"l’islamophobie est profondément enracinée dans la culture française" selon un rapport du CCIF.
Un nouveau rapport du principal organisme de surveillance de l'islamophobie en France révèle que les discriminations et les violences contre les musulmans ont augmenté de 70% dans le mois qui a suivi l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo.
Dans son rapport annuel, le Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF) signale également que le racisme anti-musulman a augmenté de 11% sur l'ensemble de l’année 2014.
Depuis janvier, 7 mosquées de plus ont été profanées; il y en avait eu 33 en tout l'année précédente. Le nombre total d'attaques physiques a déjà atteint près de la moitié du total de 2014, dont un meurtre attribué au fanatisme anti-musulman.
Le CCIF a enregistré 764 actes islamophobes en 2014, à comparer avec les 691 de 2013. Dans près de 77% des cas, il s’agit de discrimination au travail, à l'école ou dans un cadre institutionnel, ce qui amène le rapport à conclure que l'islamophobie est profondément enracinée dans la culture française.
"Notre plus grande difficulté est que l'Etat reste tout simplement passif quand il s’agit d'islamophobie," a dit Lila Charef, conseiller juridique du Collectif, à Press TV. "L’état refuse d'intervenir, même à petite échelle, par exemple en condamnant officiellement des actes précis de discrimination."
Aucune protection pour les musulmans
Bien qu'il existe des lois extrêmement précises contre l'antisémitisme et le racisme, il n'y a pas de lois qui protègent explicitement les musulmans. Malgré l'augmentation de la violence contre les citoyens musulmans, il n'y a pas de soutien politique manifeste en faveur de la mise en place d’une telle protection. Ce n’est que tout récemment que l'islamophobie a commencé à être reconnue par l’opinion publique comme une forme de discrimination qui pourrait peut-être exister dans une France censément laïque.
"L’islamophobie n’est tout simplement pas prise au sérieux en France", a déclaré Thierry Vincent, un journaliste indépendant qui a participé à la conférence de presse du CCIF. "Sous couvert de laïcité*, nous avons, à mon avis, toléré beaucoup trop d'actes islamophobes et de propos racistes pendant trop longtemps, et ce fait n’est pas vraiment pris en compte par nos médias."
Il y avait très peu de journalistes à la conférence de presse et seulement deux ou trois représentants des grands médias français. Cela n’intéresse pas les médias mainstream de France, et pourtant il s‘agit là d’une vague historique de violences, de profanations de mosquées et d'arrestations de masse pour "apologie du terrorisme" comme ils disent, qui ciblent aussi les musulmans et ceux qui les soutiennent.
"Nos médias ont tendance à être islamophobes parce que les journalistes sont en général de gauche ou de centre-gauche, et qu’ils sont très hostiles à la religion d’une manière générale, et à l'islam en particulier», a ajouté Vincent. "Je ne suis pas surpris par l'absence de couverture médiatique ici aujourd'hui, mais c’est vraiment dommage."
Le CCIF souligne qu’en 2014, 82% des victimes étaient des femmes dont beaucoup étaient enceintes ou accompagnées de leurs enfants. Le Collectif a ajouté que les femmes musulmanes sont victimes de discrimination à tous les niveaux de leur vie, jusqu’aux fillettes à qui on interdit de porter du noir à l'école ou qu’on enjoint à porter des vêtements qui dévoilent plus leurs formes, d’après ce qu’elles disent.
Les écoles de la France ont fait l’objet de 310 plaintes pour discrimination en 2014. Malgré plusieurs années d'austérité et de coupes dans d’importants programmes sociaux qui auraient pu atténuer les inégalités économiques croissantes dans le pays, la France a récemment débloqué en toute hâte 320 millions d’euros pour que les enseignants endoctrinent les élèves sur les valeurs de la république française. Les fonds sont destinés à "rétablir" l'autorité des enseignants et à assurer certaines activités nationalistes en classe, comme le chant de "La Marseillaise", l'hymne national.
Chauvinisme
Une vague de dangereux chauvinisme accompagne la montée de l'islamophobie, et de nombreux commentateurs soulignent que les récentes attaques terroristes ont engendré une "hystérie" politique et une "chasse aux sorcières". Au moins 117 personnes ont été arrêtées pour soi-disant "apologie du terrorisme", et plusieurs d’entre elles sont passées de l’accusation, au jugement et à la condamnation à une peine de prison de plusieurs années, en seulement trois jours.
"La France se révèle, une fois de plus, incapable de considérer sa communauté musulmane comme une partie intégrante de la nation, et c’est pourquoi le nationalisme ou le patriotisme français ne peuvent inclure aucun élément musulman", a déclaré Hanan Ben Rhouma, rédacteur en chef de Saphir News, un site Web franco-musulman populaire. "Le patriotisme ne peut exclure aucun citoyen et, quand il le fait, il accentue la complaisance générale envers les discours haineux et clivants."
Les musulmans sont loin d’être la seule minorité actuellement confrontée à un niveau de racisme sans précédent en France:
851 actes anti-juifs ont été enregistrés en 2014, contre 423 l'année précédente, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France, à l’échelle du pays. Les actes de violence physique enregistrés (241) contre les Juifs étaient près de 11 fois supérieurs en nombre à ceux enregistrés contre les musulmans (22), malgré le fait que les musulmans soient dix fois plus nombreux que les Juifs.
L'an dernier, la France a expulsé quatre Roms vivant dans des bidonvilles sur cinq : le taux le plus élevé du monde, selon un rapport de la semaine dernière d'EurActiv, un média en ligne spécialisé dans les affaires européennes.
Source: presstv.ir