Les organisateurs ont évalué à 30.000 le nombre de participants.
Plusieurs milliers de personnes ont marché vendredi après-midi à Nouakchott, en Mauritanie, pour protester contre la caricature du prophète de l'islam dans Charlie Hebdo, brûlant un drapeau français, ont affirmé des témoins à l'AFP.
Les manifestants ont tenté de se rendre à l'ambassade de France, dans le centre-ville, mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre. Ils ont dressé des tribunes de fortune à proximité et brûlé un drapeau français, selon les mêmes sources.
"Je suis musulman", "Nous sommes là pour la défense du prophète", "Nous n'acceptons pas l'insulte du prophète", ont scandé des manifestants. Ils répondaient à l'appel du Forum des oulémas et imams pour le soutien du prophète créé l'année dernière en Mauritanie.
Les organisateurs, qui avaient déjà appelé à manifester mercredi, fustigent la Une du dernier Charlie Hebdo, avec un personnage barbu en turban censé représenter Mohammad tenant une pancarte "Je suis Charlie".
Ce slogan a été repris par les millions des manifestants qui ont défilé en France et à l'étranger pour condamner les attentats qui ont visé le journal satirique, une policière et un supermarché casher, faisant 17 morts au total à Paris.
Les organisateurs ont évalué à 30.000 le nombre de participants, mais la presse et des témoins ont fait état de plusieurs milliers de personnes.
Les protestataires sont partis de la grande mosquée centrale de Nouakchott après la grande prière du vendredi et ont convergé vers le palais présidentiel tout proche, où le chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz s'est brièvement adressé à eux, selon des témoins et des médias locaux.
"Je ne suis ni Charlie Hebdo ni Coulibaly", leur a lancé le président Ould Abdel Aziz Aziz, selon ses propos rapportés à l'AFP par un des témoins, en référence au slogan en faveur de Charlie Hebdo, et à Amedy Coulibaly, auteur de la prise d'otages au supermarché casher, qui a tué quatre personnes avant d'être abattu.
"Je suis plutôt musulman, nous sommes tous musulmans. Nous avons combattu le terrorisme chez nous, nous avons payé un lourd prix et des sacrifices énormes", a déclaré le président mauritanien.
"Pour cela, nous condamnons tout ce qui se passe aujourd'hui et qui est de nature à créer le terrorisme, à l'image de ces viles caricatures qui portent atteinte à notre religion et à toutes les religions" monothéistes, a-t-il dit.
Pour le chef des organisateurs de la marche, Nah Ould Elhadj, "la France doit s'excuser face au blasphème commis à l'encontre des musulmans" dans Charlie Hebdo.
"La France doit respecter les sentiments d'un milliard et demi de musulmans qui n'accepteront jamais que leur prophète soit maltraité. Nous continuerons à manifester, nous continuerons à protéger notre prophète et notre foi", a déclaré à l'AFP Ould Elhadj, joint au téléphone.
Jusqu'en fin d'après-midi, des groupes de jeunes ont essayé de se faufiler par des ruelles jusqu'à l'ambassade de France, provoquant des courses-poursuites avec les forces de l'ordre, qui ont ensuite fait usage de gaz lacrymogène et de matraques pour les disperser, d'après les mêmes sources.
Aucun blessé et aucune interpellation n'ont été signalés. La Mauritanie est une République islamique où la charia est en vigueur.
Un blogueur de 29 ans a été condamné à mort le 24 décembre par un tribunal de Nouadhibou (nord-ouest) pour apostasie "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet" dans un article publié brièvement sur des sites internet mauritaniens. Sa défense a fait appel.