Appels populaires à poursuivre les manifestations et à la sédition civile après la décision de prolonger la détention de cheikh Ali Salmane
Le chef de l'opposition à Bahreïn, et secrétaire général du mouvement al-Wefaq cheikh Ali Salmane, a rejeté les accusations portées contre lui, notamment celle d'avoir tenté de changer le régime par la force, à l'ouverture mercredi de son procès devant un tribunal de Manama.
Le juge a décidé de maintenir Ali Salmane en détention, et a fixé une nouvelle audience au 25 février, a indiqué son mouvement Al-Wefaq, principal mouvement de l'opposition bahreinie (sur Twitter).
Les avocats ont exigé la remise en liberté du chef de l'opposition qui a clamé son innocence, ont indiqué des sources judiciaires.
La première audience s'est déroulée avec d'importantes mesures de sécurité et en présence de représentants d'ambassades étrangères.
Dans une lettre écrite en prison et adressée à ses partisans avant l'ouverture de son procès, cheikh Ali Salmane a souhaité une transition démocratique à Bahreïn, en appelant à la communauté internationale.
« Je suis en prison pour les mêmes raisons qui ont été à l'origine de l'emprisonnement de Nelson Mandela, à savoir la quête de l'égalité, de la liberté et de la démocratie », a-t-il affirmé dans cette missive publiée par Al-Wefaq, se comparant au défunt militant qui a passé 27 ans dans des geôles sud-africaines pour avoir lutté contre l'apartheid.
« Ne soyez pas tristes pour mon emprisonnement car je suis prêt à passer toute ma vie en prison pour vous et pour le bonheur de vos enfants », a-t-il ajouté.
Après avoir rappelé ses demandes politiques, Ali Salame a estimé qu'il était temps pour le Bahreïn de s'engager dans une transition démocratique et dans la construction d'un Etat moderne.
Il s'est adressé au secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon pour lui demander d'aider le peuple de Bahreïn à choisir son gouvernement de manière démocratique.
A la communauté internationale, le chef de l'opposition a demandé de protéger le droit du peuple de Bahreïn de manifester pacifiquement pour réclamer des réformes.
Appels à la sédition civile
A l'annonce du procès, Al-Wefaq, principal mouvement de l'opposition bahreïnie a souligné que dès lors que son chef niait en bloc les accusations portées contre lui, il n'y a plus aucune raison légale ou morale de continuer à le détenir et le juger.
Il a appelé le peuple bahreïni à s'abstenir d’effectuer toutes transactions officielles, de se rendre au centre commercial et de se ravitailler en essence tout au long du procès de cheikh Salmane.
D'autres mesures pacifiques de protestation sont aussi proposées par Al-Wefaq: réclamer la libération de son SG dans différentes régions à travers les mosquées, et éteindre les lumières extérieures des maisons.
un communiqué émanant des dignitaires religieux a mis l'accent sur la nécessité de poursuivre les manifestations populaires jusqu'à la libération de Cheikh Salman et de tous les prisonniers politiques.
Pour sa part, le Secrétaire-général du Mouvement de la Liberté, Saeed Chehabi, a estimé que «l’appel à la désobéissance civile est un appel réussi ».
Dans un entretien téléphonique avec la chaine de télévision iranienne arabophone alAlam, Chehabi a souligné que «le peuple de Bahreïn se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins.. Soit il sort victorieux soit il est écrasé.. Le régime a affirmé qu’il compte faire venir des étrangers et les naturaliser » .
Il a souligné que «le régime à Bahreïn existe aujourd'hui grâce au soutien de six États.. Les Etats-unis avec leurs bases militaires, l’Arabie-saoudite, les Emirats arabes unis avec leurs armées, la Jordanie et le Pakistan avec leurs mercenaires. Toutefois, le régime bahreïni n’est pas en mesure de pouvoir supporter les propos de Cheikh Ali Salman ».
Et de poursuivre : « Cheikh Ali Salman dispose du plus grand bloc politique parlementaire d’opposition et donc sa persécution est la persécution du peuple de Bahreïn et la poursuite des mesures répressives pratiquées hier et demain ».
Avec l'approche du mois de Février, qui a marqué le lancement de la révolution populaire pacifique, une énorme manifestation populaire devrait aura lieu dans les places de la ville de Karanah le samedi 30 janvier .
Zahraa :la dernière victime de la barbarie des Khalifa
Zahraa alCheikh , étudiante en communication, a rendu visite en Octobre dernier à son mari Habib détenu en prison, mais les autorités l'ont arrêté avec son nouveau-né et depuis elle est toujours en prison.
Son crime : elle a pris des photos dénonçant les mesures de répression pratiquées par le régime bahreïni contre des manifestants pacifiques.
" Dès les premières heures de son arrestation, un policier a tenté de la toucher. Par la suite, elle a été jetée dans une prison où elle a du subir les pires formes de torture, violence psychologique et physique. On l'a dépouillé de ses vêtements et photographié nue", a rapporté alAlam.
Les autorités ont tenté de la faire chanter en lui demandant de proférer de fausses accusations contre certains militants des Droits de l’Homme en échange de sa liberté, notamment contre Nabil Rajab...Comme elle a refusé, elle n’a pas été libérée, et ce malgré la décision du procureur général de la relacher.
Puis elle a été remise en liberté pour ensuite être reconduite en prison suite à une décision du tribunal.
Zahraa a mis au monde l’année dernière d’un bébé prématuré qui a besoin de soins intensifs, mais elle est toujours détenue dans les geôles bahreinis.