Objectif: limiter la hausse de la température mondiale à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle
Les négociations sur le climat reprennent dimanche à Genève, première réunion formelle depuis deux mois, destinée à préparer le texte du grand accord que doivent signer en décembre à Paris 195 Etats, toujours divisés sur plusieurs points clés.
Ces discussions intermédiaires, sous l'égide de l'Onu, visent à aboutir en fin d'année à l'accord le plus ambitieux jamais signé pour lutter contre le réchauffement climatique, entente universelle devant prendre le relais du protocole de Kyoto pour l'après-2020.
Elles doivent s'ouvrir à 09H00 GMT par une séance plénière avant de laisser place aux sessions de travail à huis clos. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius sera présent en fin de journée "pour faire le point des négociations sur l'avancement du futur accord".
"La session de Genève étant la seule session de négociation d'ici mai, son objectif est de produire le texte de négociation le 13 février" à l'issue des travaux, ont souligné dans une note les deux co-présidents des débats, l'Algérien Ahmed Djoghlaf et l'Américain Daniel Reifsnyder, appelant à des discussions "constructives".
L'objectif est connu: il faut limiter la hausse de la température mondiale à +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, faute de quoi la science prévoit un dérèglement climatique lourd de conséquences sur les écosystèmes, les sociétés et les économies, en particulier des régions les plus pauvres.
Or au rythme actuel, le monde file vers +4 à 5° à la fin du siècle si aucune mesure draconienne n'est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, liées notamment à l'usage massif d'énergies fossiles.
Lundi encore, l'Organisation météorologique mondiale confirmait que l'année 2014 avait été la plus chaude jamais enregistrée sur la terre, suivant une tendance de fond.
"Nous devons déclencher une profonde +é-carbonisation+ de l'économie mondiale et pour finir atteindre dans la seconde moitié de ce siècle la +neutralité climatique+", c'est-à-dire un équilibre entre les émissions et la capacité de la terre à les absorber, explique la responsable climat de l'Onu Christiana Figueres.
Pour autant, Mme Figueres a d'ores et déjà prévenu qu'il ne fallait pas attendre de Genève un texte finalisé, mais plutôt espérer un document reflétant un peu mieux les points communs.
"Nous espérons que les gouvernements seront capables de travailler ensemble pour produire un texte plus gérable. Ce n'est jamais garanti", a-t-elle dit.
'Confiance entre gouvernements'
De fait, les Etats se divisent autour des moyens à mettre en œuvre, comme le reflète le brouillon d'accord de 37 pages qui sera étudié à Genève, et qui propose un éventail d'options sur des questions-clé.
Comment répartir la charge des réductions d'émissions entre pays du Nord et pays du Sud, nations vulnérables, moins préparées, en demande d'énergie? Quelle place réserver aux grands pays émergents: Chine, Inde...?
Les pays en développement attendent aussi des développés qu'ils mobilisent les fonds promis pour financer à la fois les mesures d'adaptation et de lutte contre le réchauffement climatique (100 milliard de dollars annuels d'ici 2020).
"Nous devons nous assurer que cet accord soit non seulement ambitieux et tourné vers l'avenir, mais aussi juste et équitable," a déclaré, à la veille de la réunion, le président du groupe des pays les moins avancés (LDC).
Parallèlement aux négociations, les Etats sont invités à communiquer au cours de l'année leurs engagements en matière de coupes dans leurs émissions.
Inconnue du futur accord: quel mécanisme de révision et de progression pour ces engagements, à ce stade insuffisants pour tenir la trajectoire des 2°?
Et puis quelle forme juridique donner à la future entente de Paris? Et quelle action nouvelle pour la période 2015-2020, que les scientifiques considèrent comme critique?
"Renforcer la confiance entre gouvernements" sera un point critique, souligne le Fonds mondial pour la nature (WWF), doté du statut d'observateur aux débats, pour qui l'urgence impose désormais à chacun de "sortir de sa routine".