"Une pause" dans le programme du Learjet 85 a été en effet décidée et va se traduire par 1.000 licenciements, aux usines de Querétaro au Mexique, et de Wichita aux Etats-Unis.
Déjà en difficulté avec sa nouvelle gamme CSeries, l'avionneur canadien Bombardier est confronté à une baisse de la demande en jets d'affaires qui l'a forcée jeudi à annoncer une nouvelle vague de licenciements, la troisième en à peine un an.
Cette fois, le groupe québécois est frappé au coeur même de son activité: l'aviation d'affaire. "Une pause" dans le programme du Learjet 85 a été en effet décidée et va se traduire par 1.000 licenciements, aux usines de Querétaro au Mexique, et de Wichita aux Etats-Unis.
Fabriqué à partir de matériaux composites plus légers que le métal, héritier du Learjet 23 lancé en 1963, cet appareil a effectué son vol inaugural en avril et est vendu pour quelque 20,75 millions de dollars.
Avec un rayon d'action de 5.500 km, une vitesse de croisière de 830 km/h et une capacité de neuf passagers, ce bi-réacteur devait devenir "la référence" dans le créneau des jets d'affaires intermédiaires.
Mais, pointant la "faiblesse persistante" pour ce marché "depuis le ralentissement économique" amorcé en 2008, Bombardier a choisi de mettre pour un temps entre parenthèses le développement du Learjet 85.
Il s'agit d'une nouvelle déconvenue pour Bombardier qui se dispute le rang de troisième avionneur mondial avec le brésilien Embraer.
Après les 1.700 suppressions de postes en décembre 2013 expliquées par le retard du programme CSeries, le groupe avait déjà réduit à l'été de 1.800 personnes ses effectifs dans le cadre d'une réorganisation de toutes ses activités aéronautiques.
"Crédibilité frappée"
Ces déboires pèsent lourdement sur les comptes du groupe établi à Montréal.
Après l'annonce de jeudi, son action s'est effondrée de 20,05% à l'ouverture de la Bourse de Toronto par rapport à la clôture de mercredi. Le titre valait à 3,31 dollars vers 15H30 GMT.
L'avionneur canadien tente pourtant coûte que coûte d'éponger ces imprévus: il a passé une charge de restructuration de 1,4 milliard de dollars sur les trois derniers mois l'an dernier pour couvrir "la dépréciation des coûts de développement du Learjet 85". La restructuration sera provisionnée pour 25 millions de dollars pour le trimestre en cours.
Les analystes du cabinet de courtage Canaccord Genuity jugeaient que "la crédibilité de la direction (de Bombardier) va probablement être durement frappée" par cette annonce "assez négative".
Dans son communiqué, le PDG du groupe canadien Pierre Beaudoin a expliqué que Bombardier allait porter les fonds économisés "sur les deux autres programmes d'avion de conception entièrement nouvelle en développement, CSeries et Global 7000/8000". Selon lui, il existe "un considérable marché potentiel" pour ces deux appareils.
Dans un souci d'élargir sa gamme au-delà des avions régionaux et d'affaires, Bombardier a lancé le programme CSeries, avec trois appareils mono-couloirs (CS 100 et CS 300) censés concurrencer les Boeing 737 et les Airbus 320.
Mais des problèmes informatiques et mécaniques ont occasionné des retards à répétition, contraignant Bombardier à revoir sa date de commercialisation: le premier CS100 à être remis à une compagnie aérienne ne devrait pas l'être avant fin 2015 désormais.
Les retards sur le CSeries comme les ventes en berne des Learjet 65 se traduisent par une révision à la baisse des prévisions, avec une dégradation de la marge d'exploitation, qui passe de 5% attendu à 4% au final l'an dernier.
L'avionneur canadien doit présenter ses résultats économiques annuels le 12 février.