Le problème est qu’on voit la politique s’ingérer plus fréquemment dans l’économie.
Le 45e Forum économique mondial entame ses travaux le 21 janvier à Davos suisse. Plus de 2 500 hommes d’affaires, politiques et experts y sont attendus. La plupart d’eux en profitent pour dresser leur bilan de l’année écoulée et faire leur pronostic concernant l’évolution de la situation dans l’année qui a commencé. Or comme le montre l’histoire, la majorité des prévisions s’avère être loin de la réalité.
Le Davos-2014 faisait peur par une crise financière aux Etats-Unis et par le chômage en Europe. Et par la façon comment cela allait se ressentir sur l’économie mondiale, en général, et sur des pays isolés, en particulier. Nous sommes déjà en 2015. Mais il s’est avéré que les Etats-Unis se portent assez bien, et la menace d’une faillite n’est même plus évoquée. Pour ce qui est de l’économie européenne, son état n’est pas pire que l’année d’avant, remarque Igor Nikolaïev, directeur de l’Institut de l’analyse stratégique de FBK (« Consultants financiers et comptables »).
Hélas, ce n’est pas toujours que les évaluations, suppositions, prévisions faites au Forum de Davos s’avèrent exactes. Si on se rappelle la crise financière mondiale, dont la phase aiguë a éclaté en automne 2008, au début de 2008 personne au forum de Davos n’avait supposé que les choses allaient en venir là. Un exemple plus récent : au début de l’année dernière les experts à Davos se sont de même trompés dans leurs pronostics. Ainsi, personne n’a supposé que vers la fin de 2014 la croissance économique en Russie pourrait se ralentir en fait jusqu’à zéro.
La fièvre Ebola n’inquiétait pas les experts au début de 2014. Ils ne s’attendaient pas à une guerre civile en Ukraine. Et personne n’a du tout pensé que les prix du pétrole chuteraient de plus de moitié. Est-ce un hasard ou un manque de professionnalisme ? L’analyste financier Igor Nikolaïev estime que tout dépend des objectifs poursuivis par l’expert.
En effet, les pronostics ne se vérifient pas souvent. Cela veut dire qu’il faut faire preuve de plus de responsabilité et de professionnalisme en faisant des prévisions économiques. Et on ne doit pas se rencontrer pour seulement se parler, mais aussi pour essayer de prévoir réellement la conjoncture économique mondiale pour au moins douze mois à venir. Il est possible d’augmenter l’exactitude des pronostics, notamment, en dévisageant plus sainement les choses.
Le problème est qu’on voit la politique s’ingérer plus fréquemment dans l’économie. Cette année on verra entre autres au forum à Davos le Premier ministre de la RPC Li Keqiang, la chancelière de la RFA Angela Merkel, le président de République Française François Hollande, le président du Conseil des ministres d’Italie Matteo Renzi, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, le président de l’Afrique du Sud Jacob Zuma. La délégation russe est conduite par le vice-Premier ministre Igor Chouvalov. Il est clair que chacun va travailler pour soi. Mais il arrive qu’un forum international aussi représentatif que celui de Davos soit également l’occasion pour influencer l’opinion. On entendra un rapporteur de renom qui prédira des problèmes à quelque pays, en fournissant à l’appui une paire de preuves convenables et voilà que les investisseurs fuient déjà ce pays. Ou au contraire, un dirigeant d’Etat dira comment il envisageait agir dans un avenir immédiat, et réussira à attirer ainsi des capitaux dans le pays. Et ce sera déjà une autre question de savoir qu’en a-t-il été en réalité, un sujet à débattre à la prochaine édition du forum de Davos.