Le Liban commémore ce lundi le premier anniversaire du décès de Sayed Fadlallah
Une fois on demanda à son Eminence pourquoi appelle-t-il à aimer les ennemis ? Sa réponse fut : «Nous ne combattons pas l’homme en l’ennemi, mais nous combattons son animosité ».
Tel était le point central de l’esprit du grand ayatollah, le défunt Sayed Mohammad Hussein Fadlallah : un appel à aimer l’autre, puisqu’à travers cet amour, l’Humanité assure sa survie et son essor dans la bonne direction.
Le Liban commémore ce lundi le premier anniversaire du décès de ce grand religieux érudit chiite. Tout au long des rues de la banlieue sud de Beyrouth, des effigies comprenant sa photo et ses nombreuses citations politiques, religieuses et sociales ont été disséminées en son honneur.
Pour tous ceux qui l’aiment et qui apprécient son rôle de guide spirituel ouvert à toutes les communautés religieuses du Liban, voire du monde entier, son départ n’a certes pas mis fin à son apport scientifique et social.
Sa biographie :
Le 2 novembre 1935 fut la date de sa naissance à Najaf, en Irak. Son père est le grand Ayatollah Sayed Abdel Raouf Fadlallah, qui vivait à Najaf depuis près de 30 ans pour étudier et enseigner la religion. Il était son premier instructeur, et a beaucoup influencé la personnalité du jeune Mohammad Hussein. Dès son jeune âge, il a entamé ses études à l’école religieuse de la ville sainte. A l’âge de 16 ans, il commença ses études extérieures.
La plupart de ses études étaient dirigées par Sayed Abû al-Qâssim al-Khoï. Quant à Sayed Muhammad Bâqir as-Sadr, il était son collègue, il œuvrait avec lui pour retrouver un Islam contemporain et civilisé pour le proposer au monde d’une manière scientifique.
Aussitôt, il enseigna la jurisprudence islamique à la Hawza. Ses élèves venaient de toute part du monde arabo-islamique assister à ses cours. Il fut l’un des chefs religieux les plus ouverts aux courants religieux islamiques de son époque.
En 1966, il rentra au Liban où il fonda l’école religieuse de l’institut de droit islamique. Sayed Fadlallah échappa à plusieurs tentatives d’assassinat, dont la plus fameuse fut celle de la mosquée de Bir el Abed en 1985, perpétrée par les renseignements américains, la CIA, qui voulait mettre fin à la voix de la raison et de la résistance.
Il participa sans cesse à des conférences et des congrès et livra les sermons du vendredi à la tribune de la mosquée Ar-Reda et de la mosquée Al-Hassanayn dans la banlieue sud de Beyrouth.
Il concrétisa la jurisprudence et ses jugements dans un cadre réformateur pour affronter l’immobilité et l’arriération.
L’ouverture à l’autre, le dynamisme, la rationalité, le changement, la liberté et l’audace sont les piliers qui permettent de comprendre le projet jurisprudentiel réformateur de Sayed Mohammad Hussein Fadlallah.
Son action a confirmé sa volonté de réveiller la nation, la mobiliser et de la rendre vigilante et créative.
Fervent défenseur de la résistance :
Celui qui connait l’ayatollah défunt, se rappelle de ses positions en faveur de la résistance contre l’arrogance et l’oppression. Au Liban, en Palestine occupée, en Irak, en Afghanistan, et partout dans les pays du monde où les peuples sont visés par les complots de grandes puissances et sont occupés par les armées étrangères, Sayed Mohammad Hussein Fadlallah appelait à combattre l’ennemi, et à chasser l’occupant.
Lors de la guerre israélienne de juillet 2006, certains ont mis en garde Sayed Fadlallah que ses positions pro-résistance provoqueront l’effondrement de toutes ses institutions religieuses, pédagogiques et caritatives. Il répondit : « Je suis un homme qui appelle à l’adoration de Dieu, ma responsabilité consiste à se mettre du côté des causes arabo-islamiques, surtout celle de la résistance. Je campe sur ces positions même si nous devons payer le prix ».
Et lorsque son conseiller lui demanda de quitter la banlieue sud de la capitale pour se réfugier à Damas, le deuxième jour de la guerre, le défunt ayatollah refusa catégoriquement l’offre : « je n’abandonne pas les gens ».
Pour lui, la journée d’alQods doit être commémorée chaque année, pour rejeter l’injustice qui a frappé cette terre sainte à cause des Croisades et de l'occupation sioniste. Il a toujours appelé à faire de cette cause la question primordiale qui occupe la nation arabo-islamique.
Sa pensée :
Sayed Fadlallah était toujours soucieux de l’unité des musulmans, de la protection de la résistance et de la Palestine. Alors qu’il agonisait, l’un de ses conseillers lui demandait s’il se sentait à l’aise. Il réagit : « je ne me reposerai que lorsqu’Israël disparaitra ».
Par ailleurs, il appelait sans cesse au dialogue, comme moyen unique à l’entente et à la compréhension mutuelle entre les peuples. Le dialogue était en effet le thème principal de ses études supérieures.
Dans l’une de ses interviews, Sayed Fadlallah affirma qu’il partageait presque les mêmes idées religieuses et politiques que celle du guide de la Révolution islamique en Iran l’ayatollah l’imam Khomeiny, notamment celles ayant trait à l’unité islamique, à l’ouverture au monde musulman et aux autres courants spirituels et religieux, et à la lutte contre l’arrogance mondiale représentée par les Etats-Unis.
Ses positions sur le Liban :
Pour le défunt Sayed Fadlallah, le régime confessionnel empêche le Libanais de se sentir citoyen parce que tout individu est attaché en premier lieu à sa communauté confessionnelle. Cette réalité a permis selon lui à plusieurs pays occidentaux et aux Etats-Unis de s’ingérer dans les affaires locales du Liban, pour y semer la division et provoquer des combats.
Mais il considère également que le Liban est le seul pays dans la région qui dispose de liberté, qu’il s’agisse de la liberté de pensée, ou de la liberté politique et économique. « C’est pour cela que cette liberté est devenue, sous l’effet de certaines ingérences intérieures et extérieures, semblable au chaos », déplore-t-il .
Il a également accusé les Etats-Unis de profiter de cette réalité pour réaliser leurs projets contre la Syrie et l’Iran.
Institutions caritatives :
Pour ce qui est de ses institutions culturelles et pédagogiques dirigées par l’Association Caritative al-Mabarrât, celles-ci ont été fondées pour aider les démunis, les pauvres, les orphelins, les handicapés, et tous les gens nécessiteux.
En effet, les institutions fondées par l’ayatollah Sayed Fadlallah et financées par des donateurs de par le monde sont réparties sur toute l’étendue du territoire libanais, et offre leurs aides à tous les Libanais, qu’ils soient musulmans ou chrétiens.
Bref, en ce jour de commémoration du décès de Sayed Fadlallah, nous ne pouvons que témoigner que la voix de ce leader retentit à chaque échéance et devant chaque défi.