L’opposition a affirmé sur Twitter que les forces de police avaient tiré à la chevrotine et publié des photos de manifestants blessés.
La police bahreïnie a dispersé samedi, avec gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes, des centaines de manifestants chiites marquant le quatrième anniversaire du soulèvement contre la monarchie, l'opposition faisant état de 13 blessés.
"Avec nos âmes, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, Bahreïn", "A bas Hamad", le roi, scandaient hommes et femmes brandissant le drapeau national du royaume et des portraits de militants emprisonnés, selon des témoins se trouvant dans des villages autour de la capitale Manama.
La police, présente en masse, a tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser la foule, rassemblée à l'appel de la Coalition du 14 Février, un mouvement de jeunesse très actif sur internet.
Dans les villages chiites, la police était postée à l'entrée et sur les routes principales du pays pour empêcher les manifestants d'atteindre Manama, selon des témoins.
L'opposition a affirmé sur Twitter que les forces de police avaient tiré à la chevrotine et publié des photos de manifestants blessés samedi, faisant également état de plusieurs arrestations.
"Saisir l'occasion"
Son principal groupe, Al-Wefaq, a exhorté les manifestants à "rester attachés à la contestation non-violente et (...) s'abstenir de tout acte susceptible de menacer des vies ou des biens privés ou publics".
Dans un communiqué, cette formation a par ailleurs condamné "l'usage excessif de la force de la part des services de sécurité", faisant état de 13 blessés.
Les autorités avaient exhorté la population à "se tenir éloignée de toute activité susceptible de causer des troubles et de menacer la sécurité ou l'ordre public".
Amnesty International a déploré dans un communiqué que les "libertés fondamentales ont été progressivement réduites" à Bahreïn, appelant Manama à libérer les militants détenus, autoriser les manifestations et "demander des comptes à tous ceux responsables de violations des droits de l'Homme".
L'ONG a encore exhorté les autorités à "saisir l'occasion du 4e anniversaire du soulèvement pour annoncer de véritables réformes".
Nationalité retirée
Le chef d'Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, avait été arrêté fin décembre, déclenchant des manifestations quasi quotidiennes dans des villages chiites.
"Le mouvement a atteint sa quatrième année avec une situation qui ne fait qu'empirer, et des citoyens menacés de perdre leur nationalité d'un jour à l'autre", a twitté Al-Wefaq.
Les autorités ont retiré leur nationalité à des dizaines d'opposants ces dernières années, une mesure qui a été condamnée par les ONG des droits de l'Homme.
"Il semble y avoir peu d'espoir de progrès à Bahreïn", estime Neil Partrick, expert du Golfe pour l'Institut royal pour les études de défense et de sécurité.
Le "dialogue national" entre les différentes parties en conflit a capoté en dépit de plusieurs rounds de négociations.
Et Partrick de noter le rôle clé dans la crise de l'Arabie saoudite, pôle d'influence majeur dans la région.
"Bien qu'ils aient montré un certain intérêt dans les pourparlers internes à Bahreïn, les dirigeants saoudiens semblent laisser les éléments les plus conservateurs au sein de la famille régnante bahreïnie décider des orientations politiques du pays", estime-t-il.
Lundi, Manama a ordonné la fermeture de la chaîne de télévision Alarab du milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal, qui avait donné la parole à un opposant chiite bahreïni.