Les deux parties n’ont pas la même vision de la mise en oeuvre de la résolution 1973 qui a autorisé le recours à la force en Libye.
La Russie et l\'Otan ne sont pas parvenues lundi à régler leurs différends sur les bombardements de l'Otan en Libye, à l\'issue d\'une réunion du conseil Russie-Otan à laquelle a participé le président sud-africain, partisan, comme Moscou, d'une solution pacifique.
"Pour le moment, nous n'avons pas la même vision que l\'Otan sur la manière de mettre en œuvre cette résolution", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d\'une conférence de presse, en évoquant la résolution 1973 qui a autorisé le recours à la force en Libye.
M. Lavrov et le président russe Dmitri Medvedev ont participé à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, à une réunion du Conseil Russie-Otan au niveau des représentants permanents, avec le secrétaire général de l\'Alliance Anders Fogh Rasmussen et les ambassadeurs des 28 Etats membres de l'organisation.
A l'Otan, "ils ont une opinion différente, selon laquelle la résolution
1973 permet à n'importe qui de faire n'importe quoi", a renchéri M. Lavrov, faisant notamment référence à la livraison par la France d\'armes aux rebelles libyens.
La Russie n'avait pas fait usage de son droit de veto mais s'était abstenue en février au Conseil de sécurité concernant la résolution 1973. Moscou a ensuite rapidement dénoncé l'interprétation faite par l'Otan de cette résolution.
Signe que les divergences restent entières, M. Rasmussen a estimé de son côté que "jusqu'à présent", la résolution a été mise en œuvre "avec succès" et a souligné que la livraison d'armes entrait dans le cadre de la résolution.
Le président sud-africain Jacob Zuma, partisan comme Moscou d'une résolution pacifique du conflit, a également participé aux entretiens, a précisé M. Lavrov.
Plus tôt dans la journée, il s'était entretenu avec M. Medvedev et les deux hommes avaient affiché leur volonté de faire entendre leur voix auprès de l'Otan.
"J'aimerais que (les représentants de l'Otan) entendent, à la fois de ma part et peut-être de la vôtre, Monsieur le Président (Zuma), ce qui se passe dans ce pays", la Libye, avait déclaré le président russe.
Les deux pays cherchent à jouer un rôle de médiateur dans le conflit.
La semaine dernière, l'Union Africaine a adopté un texte qui doit servir de base à des négociations futures entre les parties libyennes.
Ce texte prévoit d'écarter le colonel Mouammar Kadhafi des négociations, tout en refusant d'appliquer le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le dirigeant libyen pour crimes contre l'humanité.
En outre, le document n'appelle pas explicitement le colonel Kadhafi à céder le pouvoir. Il prévoit par ailleurs le déploiement d'une "force de maintien de la paix".
Les rebelles ont rejeté dimanche cet accord-cadre car il "n'inclut pas le départ de Kadhafi, de ses fils et de son cercle rapproché", a expliqué Abdel Hafiz Ghoga, un de leurs porte-parole.
Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 41 ans, répète qu'il ne cèdera pas à la pression militaro-diplomatique.
Son fils aîné, Mohamed Kadhafi, a de surcroît accusé des pays occidentaux d'avoir envoyé des commandos à Tripoli pour "éliminer physiquement" le colonel, selon le président russe de la Fédération internationale des échecs (Fide), Kirsan Ilioumjinov, en visite en Libye, cité par l'agence de presse russe Interfax.
Lundi, quatre rebelles ont été tués par des roquettes à sous-munitions, d'après des sources médicales à Misrata, à 200 kilomètres à l'est de Tripoli.
Par ailleurs, des quartiers résidentiels de cette ville ont été touchés par des roquettes lancées par les forces de Mouammar Kadhafi, selon le site des rebelles à Misrata.