Quatre mois après avoir chassé leur président du pouvoir, les Egyptiens ne sont pas satisfaits de l’évolution de leur pays..
Quatre mois après avoir chassé leur président du pouvoir, les Egyptiens ne sont pas satisfaits de l’évolution de leur pays, où subsiste encore trop de reliquats de l’ancien régime. Ils sont donc retournés sur la place Tahrir, où des heurts ont de nouveau éclaté.
Les heurts ont opposé durant la nuit de mardi à mercredi des manifestants aux forces de la police dans le centre du Caire, en particulier sur la place Tahrir, épicentre des rassemblements anti-régime du début de l'année.
Des échauffourées plus limitées ont continué mercredi matin, notamment aux abords du ministère de l'Intérieur, placé sous forte protection policière. De petits groupes de manifestants ont continué à lancer des pierres sur la police qui ripostait avec des gaz lacrymogènes.
Les heurts ont fait, selon des chiffres officiels, quelque 70 à 80 blessés, dont de nombreux policiers. La sécurité égyptienne a évalué à 4.000 environ le nombre des manifestants au cours de la nuit.
Des milliers de cailloux jonchaient le sol mercredi matin, traduisant l'intensité de ces affrontements. Plusieurs rues du centre ville étaient fermées par la police.
Ces heurts sont parmi les plus graves survenus au Caire depuis le départ le 11 février de M. Moubarak.
Les incidents, selon des témoins, ont impliqué la police, des manifestants proches des mouvements ayant contribué à renverser M. Moubarak et des partisans de l'ancien chef d'Etat.
L'armée, qui dirige désormais le pays, a publié sur le réseau social Facebook un communiqué dénonçant une tentative de "déstabilisation" de l'Egypte.
"Les regrettables incidents qui se sont déroulés à Tahrir de mardi soir jusqu'à l'aube mercredi n'ont pas d'autre raison que de tenter de déstabiliser la sécurité de l'Egypte", affirme le Conseil suprême des forces armées (CSFA).
Un responsable de la "Coalition des jeunes de la révolution", qui fédère plusieurs groupes pro-démocratie, Hossam Eddine Ammar, a accusé "des éléments loyaux envers l'ancien régime".
Des témoins ont également mis en cause les baltajis :des civils armés de bâtons et de couteaux, parfois acheminés en bus, rappelant les méthodes de l'ancien régime pour créer des troubles et intimider les opposants.
Les incidents ont débuté mardi soir en marge d'une cérémonie dans un petit théâtre du centre du Caire à la mémoire des victimes du soulèvement anti-Moubarak de janvier et février.
"Des heurts ont éclaté entre les familles, auxquelles on avait interdit l'accès et les gardes de sécurité. La police est intervenue et a commencé à frapper les familles des martyrs", a écrit le militant pro-démocratie Arabawy sur son blog.
Ces affrontements se sont produits quelques heures après l'annonce de la dissolution par la justice des conseils municipaux élus sous M. Moubarak et massivement dominés par les partisans de l'ancien régime.
L'armée est par ailleurs de plus en plus ouvertement critiquée pour la manière dont elle gère la transition.
De nombreuses voix se sont élevées pour demander le report des élections législatives prévues en septembre, estimant qu'elles pourraient voir les Frères musulmans rafler la mise face à l'impréparation du reste des partis politiques.
Le débat est également houleux autour du calendrier de rédaction d'une nouvelle constitution et de la place de la religion dans les institutions.
Des appels sont lancés à une grande manifestation le 8 juillet pour relancer les idéaux démocratiques du soulèvement anti-Moubarak.