Dans les coulisses du conseil de sécurité, une bataille diplomatique a opposé le Liban à la France..
Si au Liban l'émissaire français Jean-François Giraud s’est efforcé de montrer patte blanche lors de sa tournée auprès des responsables libanais sans pour autant réussir à trouver une brèche dans le dossier des élections présidentielles.
A New York, la France a montré ses griffes lors de la réunion du Conseil de sécurité concernant la riposte du Hezbollah contre l’occupation israélienne dans les hameaux de Chebaa.
Dans un article précédent que nous avons publié il y a quelques jours, nous avons dénoncé l’attitude agressive de la France au sein du Conseil de sécurité à l’égard du Liban concernant cette opération.. Opération applaudie par les peuples arabes et islamiques sans oublier les différentes factions de la résistance palestinienne.
Or, les tergiversations de la France à l’égard du Liban avaient déjà commencé dans les coulisses du Conseil.
Certes, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné dans les termes les plus forts, dans une déclaration publiée Mercredi, la mort du soldat espagnol de la FINUL tué par un canon israélien, appelant à accélérer l’enquête pour déterminer les circonstances de sa mort ..
Toutefois, une bataille diplomatique «avait déjà éclaté entre le Liban et la France durant les derniers jours et qui a conduit à l'avortement de la tentative française de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité condamnant le Hezbollah dans les termes les plus forts, pour l'opération menée par la résistance islamique dans les hameaux de Chebaa ».
Selon des sources diplomatiques à New York citées par le quotidien libanais asSafir, « le projet de déclaration proposée par Paris ne rend pas justice au Liban, voire les Français ont essayé depuis le début de faire porter au Hezbollah , et de manière exclusive , toute la responsabilité pour la tension qui a éclaté à la frontière".
Ces sources soulignent que « la France a ignoré délibérément les bombardements israéliens contre le territoire libanais et qui ont provoqué la mort du soldat espagnol dans la FINUL , mais aussi elle a refusé de condamner l'agression israélienne ou de la considérer comme une violation de la résolution 1701 ».
Toujours selon asSafir, Paris a, dans un premier temps, cherché à faire adopter un projet de déclaration au Conseil de sécurité sans consulter le Liban, mais en raison de l'opposition de certains Etats membres du Conseil notamment la Russie, et aux efforts déployés par le ministère libanais des Affaires étrangères, le projet n’est pas passé .
Paris a alors contacté les responsables libanais, à travers des canaux diplomatiques, pour les persuader de leur projet de déclaration. La France espérait ainsi qu’en cas de réponse positive, les autres pays du Conseil de sécurité n’oseraient pas s’opposer à la volonté libanaise, sachant que la déclaration présidentielle doit être approuvée par les 15 des membres.
En fait, Paris a contacté le Premier ministre et le ministère des Affaires étrangères ainsi que le représentant du Liban auprès de l'Organisation des Nations Unies : sa proposition a été accueillie par un refus catégorique à tous les niveaux officiels.
Parallèlement le Liban renforçait ses amitiés avec un certain nombre de membres du Conseil de sécurité dans le but de fortifier la position libanaise et empêcher la France de faire passer son projet .
Or, le Liban a proposé à la France trois options: soit pas de déclaration, soit une déclaration équilibrée, et soit une déclaration condamnent le meurtre du soldat espagnol de la «FINUL».
Au cours des négociations, la partie libanaise a vilipendé la partie français : «Pourquoi vous vous acharnez à jouer le rôle de celui qui transmet des messages agressifs au Liban, de celui qui cherche à lui causer du tort à travers une déclaration partiale? Comment pouvez-vous ignorer la mort d’un soldat de la FINUL causée directement par Israël ?Ne savez-vous pas que votre refus de reconnaitre la violation de la souveraineté libanaise et les encourage par Israël l’encourage à poursuivre ces violations ? Est-ce que vous vous rendez-compte qu'en ignorant le meurtre du soldat espagnol, vous mettez en danger d'autres soldats des forces internationales et peut-être les forces françaises? »
Face à la détermination du Liban, et la volonté d'un bon nombre d'Etats membres du Conseil de sécurité des Nations Unies de ne pas donner suite à son projet, la proposition française est tombée à l’eau et une déclaration condamnant l'assassinat du soldat espagnol a été approuvée : une accusation implicite contre Israël.