Divergences entre Paris et Londres.
L'organe politique de la rébellion, le Conseil national de transition (CNT), a reçu les 100 premiers millions de dollars dans le cadre d'un fonds de soutien spécial alimenté par des avoirs bloqués du régime libyen, pour payer les salaires et acheter du carburant, a annoncé Londres mercredi.
Parallèlement à l'aide militaire, la rébellion qui s'était plainte à la mi-juin de n'avoir rien reçu du milliard d'euros environ promis, n’est plus qu'à une cinquantaine de kilomètres de Tripoli.
Pour Mazen Ramadan, conseiller économique auprès du CNT, les 100 millions de dollars remis représentent "un petit montant par rapport à ce que nous devons, les cargaisons de carburant représentent plus que cela (...) Nous avons un problème sérieux, nous n'avons pas d'argent".
Mercredi, l'état-major des armées françaises a confirmé une information du journal Le Figaro selon laquelle Paris a recouru à des parachutages pour donner un coup de
pouce à la rébellion. Le quotidien a parlé de lance-roquettes, de fusils d'assaut, de mitrailleuses et de missiles antichars Milan.
Début juin, la situation humanitaire était précaire dans le Djebel Nafoussa, a expliqué l'état-major. "On a procédé à des largages d'aide humanitaire, de vivres, d'eau et de fournitures médicales. Pendant les opérations, la situation des civils au sol s'est dégradée. Nous avons également largué des armes et des moyens pour leur permettre de se défendre, essentiellement des munitions", a dit le porte-parole, le colonel Thierry Burkhard.
Il s'agissait, selon lui, d'"armes qui peuvent être maniées par des civils, de l'armement léger d'infanterie de type fusil". Il a évoqué "quelques largages ponctuels, sur plusieurs jours, pour éviter que les civils ne soient massacrés".
Selon une source officieuse proche du dossier, la France a fait passer quarante tonnes d'armes, en particulier "quelques chars légers", via des parachutages et par les frontières terrestres avec des pays voisins de la Libye.
L'allié britannique, qui avait lancé avec Paris et Washington l'opération militaire aérienne le 19 mars, a aussitôt fait savoir qu'il n'était pas favorable à des livraisons d'armes à la rébellion.
Les divergences augmentent entre alliés, alors qu'en trois mois, l'opération militaire aérienne conduite par l'Otan n'a pas réussi à entraîner la chute de Kadhafi, soumis par ailleurs à des sanctions internationales et de plus en plus isolé après les défections au sein du régime et le lâchage de ses alliés.