23-11-2024 08:53 AM Jerusalem Timing

Victoire de Syriza: un tournant pour la Grèce et l’Europe

Victoire de Syriza: un tournant pour la Grèce et l’Europe

Inquiétude en Allemagne après la victoire du parti d’Alexis Tsipars aux élections grecques.

C’est un tournant pour la Grèce et peut-être pour l’Europe. Les Grecs ont donné dimanche une large victoire au parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras. Ce dernier devrait former un nouveau gouvernement d'ici mercredi. Une victoire qui suscite l'espoir au sein de la gauche radicale européenne mais aussi l'inquiétude des créanciers d'Athènes.

C'est la première fois dans l'histoire de la Grèce moderne qu'une majorité d'extrême gauche se dessine. Un vote qui traduit le rejet de la politique d'austérité imposée à la Grèce depuis quatre ans par ses créanciers et suscite l'espoir au sein de la gauche radicale européenne, tout particulièrement en Espagne ou émerge un nouveau parti anti-libéral.

Créé il y a à peine un an en dénonçant l'austérité et la corruption des élites, Podemos est au coude à coude avec les conservateurs dans les sondages. Le parti frère de Syriza est aux anges et se sent pousser des ailes à l’image de son leader charismatique Pablo Iglesias, qui s'est réjoui que les Grecs aient désormais "un véritable président et non plus un délégué d'Angela Merkel (la chancelière allemande)".

En France, le leader du parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a évoqué "une lame de fond", "une page nouvelle pour l'Europe".

Avec Alexis Tsipras, c'est aussi le cauchemar de l'Allemagne qui se précise avec la perspective d'un gouvernement grec opposé aux réformes et peut-être même prêt à quitter la zone euro pour changer le cours de la politique économique du pays. Selon Julian Rappold, de l'Institut allemand de politique étrangère, la victoire de Tsipras "mine la politique actuelle organisée sur des principes allemands". "Le chemin présenté par Merkel comme sans alternative pourrait être remis en question", poursuit l’analyste.

La presse allemande entre scepticisme et prudence

L’Allemagne, très critiquée en Grèce, et a fortiori par le gagnant des élections, le parti Syriza, n’avait pas caché son scepticisme avant le scrutin, craignant qu’une victoire du mouvement d’Alexis Tsipras ne remette en cause les réformes engagées et donne de mauvaises idées à d’autres pays.

« Le triomphe de l’épouvantail grec va-t-il nous coûter des milliards ? » Le quotidien populaire Bild Zeitung, qui avait clairement fait campagne contre Alexis Tsipras, réagit comme on pouvait s’y attendre et cherche à nourrir la peur des petits épargnants allemands pour leurs économies.

La presse allemande plus sérieuse se montre souvent sceptique et demande à Athènes de respecter les engagements pris et de ne pas remettre en cause les réformes déjà engagées. « C'est seulement à cette condition que l’on peut demander la solidarité de ses partenaires », résume ainsi un quotidien régional.

Mais plusieurs journaux soulignent aussi que les contraintes financières conduiront le gouvernement Tsipras à faire des compromis. « La Grèce a besoin d’argent frais. Soit elle accepte de négocier avec ses bailleurs de fonds, soit elle dépose le bilan, ce qui serait pire », commente le quotidien des milieux d’affaires Frankfurter Allgemeine.

Quelques rares commentaires sont plus positifs. L’hebdomadaire Die Zeit titre « Donnez une chance à Tsipras » et salue une nécessaire correction des réformes pour s’en prendre aux privilèges des Grecs les plus riches. Le journal table sur un accord d’Athènes avec Bruxelles et l’Allemagne dans l’intérêt de tous et évoque des négociations avec Syriza discrètement entamées avant les élections.

Franceinfo + RFI