L’annonce de la visite de Nikos Kotzias à Moscou a été une surprise même pour les diplomates grecs.
Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Kotzias sera aujourd'hui à Moscou pour s'entretenir avec son homologue russe Sergueï Lavrov, écrit mercredi 11 février le quotidien Kommersant.
Le nouveau gouvernement grec d'Alexis Tsipras revendique le rôle de pont entre la Russie et l'Occident. Les experts sont persuadés qu'Athènes a l'intention de manœuvrer entre Moscou et Bruxelles pour se rapprocher au maximum de la Russie dans la mesure où cela n'entrave pas les négociations avec ses trois créanciers.
L'annonce de la visite de Nikos Kotzias à Moscou a été une surprise même pour les diplomates grecs. Selon certaines informations, le personnel de l'ambassade de Grèce en Russie en a été informé seulement lundi. Le ministre grec arrivera à Moscou de Berlin, où il a rencontré hier le ministère allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.
Durant leur entretien, Nikos Kotzias et Sergueï Lavrov aborderont des questions aussi bien économiques que politiques. "Il sera en particulier question du gazoduc Turkish Stream. Si ce projet voyait le jour, la Grèce et la Turquie se transformeraient en vendeurs de gaz à l'UE. Hormis le profit économique pour les deux pays, cette configuration aurait également des bénéfices géopolitiques: les relations entre Athènes et Ankara seraient bien plus prévisibles", prédit Alexandre Rytov de l'Institut d'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie.
Le thème clé pour Moscou, à l'heure actuelle, reste la guerre de sanctions. Le nouveau premier ministre grec Alexis Tsipras et Nikos Kotzias se sont publiquement opposés à plusieurs reprises à ce que l'UE perçoive la Russie comme un ennemi. Ils affirment que la Grèce pourrait devenir "un pont entre Moscou et l'Occident". Cependant, ni le 29 janvier ni le 9 février, quand les ministères des Affaires étrangères de l'UE se sont réunis à Bruxelles, Kotzias n'a bloqué la décision de prolonger et d'élargir les sanctions contre la Russie.
"Le gouvernement grec manœuvre activement pour que les deux parties en conflit (la Russie et l'Occident) gardent leurs portes ouvertes pour prendre des décisions positives. Les récentes propositions de sanctions ne sont pas radicales, par conséquent la Grèce a estimé possible de céder cette fois-là aux autres membres de l'UE", note Alexandre Rytov.
Le gouvernement de Tsipras est aujourd'hui prêt à remplir près de 70% des engagements inscrits dans l'accord avec la troïka des créanciers de la Grèce. Les autres termes doivent être revus. Le plan de Tsipras pour le pays implique l'augmentation du salaire minimum, une réforme fiscale, une aide alimentaire aux personnes démunies, une augmentation de la limite autorisée de l'émission des bons du Trésor, la réembauche de 3 500 fonctionnaires licenciés plus tôt dans le cadre du programme de réduction des dépenses. Ces propositions seront évoquées aujourd'hui à Bruxelles à la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe).
Dans ce contexte, le gouvernement grec a annoncé l'existence d'un plan alternatif. "Nous voulons passer un accord. Mais si notre appel n'était pas entendu et si nous constations que l'Allemagne reste intransigeante et souhaite déchirer l'Europe en morceaux, nous serions contraints de recourir au plan B", a déclaré le ministre de la Défense Panos Kammenos, expliquant qu'il pourrait s'agir de la possibilité d'obtenir des fonds des USA, de la Russie, de la Chine et d'autres pays.
Sputnik