"Désormais, il faut étendre la lutte contre le cancer des colonies qui se développe".
Des centaines de manifestants ont tenté vendredi, comme depuis dix ans exactement dans le village palestinien de Bilin, d'atteindre le mur de séparation également appelé le mur d’Apartheid érigé par les forces d’occupation israéliennes le long de la Cisjordanie occupée, et ont été repoussés par des tirs israéliens.
Sous une nuée de drapeaux palestiniens, au son des chants patriotiques diffusés par haut-parleurs, des militants palestiniens, israéliens et étrangers ont convergé vers le mur derrière lequel étaient postés des dizaines de soldats israéliens, casqués et armés.
Venus d'une colonie située juste derrière le mur, ces derniers ont chargé la foule.
Pendant une heure et demie environ, suivant un scénario éprouvé depuis dix ans, des jeunes armés de frondes sont descendus vers le mur pour lancer des pierres sur les soldats, qui ont répliqué avec des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc, sous le regard de militants brandissant leurs drapeaux au milieu d'un champ où se trouvaient encore des grenades tirées les vendredis précédents.
Plusieurs militants ont été interpellés alors que des personnes suffoquant et au moins une blessée à la tête ont été évacuées en ambulances, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Bilin s'est fait connaître à l'étranger par cette mobilisation hebdomadaire.
En avril 2009, Bassem Ibrahim Abu Rahmah, 30 ans, a été tué par l'armée d’occupation lors de la manifestation hebdomadaire contre le mur de Bilin, rapporte ISM. Abdullah Abu Rahmah, du comité local contre le mur et les colonies avait alors déclaré que les soldats avaient tiré sur Bassem un nouveau type de bombe de gaz lacrymogène alors qu’il implorait les soldats d’arrêter car la manifestation était pacifique et qu’il y avait beaucoup d’enfants présents.
En 2011, « Israël » a été forcé de déplacer le mur de trois kilomètres afin de restituer aux villageois leurs terres agricoles, situées du côté palestinien de la ligne de démarcation (Ligne verte).
Dix ans après, Adib Abou Rahma, leader de la mobilisation pacifique à Bilin, a dit qu'il comptait étendre ce mouvement.
"Ici, on a prouvé que, quand on est unis, on peut gagner. Désormais, il faut étendre la lutte contre le cancer des colonies qui se développe", a-t-il dit.
Le dirigeant palestinien Mustapha Barghouthi, de toutes les manifestations, a salué Bilin comme "un exemple de résilience et de réussite car, ici, nous avons forcé Israël à reculer son mur".