Réserves de l’oppositon sur les mois concernés par l’enquête. Libération des sportifs et des médecins.
Les autorités bahreinies ont chargé mercredi une commission de cinq membres, dont des juristes de renommée internationale, d'enquêter sur la sanglante répression du mouvement de contestation du régime de février-mars, vivement dénoncée par l'opposition et des ONG.
Cependant, le principal groupe de l’opposition, Wefaq, a émis des réserves quant au fait de limiter l’enquête aux mois de février et mars. La répression n’a pas cessé en avril, mai et juin.
Créé par un décret du roi
Créé par un décret du roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, la commission, présidée par Mahmoud Chérif Bassiouni, expert international en droit pénal, est chargée d'"enquêter sur les évènements survenus à Bahreïn en février-mars" et doit soumettre ses conclusions dans un délai de quatre mois "n'excédant pas le 30 octobre".
La commission aura "libre accès à toute personne qu'elle jugera utile", y compris des représentants de la société civile, l'opposition, "de présumées victimes et témoins de prétendues violations des droits de l'Homme", selon le
texte du décret.
"Le gouvernement ne doit s'immiscer d'aucune manière dans le travail de la commission", laquelle pourra recommander de "faire juger toute personne, y compris des responsables ou fonctionnaires" impliqués dans des violations des droits, afin d'"empêcher une réédition des événements" survenus dans le pays.
S'exprimant lors d'une réunion extraordinaire du Conseil des ministres, le roi a estimé que la commission mènerait sa mission "en toute indépendance, sans aucune ingérence" dans son travail, et appelé ses ministres à y "coopérer sans réserve".
"Il n'y aura aucun laxisme à l'égard de quiconque, dans les cas avérés de violations des droits de l'Homme", a dit le roi qui s'est dit "déterminé à rétablir la confiance" dans le pays pour relancer le processus de réformes.
Philippe Kirsch, un avocat canadien et ancien président de la Cour pénale internationale (CPI), et Sir Nigel Simon Rodley, membre de la Commission des Nations unies pour les droits de l'Homme, font partie de la commission.
L'annonce de la création de cette commission d'enquête intervient deux jours avant l'ouverture prévue samedi d'un dialogue national, convoqué par le roi pour relancer les réformes politiques après la répression de la contestation.
Malgré une normalisation apparente, la tension reste vive dans le pays où une vague de licenciements et de poursuites judiciaires touchant notamment les opposants, a été dénoncée par les organisations de défense des droits de l'Homme.
Libération des sportifs et des médecins
Dans un geste d'apaisement, le souverain a décidé par décret mercredi de dessaisir les tribunaux d'exception de toutes les affaires et procès en cours au profit des tribunaux civils, auprès desquels peuvent être introduits des recours déjà rendus sous l'état d'urgence.
En outre, le procureur militaire a annoncé mercredi la libération "des membres du personnel médical et des sportifs, accusés de délits" pendant la contestation, ajoutant qu'ils devraient être jugés, en état de liberté, "selon les procédures en vigueur".
"Sur 30 sportifs et cadres sportifs détenus, 15 ont été libérés", a indiqué à l'AFP une source du milieu sportif à Manama, ajoutant que "d'autres devaient être libérés aujourd'hui ou demain".
"Les autorités concernées ont libéré certains détenus", a indiqué, sans préciser leur nombre, le roi Hamad dans son intervention en Conseil des ministres, toute en admettant qu'il "est du droit des citoyens de s'exprimer par les moyens pacifiques".
La vague de protestations populaires et sa répression ont fait 24 morts, selon Manama et 37 selon l’opposition. Quatre manifestants sont morts depuis en détention.