Le groupuscule encercle la résidence du président.
La puissante organisation armée Ansaroullah au Yémen s'est emparée mardi du palais présidentiel à Sanaa et encercle la résidence du chef de l'Etat.
Accusée par des médias des pays du Golfe de vouloir piller le palais, son chef Abdel Malek al-Houthi a assuré dans un entretien avec Reuters que ses combattants le protègent des pilleurs d'armes, parmi ceux qui étaient proches de la présidence.
Dans une intervention télévisée, Houthi a mis en garde le Conseil de sécurité des Nations Unies que son mouvement était prêt à faire face à "toute mesure" que prendrait.
"Je dis au Conseil de sécurité de l'ONU: vous ne tirerez aucun avantage d'une quelconque mesure que vous voulez prendre", a-t-il
Et de mettre en garde : « nous sommes prêts à faire face aux conséquences, quelles qu'elles soient".
Entre temps, rapporte l’AFP citant des témoins, les combats entre rebelles houthis et soldats se poursuivaient à Sanaa, alors qu'il n'était pas possible dans l'immédiat de connaître le sort du chef de l'Etat Abd Rabbo Mansour Hadi.
Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à un arrêt immédiat des combats, tandis que le Conseil de sécurité était réuni à huis clos pour évoquer l'interminable crise dans ce pays meurtri par de multiples conflits et où est basée l'une des branches les plus dangereuses du réseau Al-Qaïda.
La prise du palais presidentiel par les combattants d’ Ansaruallah, qui contrôlent depuis septembre une grande partie de la capitale, a été annoncée un responsable militaire.
"Les houthis sont entrés dans le complexe et pillent des armes dans les dépôts", a-t-il dit à l'AFP.
Un cadre houthi, Ali Al-Bukhaiti, a confirmé sur son compte Facebook "la prise du complexe présidentiel".
Parallèlement, de violents affrontements avaient lieu près de la résidence de M. Hadi (ouest), entre soldats et combattants d'Ansaruallah. Au moins deux soldats ont été tués, selon des sources médicales.
La milice accusée de coup
Et dans le centre de Sanaa, les rebelles encerclaient la résidence du Premier ministre Khaled Bahah, des hommes en armes en barrant les principaux accès.
Les rebelles d'Ansaruallah "veulent renverser le régime", a affirmé la ministre de l'Information Nadia Sakkaf sur son compte Twitter. "Le président du Yémen est la cible d'une attaque de miliciens armés", a-t-elle ajouté.
Les combats qui ont poussé plusieurs ambassades occidentales à fermer leurs portes, avaient repris après une brève trêve lundi, journée durant laquelle neuf personnes ont été tuées et 67 blessées.
Cette dernière bataille, la plus dangereuse depuis le début du conflit avec les houthis, a été provoquée par le refus des rebelles houthis d'entériner un projet de Constitution sur une structure fédérale qui les priverait notamment d'un accès à la mer.
L'ombre de Saleh
Selon l’AFP, le mouvement houthi qui n'a cessé de monter en puissance depuis leur entrée à Sanaa le 21 septembre, semblent bénéficier du soutien de l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui garde une forte influence et des réseaux qu'il a soigneusement tissés dans l'armée et parmi des tribus durant ses 33 ans de présidence.
Lors des combats de lundi près du complexe présidentiel, les miliciens ont bénéficié d'un soutien direct de forces loyales à M. Saleh, a affirmé à l'AFP un officier de la garde présidentielle.
"Nous avons vu plusieurs formations de soldats et de combattants sortir de la résidence d'Ahmed Ali Abdallah Saleh (fils de l'ex-président) pour venir prêter main forte aux houthis", a dit cet officier.
Selon un résident, des éléments des forces spéciales sont passées sous commandement des houthis. Ils n'ont pas combattu les houthis lorsque ces derniers ont pris une position stratégique sur une colline surplombant le palais présidentiel, a-t-il assuré.
Un combattant houthi, se présentant sous le nom d'Abou Hachem, a affirmé que son mouvement était entré à Sanaa pour "protéger les civils et combattre la corruption".
Les affrontements ont éclaté deux jours après l'enlèvement par les Houthis d'Ahmed Awad ben Moubarak, chef de cabinet de M. Hadi et l'un des architectes du projet de Constitution rejeté par les houthis.
Selon l'AFP, depuis la révolte populaire de 2011 qui a poussé au départ Ali Abdallah Saleh, le pouvoir central a été marginalisé par Ansaruallah et le réseau Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) qui ont accru leur influence en s'emparant notamment de territoires.