29-04-2024 05:05 PM Jerusalem Timing

Berlin affiche son "désaccord" avec la Grèce qu’elle renvoie à la troïka

Berlin affiche son

Des milliers protestent à Athènes contre le chantage.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schauble a affiché jeudi à Berlin ses "désaccords" avec son homologue grec Yanis Varoufakis, auquel il a enjoint de reprendre les négociations avec la troïka (UE, BCE, FMI) malgré le rejet de cette dernière par Athènes.

Vendredi, M. Varoufakis, de retour dans la capitale grecque, doit recevoir une délégation du Trésor américain menée par le vice-secrétaire adjoint du Trésor chargé des affaires européennes, Daleep Singh.

La tournée européenne du ministre des Finances s'achève ainsi sans éclaircie pour une Grèce aux abois d'autant que la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de couper l'accès des banques grecques à l'un de leurs canaux de financement.

"Nous ne sommes pas encore vraiment d'accord sur ce que nous devons faire maintenant", a reconnu M. Schauble au cours d'une conférence de presse commune.

"De mon point de vue, nous ne sommes même pas tombés d'accord sur le fait de ne pas être d'accord", a-t-il dit, "nous sommes d'accord pour commencer des délibérations, en tant que partenaires". Autant dire pas grand chose, alors que la situation financière d'Athènes paraît de plus en plus délicate au lendemain de la décision de la BCE qui coupe une partie de leurs vivres aux banques grecques.

M. Schauble, vétéran de la politique européenne et ardent défenseur de l'orthodoxie budgétaire, n'a pas fait mystère non plus de son "scepticisme" à l'égard des mesures déjà annoncées par Athènes - arrêt des privatisations, réembauche de fonctionnaires - qui "ne vont pas forcément dans la bonne direction".    

'Pas de chantage'  

M. Varoufakis était auparavant passé par Francfort au siège de la BCE, Rome, Paris et Londres tandis que le Premier ministre Alexis Tsipras était à Rome, Bruxelles et Paris. Objectif : convaincre les Européens de renégocier la dette de 300 milliards d'euros - dont près de 200 milliards détenus par les Européens - et de laisser Athènes en finir avec la rigueur.

En fin de parcours, le bilan n'est pas très convaincant. Une décote de la dette grecque n'est "pas d'actualité", a asséné M. Schauble.

M. Schauble a enjoint Athènes à continuer à négocier avec la troïka, représentante des créanciers de la Grèce, qui ne veut plus avoir affaire à elle. Toutefois le FMI a affirmé n'avoir eu à ce stade "aucune discussion" avec la Grèce.

Les Européens devraient entrer dans le vif du sujet la semaine prochaine au Sommet de l'UE à Bruxelles le 12 février.

A Athènes, une source gouvernementale a assuré que la Grèce "ne souhaitait exercer de chantage sur personne mais n'a pas l'intention d'accepter elle-même un chantage". 

Des manifestants contre le chantage

A Athènes, jeudi soir des milliers de Grecs se sont rassemblées spontanément pour protester contre la décision de la BCE et soutenir le gouvernement.

Les manifestants, environ 5.000 selon la police, se sont rassemblés en silence et sans banderole sur la place Syntagma devant le parlement, théâtre de grandes manifestations anti-austérité ces dernières années, pour montrer "leur soutien" au gouvernement de gauche Syriza qui "ose défendre les intérêts" des Grecs, ont indiqué de nombreux manifestants à l'AFP.

   "Aucun chantage ! Dignité maintenant", proclamait notamment l'appel à manifester posté sur Facebook.

A Thessalonique, deuxième ville grecque dans le nord du pays, environ 500 personnes se sont rassemblées pour scander "Non au chantage" de la BCE, selon une banderole des manifestants.

Il est à noter que la bourse d'Athènes a fini en forte baisse jeudi (-3,37%) après un recul de 9% à l'ouverture.