Moscou dénonce une "campagne antirusse bien orchestrée", et appelle à la création d’une agence de notation des pays des Brics.
La Bourse de Moscou et le rouble dégringolaient mardi, accusant le coup après la décision de l'agence Moody's de reléguer la dette de la Russie en catégorie "spéculative", dénoncée par Moscou comme entrant dans le cadre d'une "campagne antirusse".
Vers 09H00 GMT, l'indice RTS (libellé en dollars) chutait de 3,20% et l'indice Micex (en roubles) de 1,27%.
Alors qu'il était revenu la semaine dernière à ses plus hauts niveaux depuis le début de l'année, le rouble reculait sur le marché moscovite. L'euro bondissait à 71,57 roubles contre 70,51 roubles vendredi soir et le dollar à 63,27 roubles contre 62,05 roubles.
Les marchés russes étaient restés fermés lundi en raison d'un jour férié.
Après Standard & Poor's fin janvier, Moody's est devenue vendredi la deuxième grande agence de notation à rétrograder la dette souveraine russe comme un investissement "spéculatif" ou "pourri" avec une note à "Ba1".
Un tel abaissement exclut la dette russe de certains portefeuilles financiers et peut accélérer les fuites de capitaux massives que subit le pays.
Un classement aussi bas par deux agences de notation signifie que "même dans un scénario optimiste où les sanctions seraient levées et les prix du pétrole remonteraient, rétablir des entrées de capitaux en Russie va rester difficile à long terme", ont relevé les analystes de la banque russe Alfa.
Comme pour S&P, Moscou a vivement réagi. "Il est difficile d'expliquer cette décision par des arguments purement économiques", a indiqué à l'agence Interfax un haut diplomate russe, Evgueni Stanislassov.
"En revanche cette décision entre dans la logique d'une campagne antirusse bien orchestrée", a-t-il ajouté, appelant à la création d'une agence de notation des pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Pour sa part, le ministre des Finances Anton Silouanov a critiqué une décision "excessivement négative fondée sur des prévisions extrêmement pessimistes" et "des facteurs de caractère politique".
Selon lui, Moody's se base sur une chute de 8,5% du produit intérieur brut en 2015-2016 et des fuites de capitaux de 400 milliards de dollars, un scénario bien plus noir que celui de la plupart des prévisionnistes.
Avec AFP