiatique est un allié stratégique de Caracas, son principal investisseur et le deuxième importateur de son pétrole derrière les Etats-Unis, avec un volume moyen de 640.000 barils par jour.
L'objectif est de porter ce total à un million de barils/jour dans les prochaines années et de stimuler le commerce bilatéral, qui atteignait 20 milliards de dollars en 2012.
Cette visite survient alors que le pays, en récession, est dans une impasse, avec une inflation astronomique (64% sur un an fin 2014) et la pénurie de près d'un tiers des produits de première nécessité.
Le Venezuela serait proche du défaut de paiement, selon de nombreux analystes, et sa situation s'aggrave de jour en jour avec la chute des cours du pétrole, même s'il dispose des plus importantes réserves de brut au monde.
C'est "une tournée très importante", "pour s'attaquer à de nouveaux projets dans les circonstances qui frappent notre pays, dont la perte de revenus due à la chute spectaculaire des prix du pétrole", a déclaré le président.
Dès mardi, Nicolas Maduro a rencontré à Pékin les présidents de la Bank of China et du groupe pétrolier CNPC, deux entreprises publiques, selon des sources officielles vénézuéliennes. Il devait ensuite rencontrer son homologue, Xi Jinping.
Selon l'économiste Asdrubal Oliveros, le dirigeant réclamera un nouveau coup de pouce de la part de la Chine, qui lui a déjà octroyé ces dernières années 42 milliards de dollars de prêts à long terme, dont 24 milliards ont été remboursés en partie avec du pétrole, selon les chiffres officiels.
"Les besoins de financement du Venezuela dépassent les 20 milliards de dollars en 2015", précise-t-il, mais "la Chine est réservée" à l'idée d'augmenter son aide en raison de "la façon dont sont gérés ces fonds et de l'usage qui en est fait, des manquements du Venezuela dans ses livraisons de brut et de l'absence d'un plan structuré d'ajustement économique, clairement nécessaire dans la conjoncture actuelle".
Les Vénézuéliens désabusés
Pékin va désormais exiger "des garanties réelles de crédit" en l'échange de nouveaux prêts, renchérit l'économiste Francisco Faraco, soit "beaucoup plus que ce que peut exiger le Fonds monétaire international".
Le président vénézuélien fera aussi valoir, au cours de sa tournée, ses arguments en faveur d'une réduction de la production de brut afin de stimuler les prix.
Après une étape lundi en Russie, pays producteur mais non membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), il se rendra, outre en Chine, dans "plusieurs pays de l’OPEP pour poursuivre les efforts au plus haut niveau en vue d'une stratégie de reprise" de la hausse des cours, a-t-il annoncé dimanche, sans préciser lesquels ni à quelles dates.
Cependant les Vénézuéliens sont désabusés : 86% d'entre eux jugent mauvaise la situation, selon une enquête de Datanalisis, et la popularité de Nicolas Maduro a chuté à 22,6%.
"La situation que nous vivons est due aux mauvaises politiques appliquées pendant de nombreuses années", raconte à l'AFP une habitante de Caracas, Jacqueline de Velasquez.
Dans ce pays qui a instauré un contrôle des changes strict depuis 2003, les économistes prévoient que le gouvernement dévaluera bientôt le bolivar pour compenser l'effondrement du pétrole, qui représente 96% de ses ressources en devises mais dont le cours a chuté de moitié en 2014, à 47,05 dollars le baril.
Toutefois si Caracas réduit encore la valeur du bolivar (la dernière dévaluation date de février 2013), les prix de nombreux produits, majoritairement importés, devraient grimper.
Ainsi, alors que l'essence ne coûte dans ce pays que 0,015 dollar par litre, l'eau minérale est vendue deux dollars le litre.
"L'essence ils nous en font cadeau, mais pour tout le reste ils nous volent!" peste Angel Montilla, employé d'une station-service de la capitale.
"Que fait-on avec de l'essence offerte, si la nourriture est hors de prix? Nous sommes en faillite, il n'y a rien à faire!"