L’Europe fonde de grands espoirs sur le dialogue entamé entre le Hezbollah et le courant du Futur
Hormis les Français, les Européens sont plus enclins à comprendre les raisons pour lesquelles le Hezbollah est intervenu dans la crise syrienne.
« La vision européenne n’a pas changé à l’encontre du Hezbollah. Son combat en Syrie menace d’exacerber la tension communautaire entre sunnites et chiites, mais on comprend mieux son intervention », a confié sous le couvert de l’anonymat un ambassadeur européen pour le journal libanais al-Akhbar.
« Notre avis était le Hezbollah met le Liban en danger en combattant en Syrie et en Irak. Mais dans la plupart des Etats de l’Union européenne, nous comprenons mieux les circonstances de cette intervention et ses causes, et ce depuis l’apparition de Daesh, sans que cela ne veuille dire que nous sommes devenus des alliés », précise-t-il.
Et d’indiquer que la plupart des représentants des Etats de l’UE au Liban dont la Grande Bretagne, sont en contacts sécuritaires et politiques permanents avec le Hezbollah.
Selon lui, l’Europe fonde de grands espoirs sur le dialogue entamé entre le Hezbollah et le courant du Futur, « malgré la minceur de ses résultats qui se sont bornés à éliminer des drapeaux et des pancartes », dans les quartiers mixtes de certaines villes libanaises. Le but de ce dialogue devrait d’après lui aboutir à empêcher une exacerbation des tensions internes.
Le diplomate rapporte que l’expansion de Daesh en Irak, en Syrie et en Libye surtout, le pays proche du vieux continent a mis l’Europe face-à-face avec ce danger. « Surtout que cette organisation dispose de prolongements dans d’autres pays avoisinants à l’instar de l’Égypte, du Tchad, du Niger, de l’Algérie et de la Tunisie ».
Il révèle aussi qu’en Europe, d’aucuns considèrent aujourd’hui que l’intervention occidentale pour renverser le président libyen Mouammar al-Kadhafi a été « une grosse erreur », ainsi que le soutien aux « Frères Musulmans » durant le « Printemps arabe ».
« Il semble que la non intervention en Syrie ait été une bonne chose. Regardez comment l’ingérence en Irak a germé une démocratie avec des normes occidentales et le résultat qui en découle n’en est autre que dix années de terrorisme », a-t-il raillé.
Il continue : « cette région ne disparaitra jamais. Elle revêt une grande importance pour nous, en raison de sa promiscuité géographique et culturelle de nous. Vous pouvez faire en sorte que les gens qui ont de l’argent immigrent aux Etats-Unis ou au Canada et laisser les habitants de cette région s’entretuer, mais ce n’est pas une solution ».
D’après lui, les évènements dans cette région sont liés les uns aux autres comme une chaine et le règlement est basé sur quatre aspects. «Premièrement, trouver une solution politique à la crise syrienne, car la solution politique ne fait qu’engendrer des difficultés et d’autres crises. Deuxièmement il faut éteindre l’étincelle de la confrontation entre sunnites et chiites. D’où l’importance du dialogue entre le Hezbollah et le Futur, parce que l’Europe a intérêt à ce que ce pays reste stable. Il est primordial en troisième position de parvenir à un accord avec l’Iran sur la question nucléaire. Et finalement, l’Iran doit jouer un rôle dans la région ».
Sur ce dernier aspect de la solution préconisée, le diplomate s’explique : « La politique n’est pas fondée sur des considérations morales; l’Iran est un pays qui a une histoire ancienne que l’on ne peut ignorer, sinon notre politique échouera ».
Même les français sont d’accord sur ce point, assure-t-il après avoir fait remarquer précédemment que la position de Paris s’est démarquée de celle des autres pays européens sur les autres questions, rapportant qu’elle est la seule qui n’entretient pas de relation permanente avec le Hezbollah et qui refuse de justifier ou de comprendre son intervention en Syrie. « L’avis de Paris est souvent différent de celui des autres », insiste-t-il. C’est elle aussi qui a le plus incité à adopter des mesures en Syrie en dehors des Nations Unies, « au prix de séquelles encourus sur les soldats onusiens, dont des français. De la pure folie », fait-il remarquer.
Quant aux Saoudiens, les grands amis de la France ces temps-ci, « ils s'inquiètent des menaces qui entourent le royaume. L’Arabie est faible en raison de ses problèmes au Bahreïn et au Yémen », conclut-il.