La Maison Blanche veut 3 ans de guerre contre Daesh.
Les Etats-Unis estiment que 20.000 étrangers de 90 pays ont rejoint la Syrie pour combattre, arrivant sur place à un rythme "sans précédent", selon un haut responsable du renseignement américain.
L'estimation est légèrement supérieure à celle fournie jusqu'à présent de 19.000 étrangers, selon le Centre national antiterroriste (NCTC).
Le rythme des arrivées est "sans précédent", y compris par comparaison avec d'autres lieux de conflit comme l'Afghanistan et le Pakistan, l'Irak, le Yémen ou la Somalie, a indiqué Nicolas Rasmussen, directeur du NCTC, dans un témoignage écrit rendu public avant son audition mercredi devant la commission de la Sécurité intérieure de la chambre des Représentants.
"Nous estimons qu'au moins 3.400 de ces combattants étrangers viennent de pays occidentaux, dont 150 Américains", a estimé M. Rasmussen.
Le nombre d'aspirants au voyage augmente lui aussi, a-t-il poursuivi, notant que "la majorité" de ceux qui partent en ce moment vont rejoindre les rangs du groupe takfiriste Daesh (EI) en Syrie et en Irak.
"Les tendances sont claires et inquiétantes", a-t-il estimé.
La Maison Blanche veut 3 ans de guerre contre Daesh
Entre-temps, Barack Obama s'apprête à formellement demander au Congrès américain de pouvoir poursuivre les opérations militaires pendant trois ans contre Daesh, ont rapporté des sénateurs américains mardi.
Le secrétaire général et le directeur juridique de la Maison Blanche ont présenté aux sénateurs démocrates, à huis clos, les principes du texte formel d'"autorisation d'usage de la force militaire" contre Daesh que l'exécutif doit déposer très prochainement au Congrès, peut-être dès cette semaine.
Le président et commandant en chef américain s'est passé jusqu'à présent de ce document politique, en affirmant qu'il disposait déjà du pouvoir nécessaire pour ordonner la campagne aérienne et déployer des milliers de conseillers militaires en Irak.
Mais afin d'apaiser ceux qui estiment la guerre "illégale", et de solidifier le soutien politique du Congrès, il a accepté de solliciter le vote d'une "autorisation".
Il s'agit en fait d'un texte définissant les limites de l'engagement militaire américain, qui devra être débattu, amendé et adopté par le Congrès pour qu'il contraigne le Pentagone.
Parmi les paramètres envisagés par la Maison Blanche figurent, selon plusieurs sénateurs démocrates dont Dianne Feinstein:
- une durée de trois ans;
- pas de limitation géographique à l'intervention, afin de prendre en compte les mouvements de Daesh dans la région;
- l'envoi de forces spéciales serait possible, et le texte ne prévoirait "pas de combats offensifs durables", selon le démocrate Robert Menendez, une formulation à ce stade ambiguë qui semble laisser la porte ouverte au déploiement ponctuel de soldats dans une fonction autre que de conseil et d'assistance.
"Le défi pour que cette autorisation soit largement approuvée par les deux partis est de trouver le bon équilibre entre un texte trop large qui puisse être utilisé pour un conflit prolongé et sans fin, et une autorisation qui donne au président les moyens de vaincre l'EI", a expliqué Robert Menendez.
Le chef de la minorité démocrate, Harry Reid, a prévenu les journalistes qu'il ne s'agissait que d'une "salve d'ouverture" et que le texte n'était pas encore finalisé.
Selon Bob Corker, président républicain de la commission des Affaires étrangères, la Maison Blanche pourrait soumettre dès cette semaine sa demande d'autorisation. Des auditions auraient ensuite lieu après les congés parlementaires de la semaine prochaine.
La tâche de Barack Obama est délicate: il lui faut dégager, dans un Congrès ultra-partisan, un consensus politique afin de démontrer l'unité politique des Etats-Unis face à la menace de Daesh.
Mais dans un retournement des allégeances partisanes, la plupart des républicains souhaitent lier le moins possible les mains du président américain, tandis que de nombreux démocrates traumatisés par la guerre d'Irak poussent pour un texte interdisant l'envoi de troupes de combats et ajoutant des restrictions géographiques ou temporelles.
Avec AFP