Aux Etats-Unis, plusieurs milliers de personnes ont dénoncé l’intolérance et réclamer une enquête approfondie.
Plusieurs milliers de personnes ont assisté jeudi à l'enterrement des trois étudiants musulmans assassinés mardi à Chapel Hill (sud-est des Etats-Unis) par un homme opposé à toute religion, un crime qui a suscité l'indignation dans plusieurs pays musulmans.
Plus de 5.000 personnes se sont rassemblées à Raleigh, près de Chapel Hill, pour les funérailles de deux soeurs, Yusor Abou-Salha, 21 ans, et Razan Abou-Salha, 19 ans, et du mari de Yusor, Deah Shaddy Barakat, 23 ans, tués par balles mardi soir dans leur appartement. Le couple s'était marié en décembre.
Les familles des victimes affirment qu'il s'agit d'un crime "motivé par la haine" tandis que la femme du suspect Karen Hicks prétend que l'assassinat n'a "rien à voir avec la religion" et évoque des "disputes récurrentes" au sujet du parking de l'immeuble dans lequel habitaient le meurtrier présumé et ses victimes.
L'auteur présumé du triple meurtre, Craig Stephen Hicks, 46 ans, s'est rendu à la police après la fusillade et a été incarcéré dans la prison de Durham. Il est poursuivi pour assassinat et risque la peine de mort ou la prison à perpétuité.
"Nous sommes absolument certains que nos filles ont été tuées à cause de leur religion", a affirmé jeudi le père des deux soeurs, Mohammad Abou-Salha.
"Ce n'est pas une dispute de parking, ces enfants ont été exécutés par balles dans la nuque", a-t-il expliqué.
"C'est un crime motivé par la haine depuis le début", a-t-il ajouté plus tard devant les trois cercueils, expliquant qu'Yusor s'était plaint d'être harcelée par Hicks, qui leur parlait avec son pistolet à la ceinture.
"Islamophobie"
"Ca attise déjà les peurs. J'ai reçu des dizaines d'appels", a réagi le directeur du Conseil des relations américano-musulmanes (CAIR), Nihad Awad.
"Les gens sont très inquiets de ce qui est arrivé. Ils pensent que c'est un crime de haine prémédité", a-t-il rapporté à l'AFP.
Dans plusieurs pays musulmans, dignitaires ou responsables politiques ont exprimé leur vive indignation et critiqué notamment la prudence des médias, en la comparant à la couverture habituellement moins timide réservée aux attaques commises par des musulmans.
Ibrahim Negm, l'assistant du Grand Mufti d'Egypte, a qualifié le meurtre d'"attaque terroriste" et dénoncé "le silence des médias américains".
"Est-ce que les dirigeants du monde entier vont se rassembler en leur mémoire ?", s'est demandé le secrétaire général de l'Union internationale des savants musulmans, basée au Qatar, Ali al-Qaradaghi, en référence à la manifestation massive du 11 janvier qui avait suivi les attaques meurtrières de Paris contre Charlie Hebdo et un magasin casher.
Le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a dénoncé une "campagne sauvage dont sont victimes des (...) personnes de confession musulmane (...) dans certains pays occidentaux".
Dans la bande de Gaza, des dizaines de manifestants ont protesté contre la couverture médiatique du drame. "Ce qui s'est passé est un acte raciste", a estimé Saïd Al-Hathom, porte-parole d'un mouvement d'étudiants lié au Hamas.
Aux Etats-Unis, plusieurs milliers de personnes ont participé mercredi à une veillée dans la ville pour rendre hommage aux jeunes gens, dénoncer l'intolérance et réclamer une enquête approfondie.
Sur sa page Facebook, l’assassin s'affiche comme un antireligieux convaincu: "Etant donné les énormes dégâts que votre religion a faits dans ce monde, je dirais que j'ai non seulement le droit, mais aussi le devoir, de l'insulter", écrit-il, s'en prenant indistinctement aux musulmans, aux chrétiens et aux juifs.
Dans la justice américaine, le qualificatif de "crime de haine" est un facteur aggravant à toute infraction (meurtre, viol...) qui serait motivée par la race, la religion, l'ethnicité, l'orientation sexuelle ou le handicap.
Avec AFP