56 sénateurs démocrates américains ont boycotté le discours. Et la rue israélienne est divisée.
L'Iran a accusé mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'avoir recours à des "mensonges continus" après son discours devant le Congrès américain affirmant qu'un accord sur le nucléaire iranien serait une menace pour Israël, pour la région et pour le monde entier".
Alors que le président américain Barak Obama a affirmé qu’il n’y a rien de nouveau dans le propos de Netanyahou, assurant qu’il n’a pas non plus présente d’alternative qui puisse être mise en œuvre.
« Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord, mais si nous réussissons ce sera le meilleur accord possible avec l’Iran pour l’empêcher de s’acquérir la bombe atomique », a-t-il dit.
56 sénateurs démocrates américains ont boycotté le discours du Premier ministre israélien, et ce malgré la campagne de menaces et d’avertissements exercés contre ces élus par le lobby pro israélien aux Etats-Unis.
Dans un sondage, 48% des Américains ont exprimé leur refus pour la façon dont le dirigeant israélien a été invité au Congrès, à l'insu du président américain et sans coordination avec la Maison Blanche.
Le porte-parole de la Maison Blanche Josh Ernest a quant à lui signalé que le président américain et son vice-président Jo Biden n’ont pas suivi le discours de Netanyahou parce qu’ils avaient des choses plus importantes à faire.
Des mensonges ennuyeux
Côté iranien, et dans un communiqué publié par l'agence officielle Irna, la porte-parole de la diplomatie Marzieh Afkham a dénoncé "les mensonges continus de Netanyahu, devenus répétitifs et ennuyeux, sur les objectifs et les intentions du programme nucléaire pacifique de l'Iran".
Le discours de M. Netanyahu "est un signe de faiblesse et de l'isolement extrême des radicaux, même au sein de ceux qui soutiennent" Israël, a-t-elle estimé.
Elle a affirmé que les adversaires de Téhéran "sont confrontés à de sérieux problèmes avec la poursuite des négociations et la détermination de l'Iran à surmonter la crise".
Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et le secrétaire d'état américain John Kerry ont repris mardi matin à Montreux leurs négociations pour un règlement définitif censé encadrer le programme nucléaire de la République islamique.
Ne parle pas en notre nom
Devant le bâtiment du Capitole à Wshington, siège du Congrès, des dizaines de manifestants ont protesté contre la présence du Premier ministre israélien. Parmi eux se trouvaient surtout des religieux juifs orthodoxes qui portaient une pancarte sur laquelle était inscrit : « Netanyahou, tu ne présentes ni les juifs ni le judaïsme et Israël n’est pas un Etat juif ».
Ou encore : « Netanyahou, ne parle en notre nom ! », selon le site de la television iranienne arabophone al-Alam.
Attitude arrogante
En Israël, le discours du Premier ministre a divisé les Israéliens, deux semaines avant les élections générales. Certains Israéliens interrogés par l'AFP ont apporté leur soutien à ce discours controversé et très attendu, mais d'autres l'ont critiqué en se disant hostiles à une telle interférence dans les affaires américaines.
L'une des principales critiques contre le Premier ministre israélien est celle d'avoir mis à mal la relation privilégiée avec les Etats-Unis.
Dans un clip électoral, le parti Union sioniste présente ce discours comme marquant le début de la fin de l'amitié israélo-américaine.
"Son attitude est arrogante envers les Américains et nous en paierons le prix", jugeait un autre habitant de Jérusalem, Avi Marziano, devant son écran.
Si le parti de centre-gauche Union sioniste, principal adversaire de M. Netanyahu, a dénoncé son discours qui "met à mal les relations entre Israël et les Etats-Unis", la vox populi dans les cafés de Jérusalem était, elle assez enthousiaste.
Ils le respectent!
Certains Israéliens ont plutôt des avis positifs
"C'est important qu'il fasse comprendre au monde la situation et ce que l'Iran pense vraiment des Etats-Unis", affirmait Shoa Horowitz, un vendeur de fromages, qui juge "faussées" les négociations américano-iraniennes.
Pour David Elmaliakh, la cinquantaine, "Netanyahu a eu raison de ne pas céder aux pressions et de maintenir son discours", qui a été retransmis en direct sur toutes les chaînes de télévision israéliennes.
"C'est l'endroit où le monde entier peut entendre notre position", ajoutait-il attablé à un restaurant du centre-ville de Jérusalem. "C'est un fait, regardez comment ils le respectent", affirmait-il, en désignant les membres du Congrès applaudissant debout les paroles de M. Netanyahu.
Manoeuvre électorale
D'autres y voient toutefois une manoeuvre électorale.
Selon l'AFP, Boris Dolin, un jeune homme attablé dans un café, jugeait que "si Netanyahu a raison de tenir un tel discours, le fait de le prononcer avant les élections est controversé".
"C'est un mauvais timing pour ce discours", soulignait-il. Les élections anticipées sont prévues le 17 mars.
Les derniers sondages publiés avant le discours au Congrès donnaient entre 2 et 3 sièges d'avance au parti Union sioniste sur le Likoud (droite) de M. Netanyahu. Néanmoins, les chances de l'actuel Premier ministre de former une nouvelle coalition après les élections restent élevées, le nombre de sièges pour les partis de droite et partis religieux restant élevé.