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Pourparlers nucléaires : Et si l’Iran se retirait du TNP

Pourparlers nucléaires : Et si l’Iran se retirait du TNP

Une supposition évoquée par un ex-ambassadeur de France en Iran, en cas de l’échec des négociations, ou de nouvelles sanctions votées contre Téhéran.

L’ancien ambassadeur de France en Iran François Nicoullaud  a mis en garde que l’Iran peut très bien se retirer du Traite de Non-prolifération (TNP) en cas de l’échec des négociations sur son programme nucléaire et refuser d’y adhérer de nouveau qu’après la levée des sanctions internationales.

Dans une note publiée sur son blog mercredi 14 janvier, Nicoullaud met en garde les occidentaux de l’illusion qu’ils sont enfin parvenus à coincer l’Iran sous le poids des sanctions, aggravé en ce moment par la chute spectaculaire des prix du pétrole.

« Américains et Européens pourraient se retrouver poussés à un réexamen de leur comportement si, par exemple, l’Iran en venait à annoncer qu’il étudie l’opportunité de lancer dans un futur proche une procédure de retrait du Traité de non-prolifération », a-t-il averti.

Evoquant les clauses du Plan d'action conjoint adopté le 24 Novembre 2013, il rapporte qu’il offre aux Etats-Unis un accès à un contrôle effectif des ambitions nucléaires iraniennes en contrepartie d’un très modeste allègement des sanctions.
Et de souligner: «aussi longtemps que l’activité iranienne d’enrichissement demeurera plafonnée au faible taux de 5%, loin des 90% nécessaires pour une arme nucléaire, et aussi longtemps que le réacteur de recherche d’Arak restera inachevé, les deux voies vers la bombe (uranium hautement enrichi et plutonium de qualité militaire) seront parfaitement verrouillées »..

Or, pense ce diplomate né en Egypte, Téhéran ne peut admettre une telle formule  qui signifie « le gel du développement de ses capacités nucléaires et la renonciation à tout espoir de retrouver à un horizon déterminé une liberté de décision dans le cadre de règles permanentes et clairement établies ».

« Chaque Partie (…) aura le droit de se retirer du Traité si elle décide que des évènements extraordinaires, en rapport avec l’objet du présent Traité, ont compromis les intérêts suprêmes de son pays. », rapporte Nicoullaud l’article X du Traité.

Et l’Iran serait d’après lui en position d’avancer que le blocus à peu près intégral imposé à son économie et à sa population a tous les aspects d’une mesure extraordinaire, discriminatoire, heurtant profondément ses intérêts suprêmes

L’ancien ambassadeur français ajouté que l’Iran pourrait très bien  rappeler que « personne, même au sein des nombreux inspecteurs de l’Agence ayant procédé à des milliers d’heures de contrôles, n’a pu apporter un élément matériel pointant vers la fabrication d’un engin nucléaire explosif ou la préparation d’un premier test ».

De plus, il pourrait faire valoir que les inquiétudes des 5+1 concernant le fameux "temps d'évasion" sont sans fondement, car il est toujours derrière la ligne de départ de toute course à la bombe nucléaire.

« En conséquence, l'Iran pourrait conclure que le Conseil de sécurité n’avait pas le droit d'imposer les sanctions que le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies autorise en réponse à une « menace pour la paix», conclut-il.

Toujours selon Nicoullaud, une telle mise en garde de se retirer du TNP devrait à elle seule persuader les 5+1 de faire face à leurs responsabilités, pour éviter un précédent qui pourrait nuire à la cohérence et l'efficacité du TNP.