22-11-2024 10:58 PM Jerusalem Timing

L’Autriche souhaite se désengager d’un centre interreligieux financé par Ryad

L’Autriche souhaite se désengager d’un centre interreligieux financé par Ryad

Ce centre est l’objet de controverses depuis sa création, ses détracteurs l’accusant de servir les intérêts du régime wahhabite au pouvoir en Arabie saoudite

L'Autriche souhaite se désengager du Centre pour le dialogue interreligieux financé par Ryad et inauguré en 2012 à Vienne, cette organisation refusant notamment de désavouer la flagellation d'un blogueur saoudien, a annoncé mardi le chancelier Werner Faymann.
   
"Un Centre pour le dialogue qui se tait quand il faut s'exprimer haut et fort sur les droits de l'Homme ne mérite pas son nom, c'est un Centre du silence", s'est indigné le dirigeant social-démocrate à la radio publique.
 "Il n'est pas concevable que nous ayons avec l'Arabie saoudite un Centre pour le dialogue interreligieux et qu'en même temps, dans ce pays, quelqu'un qui s'est engagé pour ce dialogue soit en prison et craigne pour sa vie. C'est cynique", a ajouté le chancelier.
   
"L'Autriche ne fera pas office de feuille de vigne en restant copropriétaire" de ce Centre, a souligné M. Faymann, précisant qu'une décision définitive serait prise après la remise d'un rapport détaillé en mars. Le dossier fait encore l'objet de débats au sein de la grande coalition gauche-droite au pouvoir.
   
Le Centre international "Roi Abdallah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel" (KAICIID), financé par Ryad et né d'un traité entre l'Arabie saoudite, l'Espagne et l'Autriche, est installé à Vienne, où il jouit du statut d'organisation internationale.
   
Inauguré en novembre 2012, ce centre est l'objet de controverses depuis sa création, ses détracteurs l'accusant de servir les intérêts du régime wahhabite au pouvoir en Arabie saoudite.
   
Les critiques ont redoublé après la condamnation en novembre du blogueur saoudien Raef Badaoui à 1.000 coups de fouet et 10 ans de prison, après que celui-ci eut défendu le droit à la liberté religieuse et à l'athéisme, une sanction que le KAICIID a refusé de commenter.
   
En octobre, la vice-secrétaire générale du centre, l'ancienne ministre de la Justice conservatrice autrichienne Claudia Bandion-Ortner, avait déjà suscité une polémique en relativisant la peine de mort en Arabie saoudite, affirmant qu'"on n'y décapite pas tous les vendredis". Mme Bandion-Ortner a finalement annoncé, le 17 janvier, qu'elle démissionnait de ses fonctions.
   
Le KAICIID, qui regroupe des représentants des grandes religions et est soutenu par le Vatican, a toujours souligné n'avoir "pas pour mission de commenter les décisions de justice d'Etats souverains".