Avant même l’enterrement du roi défunt, le nouveau roi saoudien Salmane ben Abdelaziz opérait des changements importants au sein du royaume.
L’ensemble des changements effectués au sein de la famille royale saoudienne depuis le décès du roi Abdulhah indique que la branche des Sadiri est en train de reprendre les leviers du pouvoir, après dix années d’éloignement.
Le retour des Sadiri
Dans le cadre de la rivalité de la succession, Les princes Sadiri constituent l’une des deux principales branches de la famille royale, parmi les enfants (puis les petits-enfants) du fondateur de l’Arabie saoudite, le roi Abdelaziz ben Abderrahmane al-Saoud.
Du nombre de 7 (1), ces princes tous sont nés d’une seule mère, Hassah, issue de la grande tribu des al-Sadiri, dont l’un des chefs Ahmad ben Mohammad al-Sadiri comptait parmi les alliés les plus proches du fondateur de la dynastie saoudienne, le roi Abdelaziz ben Abderrahmane al-Saoud.
Les Sadiris ont été affaiblis depuis l’intronisation du roi Fahed, chef de la branche rivale, les Shemari. Leur mère était issue d’une grande tribu du nord de l’Arabie saoudite qui était autrefois l’ennemi de la tribu des Saoud.
Le coup d’Etat
Ainsi, en moins de 24 heures, le successeur du roi Abdallah, Salmane Ben Abdel Aziz a écarté les individus proches de son prédécesseur des postes-clés et les a confiés à ses proches. Ce qui est considéré par certains observateurs comme une sorte de «coup d’Etat » au sein de la famille royale.
Parmi ceux qui ont fait les frais de ce retournement figure en tête Mot’ab, le fils du roi défunt. Il a été destitué de son poste de second prince héritier, et n’a gardé que celui de chef de la Garde nationale. Il n’a même pas été nommé membre du conseil royal.
Par ailleurs, c’est son adversaire, Mohammad ben Nayef, (fils aîné de Nayef ben Abdelaziz le prince héritier défunt de la branche des Sadiri), qui, en plus de son poste de ministre de l’Intérieur, est nommé comme second prince héritier et deuxième vice-président du Conseil des ministres saoudiens.
S’exprimant dans un entretien avec notre site al-Manar, l’opposant saoudien vivant en Grande Bretagne, Hamzé al-Hassan assure que la consolidation du ministre de l’intérieur Mohammad Ben Nayef s’est faite à la demande de Washington, dont il est l’homme de main.
« Depuis deux mois et demi le ministre de l’intérieur a visité Washington et depuis une dizaine de jour, une délégation du Congres US s’est rendu à Ryad et ils ont franchement abordé le sujet du poste du second prince héritier et ont dit franchement qu’ils le voulaient pour Mohammad Ben Nayef », a-t-il expliqué pour notre site.
La fin du « faiseur des rois »
L’ancien chef de la cour royale et chef de la Garde royale Khaled al-Twajiri a lui aussi été écarté, définitivement. Twayjri qui était autrefois qualifié le « faiseurs des rois », a été démis de ces deux fonctions. Il a été remplacé pour son premier poste par le fils du roi actuel, Mohammad ben Salmane, et pour le second par le général Hamad al-Awhli.
En plus du poste de chef de la cour, Mohammad ben Salmane occupe l’ancien poste de son père à la tête du ministère de la défense.
Cela signifie que sous le règne de son père, il deviendra l’un des princes les plus influents de la troisième génération de la famille royale saoudienne.
Bientôt Mogren aussi
Selon l’opposant al-Hassan, le prince héritier Mogren ben Abdel Aziz qui est le seul non Sadiri de la nouvelle cour royale saoudienne, (sa mère est yéménite) ne devrait pas rester longtemps à ce poste et pourrait très bien être remplacé d’ici trois mois. Son maintien vise pour le moment à refroidir le climat tendu actuellement, en attendant le moment propice pour lui assener le coup fatal.
« Ahmad Ben Abdel Aziz pourrait revenir en force au pouvoir dans le cadre de retour de la branche des Sadiri, sachant qu’il est le plus compétent et le plus puissant en comparaison avec Mogren” explique Hamza.
Ahmad Ben Abdel Aziz qui était ministre de l’intérieur est le seul frère du roi encore vivant de la branche des Sadiri.
Ce que le roi Salmane a fait, il l’a calqué de son prédécesseur Abdallah. Et là où ce dernier a échoué, lui aussi pourrait essuyer un échec. D’autant que son état de santé est fragile. Or, cela fait longtemps que le royaume s'est accomodé avec les maladies de ses monarques.
« C’est l’Etat des dinosaures! », résume un autre opposant saoudien, Fouad Ibrahim.
Sources: al-Manar+ Irib
(1) Les princes Sadiri sont : Fahed ben Abdelaziz (ancien roi), Sultan ben Abdelaziz (ancien prince héritier et ministre de la Défense), Abdelrahman den Abdelaziz (ancien vice-ministre de la Défense), Nayef ben Abdelaziz (ancien prince héritier et ministre de l’Intérieur), Turki ben Abdelaziz (ancien vice-ministre de la Défense), Ahmad ben Abdelaziz (ministre de l’Intérieur destitué) et Salmane ben Abdelaziz (roi actuel).