L’écrivain russe Zakhar Prilepine, dont presque toutes les oeuvres ont été traduites en français, note de sérieux changements de perception des réalités russes par le public local et des journalistes.
L'écrivain russe Zakhar Prilepine (*), dont presque toutes les oeuvres ont été traduites en français, note de sérieux changements de perception des réalités russes par le public local et des journalistes.
"Je me suis rendu en France pour la première fois en 2005 et depuis, je visite ce pays magique deux à trois fois par an. Pratiquement tous mes livres ont été traduits en français, et dans l'ensemble l'intérêt pour la Russie y est de longue date et très sincère", a écrit l'écrivain russe Zakhar Prilepine sur sa page Facebook.
Il constate que quarante traductions du russe paraissent chaque année en France, dont la moitié sont consacrées au "stalinisme" et à d'autres horreurs du pouvoir soviétique.
"J'en ai parlé hier devant le public français, en ajoutant que l'intérêt, en Russie, pour la littérature dénonciatrice sur l'Allemagne, dont l'Allemagne fasciste, qui plus est sur la France ou la Pologne, était pratiquement nul. Nous ne cherchons pas à nous prouver que nos voisins sur la planète sont des engeances infernales", écrit Zakhar Prilepine.
Selon lui, les Français ont écouté et n'ont pas exprimé d'objections. En revanche, l'écrivain a noté de sérieux changements de perception des réalités russes par le public local et certains journalistes.
"Il est clair que la principale tendance reste identique: "Poutine-tyran", "pays-agresseur", "pourvu qu'on fasse la guerre", "sans espoir pour la démocratie", etc. Mais tout de même, au cours de mes interventions antérieures, je ne cherchais qu'à m'expliquer ou à me justifier concernant la Tchétchénie ou encore l'Abkhazie – parce que le public l'exigeait: "Quand arrêterez-vous d'offenser des petits peuples? Qu'est-ce que c'est que ça? Et les gays? Et Pussy Riot?", rapporte l'auteur.
Ce dernier déclare que cette fois, sa visite était très différente. En trois jours, Zakhar Prilepine a été approché par une cinquantaine de Français qui ont, à leur manière, déclaré: c'est avec espoir que nous regardons "votre pays, votre Russie – grande et sacrée, c'est très bien que vous veniez dire toute la vérité, parce que nos médias nous mentent à tout bout de champ".
"Évidemment, de nombreuses questions ont été posées concernant le Donbass, j'ai accordé quelques interviews à ce sujet. J'ai vraiment eu l'impression que les journalistes français et l'intelligentsia française – ceux à qui j'ai parlé – étaient encore plus radicaux que moi. C'est amusant", conclut Zakhar Prilepine.
Source: Sputnik
*Zakhar Prilepine s'est rendu en septembre 2014 en Nouvelle-Russie à titre de correspondant de guerre. Ses notes ont été publiées dans plusieurs journaux.
Fin octobre 2014, Zakhar Prilepine lance un appel à l'aide au profit de Nouvelle-Russie en s'adressant à ses lecteurs. Trois millions de roubles (environ 75 000 euros) ont été réunis en trois jours. Zakhar Prilepine a transporté des affaires, de la nourriture et des médicaments achetés pour la population civile, ainsi que des équipements pour les insurgés, dans sa propre voiture en tête du convoi humanitaire. De plus, à l'invitation de Zakhar Prilepine, le musicien Alexandre Skliar a donné plusieurs concerts pour les habitants de Lougansk.
En octobre 2014, Zakhar Prilepine est entré dans le top-100 du magazine Rousski reporter (Reporter russe). En novembre, il s'est placé huitième dans la liste des politiciens les plus prometteurs de Russie.