La livre turque est victime de la politique de la banque centrale américaine.
La livre turque a franchi mardi un nouveau plus bas niveau historique par rapport au dollar, passant la barre des 2,50 livres (LT) pour un dollar, victime notamment de la politique monétaire américaine de soutien au dollar.
Après l'avoir frôlé lundi, la devise turque a franchi mardi après-midi ce seuil psychologique avant de repasser juste au-dessous en fin de journée. A la fermeture des marchés turcs, elle s'échangeait autour de 2,495 LT pour un dollar, en baisse de 0,8% par rapport à la veille.
La monnaie turque a aussi reculé face la devise européenne autour de 2,83 LT pour un euro, en recul de 0,8%.
La livre turque est victime de la politique de la banque centrale américaine (Fed), qui a laissé entendre qu'elle relèverait dans les mois à venir ses taux d'intérêt et, de fait, provoqué une hausse du dollar par rapport aux autres devises.
Elle subit en outre depuis plusieurs semaines les conséquences négatives du bras de fer qui oppose le régime islamo-conservateur d'Ankara et sa Banque centrale au sujet des taux d'intérêt.
L'institution monétaire a procédé le 20 janvier, sous la pression du gouvernement, à une baisse modérée de son principal taux directeur de 8,25 à 7,75% aussitôt vivement dénoncée par le président Recep Tayyip Erdogan.
Le chef de l'Etat milite pour une baisse rapide et massive des taux d'intérêt afin de protéger la croissance dans la perspective des législatives de juin. La Banque centrale s'y est jusque-là refusée tant que l'inflation n'a pas retrouvé des niveaux acceptables.
L'institution monétaire avait décrété une forte hausse de ses taux il y a un an pour enrayer la dégringolade de la monnaie turque.
Interrogé sur la chute de la livre, le vice-Premier ministre turc en charge de l'économie Ali Babacan s'est refusé à toute spéculation sur les décisions que pourrait prendre l'institution financière, en principe indépendante, pour y remédier.
"Pour des raisons de stabilité des prix et d'objectif en matière d'inflation, notre Banque centrale surveille de près les taux d'intérêt. Mais en tant que membre du gouvernement, je ne suis pas en position d'en dire plus sur les idées de la Banque centrale en matière de taux de change", a déclaré M. Babacan à la presse en clôture d'une réunion du G20 à Istanbul.
Lundi, le même M. Babacan avait manifesté, à rebours du président Erdogan, sa confiance en la Banque centrale. "Nous pensons qu'ils font les bonnes choses au bon moment", avait-il ajouté, se réjouissant de la "communication plus étroite" entre les autorités monétaires et politiques.
La prochaine réunion de la Banque centrale turque au sujet des taux est prévue le 24 février.