« Tuez-nous, notre peuple deviendra de plus en plus conscient de l’importance de cette résistance », a dit l’ancien secrétaire général du Hezbollah Sayed Abbas Moussaoui.
Depuis la naissance de la résistance islamique au Liban (Hezbollah : ndlr) dans les années 80, les interrogations sur son rôle et les mises en doute de son efficacité n’ont jamais tari. Combattre Israël était considéré comme un coup de folie à une époque où on n’osait même pas prononcé le nom de cette entité usurpatrice !
Les années se sont écoulées et cette résistance, composée de jeunes combattants libanais dévoués à la protection de leur pays et aspirant à sa libération du joug de l’occupation sioniste, a réalisé de grandes victoires historiques.
Ainsi, les multiples opérations militaires menées par le Hezbollah au cours des mois et des années ont asséné des coups durs à l’armée dite invincible et la plus forte du Moyen-Orient.
Presque vingt ans après le lancement de l’action de résistance à l’ennemi sioniste, le premier objectif majeur a été atteint en 2000, date du retrait israélien du Liban.
Six ans plus tard, la victoire écrasante de la résistance après une guerre israélienne de 33 jours contre le Liban a instauré une nouvelle équation de la terreur et un équilibre de force qui a imposé à l’ennemi de revoir mille fois sa décision avant de se lancer dans une attaque contre le Liban.
Aujourd’hui, et surtout après la dernière opération héroïque de Chebaa qui fut une riposte à la liquidation d’un groupe de combattants du Hezbollah à Qouneitra en Syrie, et au moment où les combats font rage dans le Golan syrien occupé, la donne a complètement changé.
Le projet expansionniste d’Israël qui aspirait à atteindre les rives du Nil et de l’Euphrate s’est rétréci en grande partie. « Israël » s’évertue désormais à protéger les frontières du territoire qu’il occupe en Palestine, et les colons ne se sentent plus en sécurité : pour eux, le Hezbollah est en train de creuser des tunnels souterrains sous leurs maisons et le jour où ses combattants feront leur apparition au cœur de leurs régions ne semble pas lointain !
Voilà donc comment, en moins de trois décennies, cette résistance a démontré au monde entier qu’elle est capable de vaincre l’ogre sioniste et de mettre à échec la majeure partie de son projet hégémonique dans la région arabe.
Culture de la mort ou de la vie ?
Toutefois, les exploits de la résistance n’ont pas été réalisés facilement : de grands sacrifices ont été consentis sur la voie de la libération et de la protection du peuple libanais. Des efforts inouïs ont été déployés pour assurer à cette résistance tous ses besoins militaires et logistiques, et l’objectif de vivre en dignité sur le sol libanais a primé toutes les autres ambitions des jeunes combattants de la résistance.
Mettre de côté une vie prometteuse pour aller au jihad reflète-t-il vraiment une culture de la mort, comme le prétendent les adversaires et récalcitrants de la résistance ?
« Repousser l’ennemi qui usurpe nos terres et qui veut imposer sa domination sur les peuples est un devoir et un honneur. C’est un devoir religieux pour quiconque obéit aux ordres divins et croit que le salut de l’Humanité passe par le respect et la mise en application des enseignements du Saint Coran et de la religion islamique pure. C’est aussi un devoir patriotique pour chaque citoyen qui aime sa patrie et qui la défend intuitivement pour protéger sa famille et ses biens », explique un jeune combattant, connu pour Jawad, et père de deux enfants, au site de la chaine al-Manar.
Pour lui, faire partie de la résistance qui a réalisé les victoires successives et qui a concrétisé le rêve de toute une nation aspirant à la liberté est un honneur réservé à chaque combattant ayant participé à ces exploits.
Pour sa part, le ministre de l’Industrie au gouvernement libanais Hussein Hajj Hassan confie à notre site : « Toute nation aspirant à la gloire et à la dignité doit suivre la voie de la résistance, et c’est ce que l’ont fait les peuples libres à travers l’histoire. Le prix de la liberté et de la victoire est le martyre. Dans la religion islamique, les martyrs sont vivants auprès de Dieu. On va tous mourir, certains meurent pour des raisons banales mais les martyrs jouissent de la mort la plus honorable ».
Selon lui, les combattants concrétisent le mieux la culture de la vie : ils meurent pour permettre à leurs proches et à leurs concitoyens de jouir d’une vie meilleure.
« Alors que ceux qui nous accusent de promouvoir la culture de la mort, sont ceux qui acceptent l’humiliation et la vie sous la domination de l’ennemi », dit-il.
Des leaders particuliers
Interrogé sur les raisons pour lesquelles les hauts dirigeants du Hezbollah prennent part au jihad et tombent en martyre, alors que dans d’autres mouvements de résistance, on les voit rester à l’abri des combats sous prétexte qu’ils sont essentiels pour la poursuite de cette résistance, Hajj Hassan a répondu : « Il est vrai que le dirigeant d’un mouvement de résistance a un rôle primordial dans l’action de la résistance, mais ceci ne l’empêche pas d’accéder au rang des martyrs. Dans ce cas, ce dirigeant devient un partenaire de la victoire et du martyre, et un symbole à suivre pour tous les autres combattants ».
Partant de ce principe, l’un des premiers leaders de la résistance, Sayed Abbas Moussaoui, n’a pas accepté d’annuler sa visite prévue dans la Békaa de l’Ouest en 1992, malgré les menaces sécuritaires pesant sur lui. Il a préféré mourir en continuant jusqu’au dernier souffle à servir l’esprit et l’action de la résistance.
Pour sa part, cheikh Ragheb Harb a joué un rôle primordial dans la promotion de la culture de la résistance parmi les gens et a défié face à face les officiers israéliens, refusant de reconnaitre l’existence de cette entité usurpatrice occupante. Il a alors été assassiné la nuit par des agents du Mossad qui ont tout fait pour étouffer sa voie, qui avait une grande influence parmi la population.
Et la liste des leaders martyrs s’allonge avec le martyre du dirigeant sécuritaire du Hezbollah Imad Moughniyeh et récemment de son fils Jihad (dans l’offensive israélienne de Qouneitra), du martyre du fils du secrétaire général du Hezbollah Hadi Nasrallah en 1997 et de nombreux d’autres dirigeants pourchassés pendant de longues années par l’ennemi israélien dans le but d’affaiblir la résistance.
Cet ennemi semble oublier la fameuse devise de Sayed Abbas Moussaoui : « Tuez-nous, notre peuple deviendra de plus en plus conscient de l’importance de cette résistance ».
C'est la mort en martyre des leaders de la résistance islamique libanaise qui a insufflé donc la vie digne à tout un peuple, attaché plus que jamais à la voie du salut dans le monde ici-bas et dans l'au-delà.